À son tour, Poutine vire climatosceptique

À son tour, Poutine vire climatosceptique

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Par Jeanne Pouget

Publié le

Parce que Trump ne suffisait pas, il fallait que Poutine lui emboîte le pas. 

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“Le réchauffement [climatique] a commencé dans les années 1930, à l’époque, il n’y avait pas encore de tels facteurs comme les émissions [de gaz à effet de serre] a déclaré Vladimir Poutine le 30 mars lors du Forum sur l’Arctique à Arkhangelsk, dans le Grand Nord russe. Il a estimé “impossible” d’enrayer le phénomène, balayant notamment la responsabilité de l’homme : “la question est de s’y adapter”, a-t-il tout simplement tranché.

Après les positions ouvertement climatosceptiques de Donald Trump, il semblerait que la théorie complotiste sur le réchauffement planétaire trouve un bel écho aussi à l’Est. En sachant que la Russie est le plus grand pays du monde et couvre un cinquième du globe, ce genre de posture à rebours des conclusions scientifiques n’a absolument rien de réjouissant.

Plus qu’une véritable conviction, cette déclaration de Vladimir Poutine paraît opportuniste, le but étant de servir ses intérêts stratégiques en Arctique. En effet, la zone non protégée par un moratoire (contrairement à l’Antarctique) abriterait 13 % des ressources mondiales non découvertes de pétrole (90 milliards de barils, soit trois ans de consommation mondiale) et 30 % de celles de gaz naturel (47 000 milliards de mètres cubes, soit six ans de consommation), essentiellement en Russie et en Alaska, selon une étude de l’Institut de géophysique américain (USGS) de 2008 et rapportée par Le Monde.

Aussi, les grandes compagnies pétrolières lorgnent sur “la région qui valait des milliards”. Et Poutine se frotte les mains à l’idée d’obtenir de juteux contrats d’exploitation. Ironiquement, la fonte des glaces causée par le réchauffement climatique permet aujourd’hui d’accéder en été à certaines zones auparavant difficiles d’accès. Un “énorme potentiel” aux yeux du Kremlin, qui souhaite aussi y développer le trafic maritime afin d’y installer un droit de passage sur la future grand route entre l’Asie et l’Europe.

Bref, comme le disait Dimitri Rogozine, son vice-Premier ministre : “L’Arctique, c’est notre territoire, nous en assurerons la sécurité. Et nous y ferons aussi de l’argent.”

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