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Test : Hitman 2, ou l’assassinat absurde enfin assumé

Test : Hitman 2, ou l’assassinat absurde enfin assumé

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Par Pierre Bazin

Publié le

Un titre arcade très efficace, pour des soirées de petits meurtres entre amis.

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(© IO Interactive)

Pour les profanes qui ne connaîtraient pas l’expérience de jouer à un Hitman, on pourrait résumer ça par “Crime parfait simulator” – enfin, quand tout se passe bien. Le concept est simple : vous incarnez l’agent 47, un tueur à gages conditionné depuis sa tendre enfance pour mener toutes sortes d’assassinats – d’où l’absence conjointe de nom et de cheveux. Vous êtes une véritable machine à tuer pour l’International Contract Agency (ICA, ou juste “l’Agence”) et effectuez des contrats dans le monde entier en redoublant d’ingéniosité et d’originalité pour atteindre vos cibles. Observation, infiltration, improvisation et surtout déguisement et armes en tout genre deviendront vite votre excitante routine.

Les souvenirs relatifs à la série Hitman, création des studios IO Interactive, peuvent beaucoup varier selon les personnes. Si je me souviens avec nostalgie des quatre premiers titres, sortis entre 2000 et 2006, j’ai surtout essayé d’oublier le film Hitman de Xavier Gens en 2007 (et celui de 2015). Pour les plus jeunes enfin, vous avez probablement découvert la série avec Hitman : Absolution en 2012, une tentative (infructueuse) de donner un fond d’histoire et de psychologie à l’agent 47.

Pour ma part, je faisais clairement partie des nombreux fans de la franchise qui se fichaient pas mal de justifier mes meurtres à la clé à la molette ou au broyeur à ordures, le tout déguisé en livreur de pizzas. De ce côté-là, il semblerait que les développeurs aient appris de leurs erreurs et aient corrigé le tir quatre ans plus tard avec Hitman – oui, pour faire la refonte totale d’une franchise, tu remets simplement le nom de base sans fioritures (autre exemple : God of War, cette année).

Plus arcade, plus fun

Avec Hitman (2016), IO Interactive était revenu à des bases bien plus efficaces, oubliant les histoires à rallonge et la progression linéaire, et concentrant l’action sur quelques missions aux multiples possibilités de résolution. Hitman 2 est dans la continuité de ce titre. Toutefois, soyons clairs, si vous cherchez de l’infiltration réaliste, vous pouvez passer votre chemin : on est un loin d’un Splinter Cell – et c’est tant mieux.

Même en étant nouveau à la série, la prise en main est facile. Quand on place la difficulté sur “Recrue”, l’erreur est facilement pardonnable sans pour autant permettre le grand n’importe quoi. C’est exactement ce que j’ai fait afin de m’amuser, et surtout de pouvoir explorer et toucher un peu à tout, dimension essentielle d’un bon Hitman.

En termes de gameplay, on revoit principalement les mécanismes du titre de 2016. La plupart des actions étaient déjà possibles dans l’épisode précédent et il faut bien réfléchir pour atteindre sa cible. Le système des “intrigues” (des sous-histoires dans chaque carte) reste une valeur sûre pour obtenir des morts spectaculaires ou tout simplement amusantes !

Les phases d’infiltration sont assez naturelles, et les PNJ très mouvants m’obligent à souvent changer de place, provoquant parfois quelques moments de panique. En revanche, en cas de coup dur, les combats sont encore assez simplistes, et niveau tir c’est toujours la galère. Côté action, l’ensemble manque cruellement d’énergie – sérieusement, apprends le sprint, agent 47.

Je viens juste de tirer au fusil sniper, mais je peux heureusement compter sur la presbytie et l’amnésie des gardes. (© IO Interactive)

Si les ennemis bougent souvent, leur IA n’est en revanche pas très maligne : un manque de naturel parfois comblé par beaucoup de dialogues aléatoires, qui redonnent un peu d’humanité à ces gardes. Enfin bon, il m’arrivera quand même d’assommer trois à quatre gardes au même endroit, en me cachant derrière une porte de toilettes. Ce genre d’événement est plutôt amusant, mais par contre lorsqu’un garde vous repère à 10 mètres derrière une haie, c’est bien plus frustrant.

