Agression sexuelle : quand Cauet reproche à Cécile de Ménibus d’avoir “un peu chauffé” Rocco Siffredi

Agression sexuelle : quand Cauet reproche à Cécile de Ménibus d’avoir “un peu chauffé” Rocco Siffredi

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Par Mélissa Perraudeau

Publié le

Revenant sur l’agression sexuelle dont la chroniqueuse avait été victime sur son plateau en 2006, Cauet a nié la gravité des faits avec une bonne dose de “victim-blaming”.

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Depuis l’affaire Weinstein, le sujet des violences sexistes et sexuelles faites aux femmes est au cœur des médias, et l’animatrice Cécile de Ménibus est notamment revenue à plusieurs reprises sur l’agression sexuelle dont elle avait été victime en 2006.

C’était sur le plateau de CaueTivi, en direct, alors que l’acteur et réalisateur de films pornographiques Rocco Siffredi était l’invité. Celui-ci avait mimé un acte sexuel sur Cécile de Ménibus, alors chroniqueuse, qui avait clairement manifesté son non-consentement. Les autres personnes présentes sur le plateau, en particulier les hommes, étaient clairement hilares.

“Un goujat qui se croit tout permis parce qu’il a un nom”

En mai dernier, l’animatrice décrivait à Télé Loisirs le comportement criminel de Rocco Siffredi, comme L’Express le rapporte :

“Quand [Rocco Siffredi] te dit bonjour, il a une érection, il faut le savoir, ce qui est déjà super désagréable. Il dit traiter les femmes correctement, ce qui est absolument faux, il a fait un truc horrible à Florence Foresti pendant la même émission [il lui aurait mis un doigt dans la culotte].

Surtout, ce qu’il a fait après, c’est que quand on était en coulisses, il fait 1 mètre 90 et il m’a attrapée au cou et il m’a fourré sa langue dans la bouche. Il a fallu que j’appelle la sécurité. C’est tout ce que je déteste. C’est du viol, en fait. Ni plus ni moins du viol. […] C’est un goujat qui se croit tout permis parce qu’il a un nom.”

En effet, le viol, un crime puni de quinze ans de réclusion criminelle, se définit comme “tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise”.

Ce mardi 21 novembre, l’animatrice était invitée sur les “Grandes gueules” sur RMC, et elle a à nouveau été interrogée sur cette terrible rencontre de 2006. “Quand on a dix ans de recul, l’évolution des mentalités fait qu’effectivement, c’est une agression sexuelle, mais pas pire que celle qu’il a faite en coulisses, de me soulever et de me fourrer sa langue dans la bouche. Là, j’ai appelé la sécurité”, a-t-elle souligné. Elle a également expliqué que Sébastien Cauet reconnaissait désormais ne pas s’être rendu compte de ce qu’il s’était passé sur le coup.

L’animateur a toutefois exprimé un autre point de vue sur les faits ce mercredi 22 novembre pour Pure Médias.

“J’ai appelé Cécile et je lui ai dit d’arrêter son cirque”

Sébastien Cauet a raconté avoir appelé l’animatrice pour lui demander d’arrêter de parler de l’agression dont elle avait été victime parce que ça lui retombait dessus, impliquant que lui en avait marre qu’on lui en parle et rejetait toute responsabilité. “J’ai appelé Cécile et je lui ai dit d’arrêter son cirque. Pardon, mais… Je lui ai dit d’arrêter de ressortir ce truc à chaque fois. […] Parce qu’à chaque fois c’est moi qui prends derrière” a-t-il déclaré, agacé.

L’animateur a évoqué l’agression sexuelle commise en direct comme si c’était lui la victime, elle la coupable, et que Rocco Siffredi avait été entraîné dans le mouvement. Il lui a juste reconnu un manque d’élégance, concédant tout au plus que l’agression était quelque chose d’“un peu déplacé”, “pas galant”, “sous le signe de la blague”.

Ôtant toute responsabilité de ses actes à l’agresseur, il a certifié que Rocco Siffredi “ne pensait pas mal faire” et ne se rendait “pas bien compte” de ce qu’il faisait, que les autres personnes sur le plateau n’avaient pas été choquées et qu’autrement, Rocco Siffredi s’était bien comporté.

11 ans plus tard, la culture du viol semble encore prévaloir

Sébastien Cauet a également attribué à Cécile de Ménibus une responsabilité pour l’agression qu’elle avait subie, déclarant : “Cécile le bouscule un peu, le chauffe un peu en disant ‘j’ai rien senti’, le type est une espèce d’animal, pour lui ça reste une blague…” Il a décrédibilisé sa parole, qualifiant de “cirque” ses interventions sur le sujet dans les médias, considérant qu’elle n’avait pas été agressée, contrairement à d’autres femmes “véritablement maltraitées” :

“Je pense que beaucoup de femmes dans la vie de tous les jours sont véritablement maltraitées et qu’elles ne peuvent pas se plaindre. Il ne faut pas confondre ça avec un Rocco Siffredi qui n’est pas galant et qui ne se rend pas bien compte de ce qu’il fait.”

Déresponsabiliser ainsi un agresseur sexuel et faire porter la faute sur la victime en manifestant une volonté de taire/invisibiliser l’agression est représentatif de la culture du viol, définie par Libération comme “un environnement qui tend à banaliser, excuser, minimiser le viol et les violences sexuelles par des mots ou des sous-entendus, dans la vie de tous les jours, les médias, la culture, voire la politique”.

Une étude sur le viol et la façon dont il est perçu par la population, réalisée en 2015 et publiée par Ipsos, montrait précisément que cette culture était très intégrée en France : 40 % de la population considérait par exemple qu’une attitude provocante en public atténuait le viol ou responsabilisait en partie la victime. Et 27 % des interrogés affirmaient qu’une tenue sexy dans la rue (une jupe ou un décolleté) pouvait justifier le crime.