Avec leurs inventions, ces ados vont peut-être changer le monde

Avec leurs inventions, ces ados vont peut-être changer le monde

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Par Arnaud Pagès

Publié le

Ils sont jeunes, talentueux et vont (peut-être) sauver le monde lorsqu’ils seront adultes.

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Si la valeur n’attend pas le nombre des années, ce que l’on sait depuis longtemps, certains adolescents se distinguent par des actes réellement hors du commun. Qu’ils soient inventeur, scientifique ou activiste, ils sont capables de faire des choses qui vont révolutionner notre quotidien.

D’après une étude parue en 2014, 7 adolescents sur 10 rêvent de changer le monde. Alors qu’ils sont en train de devenir des adultes dans une époque ou l’avenir est lourd de menaces, c’est bien à eux que les clés de la maison Monde seront confiées dans quelques années. Ils sont les décideurs de demain et les adultes leur laissent une montagne de problèmes à résoudre.

Nous sommes partis à la rencontre de quatre adolescents afin d’en savoir plus sur eux, sur le projet ou l’invention qui les distingue des autres et sur la façon dont ils envisagent l’avenir. Très conscients des problèmes de notre monde, ils sont impliqués chacun à leur niveau dans la construction d’un futur plus radieux. Et si l’avenir du monde était entre les mains d’un petit groupe d’adolescents hyper-talentueux ?

Olivia Hallisey, 17 ans, lycéenne américaine, a remporté le Grand Prix de la Google Science Fair pour avoir inventé un test de dépistage du virus Ebola, plus simple et plus rapide à utiliser. Une découverte qui pourrait sauver de nombreuses vies.

Comment fonctionne ta découverte ?

Aujourd’hui, les tests de détection du virus Ebola nécessitent une réfrigération constante. Ce qui est très compliqué dans des zones où les infrastructures ne le permettent pas. De la taille d’une carte de crédit, l’Ebola Assay Card n’a pas besoin d’être réfrigérée, et elle est très bon marché et très rapide : le résultat arrive en moins de 30 minutes. Elle est aussi simple à utiliser qu’un test de grossesse : si la couleur change, vous êtes infecté. Ce qui fait que la barrière de la langue n’est plus un problème. Tout le monde peut s’en servir et comprendre le résultat.

Comment as-tu fait pour découvrir cette méthode de dépistage ?

J’ai eu connaissance d’Ebola en 2014 lors d’une épidémie particulièrement sévère qui a tué 11 000 personnes. Avec 28 000 autres personnes contaminées au Liberia, en Guinée et en Sierra Leone. Comme 90 % des personnes infectées peuvent en mourir, j’ai très vite compris qu’une détection rapide et précoce pourrait en sauver beaucoup. Si le virus est traité rapidement, nous pouvons mieux le combattre. J’ai donc travaillé dans ce sens pour mettre au point mon test.

Tu as gagné le Google Science Fair… Est-ce que tu souhaites devenir scientifique plus tard ?

J’espère devenir docteure et chercheuse, comme mon grand-père, et travailler pour une organisation médicale internationale comme Médecins sans frontières. J’ai vu à quel point cela faisait sens d’avoir une carrière qui puisse permettre de changer des vies et de donner de l’espoir aux patients.

Qu’est-ce que ce prix a changé pour toi ?

J’ai réalisé à quel point la science est une puissante force d’innovation et d’espoir. C’est quelque chose de très stimulant pour des ados de se rendre compte que partout dans le monde tellement de gens travaillent à améliorer les choses, et l’âge n’est pas une barrière pour apporter sa participation à ces changements.

Est-ce que les ados devraient s’investir davantage pour améliorer notre monde ?

L’avenir est notre responsabilité commune. Ma propre expérience m’a appris à penser globalement et à me dire que tout est toujours possible. Il est très important que nous puissions travailler tous ensemble, en tant que communauté globale, pour trouver des solutions aux problèmes de notre monde. Et ce n’est pas une question d’âge.

Eliott Sarrey, 15 ans, est l’inventeur d’un robot jardinier. Également lauréat du prix Google Science Fair, il est le plus jeune candidat et le seul Français à avoir été récompensé.

Comment en es-tu venu à créer ce robot ?

J’ai créé mon robot l’année dernière, j’avais 14 ans. J’ai fabriqué un robot jardinier qui sait biner, arroser, repiquer les plantes. Je l’ai réalisé dans le cadre du Google Science Fair. J’avais trois mois pour mener à bien ce projet. J’ai pour habitude de ne jamais vraiment terminer ce que je commence. Là, ça m’a permis de me fixer un objectif et de m’y tenir. J’ai ensuite envoyé mon dossier par Internet avec une vidéo explicative. Je suis ensuite parti aux États-Unis en septembre avec mon prototype, qui a été présenté au jury. J’ai finalement remporté le prix “incubateur”, ouvert aux 13 -15 ans.

Tu voulais juste participer au concours ?

J’ai eu l’idée de créer un robot qui jardine un an avant de participer au concours. Je me suis inscrit dans l’esprit d’avoir une date butoir pour réaliser quelque chose. Je ne pensais pas du tout gagner !