Heureusement qu’un certain équilibre est apporté par de nombreuses scènes scriptées, parfois complètement absurdes, qui me rappellent avec beaucoup de plaisir l’humour de la franchise. Des déguisements de flamant rose aux robots tueurs, en passant par les homicides au poisson (oui, au “poisson” et non “poison”) et le broyage dans la machine à coke, la dimension sérieuse du meurtre s’oublie vite, pour laisser place à des scénarios et situations fantasques.

Don’t die but retry

Au moment d’ouvrir les missions “Campagne”, j’avoue être passé par un ascenseur émotionnel : d’abord la bonne surprise de voir que l’éditeur avait enfin abandonné l’idée de vendre de manière épisodique chaque carte sur Steam. Mais vient le nombre de cartes : six. Cela me paraît peu, mais en lançant la première carte (Miami, pendant une course de F1), je me rends compte que mon jugement était hâtif : les cartes sont immenses et magnifiquement exécutées.

Le moteur de génération de foules est assez impressionnant. (© IO Interactive)

Les modèles d’humains “brillent” un peu trop, mais le réalisme sombre n’est clairement plus à la mode. À la place, on profite d’immenses cartes semi ouvertes aux nombreuses précisions visuelles ou sonores. J’apprécie tout particulièrement ce petit côté kitsch, sublimé par des lumières parfaitement rendues par le moteur. Pour des niveaux riches en éléments et détails, y voir clair est en effet essentiel.

L’aspect le plus jouissif de ce Hitman 2 est sûrement le côté “bac à sable” (sandbox) : on peut vraiment faire ce qu’on veut. D’ailleurs rien ne m’empêche de sortir une arme automatique et de foncer vers la cible… Ce que je fais au début… Rapidement abattu sur place par les gardes du corps, je vois vite que cette approche n’est pas très pertinente.

Peu importe, je recharge une sauvegarde automatique “pré-massacre” et revois mes ambitions. Et là, miracle… enfin un chargement très rapide pour alterner entre les sauvegardes, ce qui me permet donc de tenter des dizaines de méthodes possibles sans être frustré ou ennuyé de devoir patienter. Je ne suis pas particulièrement un joueur qui aime revenir sur ses pas, mais le titre a de solides arguments et saura convaincre les plus réticents au “retry“.

Après les missions, on vous montre toutes les intrigues que vous avez manquées, de quoi donner envie de s’y replonger. (© IO Interactive)

Quelques bonus pour continuer l’expérience

Une fois quelques missions de campagne faites, je m’aventure sur le reste du jeu. Un premier tour sur le multijoueur “Ghost Mode”, qui permet de comparer mes méthodes avec celles d’un ami. Le concept est sympa, mais tourne souvent au chaos – ce qui n’empêche pas de bien se marrer.

Je m’attarde plus sur le mode “Contrats”, qui promet de sacrés challenges pour les plus acharnés, puisqu’on peut éditer, proposer ou accepter en ligne des missions sur des cartes définies avec des handicaps et des conditions bien spécifiques. De quoi mettre à l’épreuve les plus téméraires des agents.

En revanche, le mode “Sniper” est une franche déception. Il ne propose pour le moment qu’une carte et est plus un mini jeu qu’un vrai mode. Je passe d’ailleurs la mission en accélérant les headshots, pour finir le plus vite possible cette activité peu palpitante…

Résultats : B-

Ce qui est cool :

  • Les cartes remplies d’opportunités folles.
  • Une dimension arcade complètement assumée.
  • Les décors riches et la qualité de la lumière.
  • La rejouabilité rendue agréable par des chargements enfin fluides.
  • L’humour et l’absurde bien plus décomplexés, pour ne pas se prendre la tête.
  • La personnalisation de contrats pour plus de défi.

Ce qui est moins cool :

  • Des IA un peu trop stupides pour des combats “chauds” un peu ridicules.
  • Des textures légèrement datées.
  • Le mode Sniper ridiculement pauvre.
  • Un semblant d’histoire clairement pas nécessaire et desservi par des cinématiques moches.