En 2018, la Nasa va envoyer une sonde dans l’atmosphère du Soleil

En 2018, la Nasa va envoyer une sonde dans l’atmosphère du Soleil

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Par Thibault Prévost

Publié le

Le vaisseau, construit pour étudier les terribles tempêtes solaires, s’approchera plus près de notre étoile qu’aucun autre objet construit par l’homme.

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Quelque part dans un futur plus ou moins lointain, une catastrophe planétaire aura lieu. Sur la surface du Soleil, un énorme furoncle éclatera, libérant une extraordinaire vague de plasma ionisé, d’un volume potentiellement supérieur à celui de l’étoile elle-même. Cette masse gigantesque de matière traversera l’Univers à une vitesse supersonique, ouvrira le champ magnétique terrestre comme un bélier et foutra en l’air nos satellites orbitaux, nos systèmes énergétiques et nos réseaux de télécommunications. Pour le moment, ces éjections de masse coronale, ou CME, sont uniquement responsables des aurores boréales et, parfois, comme en 1859, font disjoncter tout le réseau électrique du Québec. En 2012, une éruption solaire de niveau “extrême”, capable de provoquer un black-out planétaire, manquait la Terre pour neuf petits jours.

En l’état actuel de nos connaissances, le Soleil ne nous laisserait que douze heures pour nous préparer à sa fureur, et les chercheurs de la Nasa trouvent – à juste titre – que c’est bien trop peu. Pour étudier de plus près le fonctionnement et les dynamiques de ces monstruosités électromagnétiques, l’agence spatiale américaine s’apprête donc à envoyer, en 2018, un vaisseau spatial plus proche du Soleil qu’aucun autre avant lui, le Solar Probe Plus, ou SPP, rapporte Futurism.

Développé conjointement par l’université Johns Hopkins, le Smithsonian Astrophysical Observatory et le Charles Stark Draper Laboratory, le vaisseau sera équipé de senseurs qui l’aideront dans ses trois missions principales : pister les flux d’énergie qui réchauffent l’atmosphère supérieure du Soleil – la “couronne” – et les vents qui la parcourent, étudier les dynamiques du plasma et des champs magnétiques à l’origine des vents solaires et, pour finir, comprendre comment le Soleil déplace et accélère de telles masses de particules – électrons, protons, et ions d’hélium.

L’objet le plus rapide jamais construit

Une fois arrivé, donc, le SPP sait déjà ce qu’il aura à faire. Voilà pour la partie la plus simple, car on ne se lance pas dans un voyage Terre-Soleil comme on part joyeusement en 4L sur l’autoroute du Midi. Pour rejoindre le centre du système solaire et aller flirter avec la couronne du roi Hélios, il faudra au vaisseau sept ans de voyage et sept survols de Vénus. Au total, la sonde survolera le Soleil pas moins de 24 fois, à “seulement” 6,4 millions de kilomètres de sa surface, et en profitera pour battre le record de vitesse dans l’espace pour un objet construit par l’homme, avec une vitesse de pointe de 200 kilomètres par seconde. Ensuite, il s’agira du survivre à l’enfer que lui promet l’atmosphère solaire.

Car l’autre record que risque bien de battre la sonde, c’est celui des conditions les plus extrêmes jamais rencontrées par un appareil de mesure : même à 6 millions de kilomètres de la surface solaire, le SPP sera exposé à des niveaux de chaleur et de radiations qu’aucun autre vaisseau n’a jamais eu à endurer, dont une température de 1371 degrés Celsius et plus. Sans compter les interférences électromagnétiques, qui menacent de rendre HS les senseurs à tout moment. Pour résister aux attaques, le vaisseau pourra néanmoins compter sur un bouclier de carbone de 11 centimètres d’épaisseur, en espérant que cela suffise.

Si un échec serait évidemment une immense déception pour les chercheurs (surtout après un voyage de sept ans), l’enjeu dépasse de loin la simple curiosité scientifique : connaître les tempêtes solaires, c’est savoir les anticiper, et potentiellement sauver notre Terre d’une catastrophe sans précédent qui pourrait nous priver d’électricité. Voire carrément griller notre atmosphère, si elle venait à être 10 000 fois supérieur à la normale. Vous riez ? Le risque est “très modéré”, selon l’astrophysicien français Francis Rocard… mais pas nul.