Comment est-ce que tu te projettes dans l’avenir ?

Il y a une deuxième version du robot qui vient de sortir. Je suis déjà allé voir des entreprises pour savoir s’il y avait moyen d’aller plus loin avec un robot comme ça. Maintenant, je bosse sur une version qui sera presque commercialisable ; il faudrait notamment que le robot soit étanche. Je travaille aussi à améliorer sa fiabilité.

La mise au point de ce robot a-t-elle éveillé en toi une vocation d’inventeur ?

Absolument. Des idées comme ça, j’en ai quelques-unes. C’est un peu mon état d’esprit d’être curieux. Quand j’ai conçu ce robot, j’ai découvert plein de métiers qui me plaisaient. J’aime le design et la conception robotique, la modélisation 3D ou encore la conception mécanique. Ça me rend un peu confus sur ce que je voudrais faire plus tard. Pour l’instant, je ne me suis pas encore déterminé sur le choix que je ferai.

Abraham Keita, 17 ans, habite au Liberia. Il a décidé de lutter contre l’injustice et les mauvais traitements que subissent de nombreux enfants dans son pays et à travers le monde. Son action a été récompensée par l’International Children’s Peace Prize.

Comment en es-tu venu à prendre fait et cause pour les enfants ?

Je suis né et j’ai grandi au Liberia, un pays très dur, où les conditions de vie sont très difficiles. J’ai été très tôt confronté au sort injuste réservé à beaucoup d’enfants qui subissent quotidiennement des violences et souffrent de la faim. Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose contre l’injustice.

Comment cette révolte a-t-elle pris forme ?

J’ai commencé à participer à la contestation. Je me suis impliqué et je me suis fait entendre. Je ne voulais pas rester sans voix, donc j’ai commencé à me révolter ainsi. Puis, petit à petit, ma voix s’est fait entendre. Et mon message s’est diffusé.

Tu viens de recevoir un prix important. Qu’est-ce que ça change pour toi ?

J’espère que cela permettra de médiatiser mon action, mais surtout de pointer les projecteurs sur la situation des enfants dans mon pays et, globalement, sur tous les enfants qui subissent des violences à travers le monde. C’est très important pour que les gens prennent conscience du problème, ainsi que les politiciens, bien sûr.

Maya Penn, 16 ans, est lycéenne aux États-Unis. Elle est à la fois entrepreneure, artiste, écrivaine, activiste environnementale et a créé sa propre entreprise. Maya’s ideas fabrique et commercialise les créations de Maya. Une partie des bénéfices réalisés est reversée à des associations.

Comment en es-tu venue à créer Maya’s ideas ? 

J’ai toujours adoré l’art et le design, y compris la partie plus “mode” de ces disciplines. Quand j’avais 8 ans, je suis allée voir une fabrique de vêtements à côté de chez moi avec des tonnes d’idées pour concevoir des foulards, des chapeaux et toutes sortes de choses. J’ai commencé à fabriquer des chapeaux pour moi-même en me servant de tout le matériel que je pouvais trouver autour de moi, y compris mes vieux vêtements.

J’ai remarqué que quand je portais mes créations, les gens m’arrêtaient dans la rue pour me féliciter. C’est là où j’ai eu l’idée de créer ma propre entreprise. Je me suis toujours passionnée pour l’environnement et je me suis rendu compte que les textiles chimiques pouvaient être dangereux pour la planète. À partir de là, j’ai immédiatement décidé que mes produits devaient être ecofriendly. C’est comme cela que l’entreprise Maya’s Ideas est née.

Quel était ton but au départ, et quels sont les résultats ? 

Mon but n’était pas seulement de partager mon amour pour l’art et le design, mais également d’avoir un impact positif sur le monde. Tous mes produits sont fabriqués à partir de matériaux non dangereux pour l’environnement.  Et environ 20 % de mes profits vont à des associations caritatives et environnementales.

Depuis que j’ai commencé Maya’s Ideas en 2008, mon entreprise a eu plus de succès que je ne l’avais espéré dans mes rêves les plus fous. J’ai même donné des conférences aux TED Talks. Je viens de publier un livre qui s’appelle You got this! Unleash Your Awesomeness, Find Your Path, And Change Your World (Vous l’avez ! Libérez votre formidable potentiel, trouvez votre voie et changez votre monde). Mon but ultime est d’encourager les autres à poursuivre leurs passions.

Tu penses que les ados devraient s’impliquer davantage pour trouver des solutions aux problèmes de notre monde ?

C’est extrêmement important que les ados s’impliquent. Les plus petites actions amènent les plus grands changements.

Quel serait ton message aux leaders politiques du monde  ?

Tout d’abord, nous vivons dans un monde très varié et très beau, et notre travail en tant qu’être humain est d’en prendre soin et de respecter la planète et chaque personne qui y vit. Ensuite,  les idées des ados sont puissantes : il est très important qu’ils puissent réaliser leurs rêves et avoir un impact, car ils sont les leaders de demain.