Non, être accro au boulot n’est pas forcément une bonne chose

Non, être accro au boulot n’est pas forcément une bonne chose

photo de profil

Par Thibault Prévost

Publié le

Une étude d’ampleur révèle que l’addiction au travail, loin d’être synonyme de sérieux et d’abnégation, est un trouble mental comme les autres.

À voir aussi sur Konbini

Non, l’addiction au travail – les Anglo-Saxons et leur passion pour la contraction l’appellent workaholism – n’est pas (uniquement) une vertu, et le salarié qui enchaîne les heures nocturnes (probablement non payées) au bureau n’est pas un modèle de dévouement à la cause de l’entreprise mais plus probablement un patient atteint d’un trouble du comportement.

Dans une étude d’ampleur parue mi-mai dans le journal Plos, un équipe de chercheurs norvégiens expose les résultats de l’analyse de 16 426 salariés en fonction de leurs “scores” d’addiction au travail, en relation avec leur propension à développer d’autres troubles psychologiques. Conclusion : un bourreau de travail est plus exposé au troubles de l’attention, aux troubles obsessionnels compulsifs (TOC), à l’anxiété et à la dépression que ses homologues.

Plus précisément, près d’un tiers des individus labellisés “boulomanes” possédaient les critères des troubles de l’attention et de l’anxiété, contre 12 % de leurs collègues. Un sur quatre était potentiellement sujet aux TOC, contre une moyenne de 9 % chez le reste de la population. Enfin, la dépression concernait 9 % d’entre eux contre à peine 3 % de leurs collègues.

À chacun son trouble

Pour les chercheurs, chaque corrélation trouve son explication : les sujets au déficit d’attention doivent travailler plus longtemps pour compenser ; ceux qui vivent avec des TOC pourraient développer un rapport compulsif à l’activité professionnelle ; enfin, les personnes sujettes à l’anxiété et la dépression pourraient trouver une solution dans le zèle au travail, “un comportement salué et honoré dans la société moderne”, expliquent les auteurs.

Malgré les preuves de l’existence de la corrélation entre ces différents troubles et l’addiction au travail, la question la plus importante reste : qui est la cause, quelle est la conséquence ? L’étude n’éclaircira pas cet aspect. En France, les données récoltées sur le phénomène sont encore maigres, bien que le premier congrès consacré à la question se soit tenu en 2014.

En février dernier, 80 parlementaires de la gauche de la majorité, menés par le député des Yvelines Benoît Hamon, ont déposé un projet de loi visant à reconnaître le burn-out comme maladie professionnelle. Pour l’instant, cette loi n’a pas été placée à l’ordre du jour des débats parlementaires.