Kepler, le télescope chasseur d’exoplanètes, tire sa révérence

Kepler, le télescope chasseur d’exoplanètes, tire sa révérence

Image :

Crédit: Nasa

photo de profil

Par Thibault Prévost

Publié le

Après neuf ans de mission et la découverte de plus de 2 600 exoplanètes, la Nasa a décidé de cesser d’utiliser le télescope spatial Kepler, à court de carburant.

À voir aussi sur Konbini

Le plus grand chasseur d’exoplanètes de l’histoire humaine va cesser de nous faire rêver. Le 30 octobre, le Jet Propulsion Laboratory de la Nasa a annoncé dans un communiqué que le télescope spatial Kepler est “à court de carburant et ne peut plus mener de futures missions”. L’agence a donc décidé de le laisser là où il est, dans “une orbite sûre, loin de la Terre”, où il reposera désormais en paix.

Le télescope spatial avait été lancé en 2009 par l’agence américaine avec un objectif alors inédit : étudier près de 150 000 étoiles de la constellation du Cygne, avec l’ambition d’y découvrir des exoplanètes en orbite autour d’elles. Une mission à 600 millions de dollars qui va non seulement s’avérer fructueuse mais aussi dépasser toutes les espérances de la communauté scientifique.

Lorsque le télescope est lancé, seule une grosse centaine d’exoplanètes avait été découverte. À l’époque, Kepler embarque l’une des caméras les plus sensibles jamais conçues pour mesurer les minuscules changements dans la luminosité des étoiles lorsque des planètes passent entre elles et le télescope. Immédiatement ou presque, la mission est un succès, et Kepler devient le premier outil capable de recenser des exoplanètes dans notre voisinage galactique – y compris celles situées dans la sacro-sainte “zone habitable”, dans laquelle les conditions de température permettent l’hypothétique développement de la vie.

En 2013, alors que les premiers objectifs sont d’ores et déjà remplis, Kepler connaît ses premières défaillances mécaniques, suffisantes pour mettre la mission d’observation en pause. Quelques réparations à distance plus tard, le télescope, désormais capable d’observer une zone différente de l’espace tous les trois mois, embarque pour une nouvelle mission, appelée K2.

Elle durera quatre ans et portera à 500 000 le nombre d’étoiles étudiées par le télescope. Si les responsables du programme estimaient que K2 pouvait englober environ 10 campagnes d’observation en fonction du carburant restant, les estimations seront comme souvent dépassées et, en octobre 2018, Kepler menait sa 19e campagne. Il se préparait même à la vingtième quand son passage en veille sans raison apparente, le 19 octobre dernier, a scellé son destin.

De quoi bouleverser notre conception de l’Univers

À l’heure de rédiger son panégyrique, Kepler nous laisse énormément de matière : en neuf ans, le télescope a régulièrement découvert des exoplanètes par paquets de cent, deux cents, et même 1 300, qu’il soit opérationnel ou non. Grâce à Kepler, nous pouvons désormais ajouter 2 681 exoplanètes à notre grand album Panini spatial, dont 361 situées dans la zone habitable de leur étoile, détaille Sciences et avenir. De quoi bouleverser totalement notre conception de l’Univers et de la diversité des corps célestes qui le peuplent.

Les analyses les plus récentes des découvertes de Kepler concluent, explique la Nasa dans son communiqué, que “20 à 50 % des étoiles visibles dans le ciel nocturne sont susceptibles de posséder des petites planètes, possiblement rocheuses et similaires en taille à la Terre, situées dans la zone habitable de leur étoile”. De fait, depuis les missions Kepler, on sait que le système solaire est loin d’être complexe : d’autres systèmes sont de véritables embouteillages de planètes autour de leur étoile. De quoi réaffirmer un peu plus le paradoxe de Fermi sur l’absence de trace de vie extraterrestre.

Avec la mort prématurée de Kepler, c’est un précurseur de la chasse aux exoplanètes qui s’en va. Mais rassurons-nous, outre l’archipel de télescopes disséminés sur la surface de la Terre, la Nasa avait déjà prévu le coup et son clinquant remplaçant est déjà au boulot, en train de découvrir ses premières exoplanètes.

Son nom : TESS, pour Transiting Exoplanet Survey Satellite. Sa mission : identifier des exoplanètes dans notre voisinage immédiat de 200 000 étoiles en utilisant la même méthode que son glorieux prédécesseur, celle des transits. Une autre manière de perpétuer son héritage. Adieu, Kepler, l’astrophysique ne t’oubliera jamais.