Affaire Fillon : un journaliste du Canard enchaîné se confie à un journal local

Affaire Fillon : un journaliste du Canard enchaîné se confie à un journal local

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Par Théo Mercadier

Publié le

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La petite équipe du Canard commence donc son enquête en épluchant les déclarations de patrimoine de l’ancien Premier ministre, comme pour tous les autres candidats. Sauf que chez Fillon, c’est une mine d’or :

“C’est avec François Fillon que la pêche a été bonne. C’était vraiment un calendrier de l’avent. Chaque jour, on soulevait le petit carré de papier… et on trouvait !”

Exit donc les fantasmes sur un prétendu “cabinet noir” présidentiel qui aurait cherché à torpiller la campagne du concurrent en envoyant de gros dossiers à la presse : “Les balances qui fournissent des dossiers clé en main au Canard, c’est finalement peu fréquent… et ça n’empêche pas de vérifier.” Bref, l’affaire est venue de journalistes qui ont fait leur boulot, “plus collégialement que d’habitude”.
Il révèle aussi que c’est un coup de fil à l’ancienne attachée parlementaire qui a contribué à enfoncer le clou, confirmant la plupart des soupçons d’emplois fictifs. “Elle nous a répondu en toute bonne foi”, alors que les autres personnes contactées acquiesçaient “mais en off”. Alain Guédé en profite au passage pour se gausser de l’attitude du candidat de la droite, peu réactif devant l’enquête en cours :

“François Fillon savait qu’il avait tout ça… A priori, il n’écoutait pas beaucoup ses conseillers. C’est totalement incroyable ! Il déclare que sa femme travaille. Dans ce cas-là, il aurait pu lui reconstituer un semblant de carrière… Nous, on s’est juste fait confirmer des choses…”

“On en a encore sous le pied”

Le reste de l’histoire est connu : François Fillon se grille tout seul sur le plateau du journal de TF1 en dévoilant l’emploi de ses propres enfants au Sénat, la presse se déchaîne, Le Canard enchaîné reçoit des menaces de mort. Si celle accompagnée d’une “balle 22 long rifle” reste la plus inquiétante, Alain Guédé révèle qu’une pluie de réactions agressives s’est déversée sur la rédaction. Sur les 5 000 courriers reçus pendant l’affaire, “deux tiers d’encouragements… et un tiers d’insultes graves, dont ces menaces pas toujours voilées”. Pas de quoi décourager les journalistes, même si “depuis Charlie, [ils font] quand même gaffe”.
Et maintenant ? Le journaliste dit encore disposer d’infos croustillantes sur l’ancien Premier ministre. Par exemple, qu’en est-il de sa voiture pour la course du Mans Classic, laquelle porte “le badge d’un sponsor qui est aussi le gars qui a ouvert le compte de Platini au Panama” ? Ce sera pour plus tard, car pour l’instant, plus question de continuer à taper sur le perdant. Question de principes :

“Sur François Fillon, on en a encore sous le pied. Mais au Canard, on ne piétine pas un homme à terre. C’est mieux comme ça car il y avait une vraie souffrance chez lui.”