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Le futur “Facebook Coin” pourrait rapporter 19 milliards de dollars d’ici 2021

Le futur “Facebook Coin” pourrait rapporter 19 milliards de dollars d’ici 2021

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Par Thibault Prévost

Publié le

Le réseau social prépare sa propre cryptomonnaie, stable car indexée sur le dollar, pour déployer le micropaiement via WhatsApp.

<b>©</b> Facebook / Flickr

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Ce n’est plus un secret pour personne dans les sphères étroites de la fintech l’innovation technologique au service de la finance , Facebook devrait se lancer à son tour dans l’arène de la cryptomonnaie. On ne sait pas quand (au premier semestre 2019, pronostique le New York Times), on ne sait pas vraiment à quoi ça va ressembler, on ne sait pas non plus comment ça va s’appeler “FaceCoin” ? “Facebook Coin” ? “InstaCoin” ? “WhatCoin” ? , mais on sait que l’arrivée d’un tel monstre dans un secteur déjà surpeuplé devrait provoquer un cataclysme dans les marchés financiers. Ça tombe bien, le capitalisme n’aime rien tant que le déséquilibre pour spéculer, et malheur aux vaincus.

Alors que l’arrivée du Léviathan se précise, les Pythies des marchés entament donc leurs gesticulations pour tenter d’anticiper l’impact du futur Facebook Coin et guider les investisseurs dans leur périlleuse marche à tâtons. Lundi 10 mars, rapporte CNBC, “l’analyste Internet” du groupe bancaire Barclay’s Ross Sandler a distribué une note à ses clients pour les prévenir que, selon son enquête, le lancement de la cryptomonnaie du réseau social serait une fabuleuse opportunité financière à saisir. Selon lui, une implémentation réussie de la nouvelle monnaie garantirait à Facebook d’engranger entre 3 et 19 milliards de dollars de revenus d’ici 2021, ce qui ferait logiquement flamber le cours de l’action de l’entreprise.

Facebook doit diversifier ses revenus

Comment Ross Sandler arrive-t-il à cette limpide conclusion ? En se basant sur la situation actuelle du réseau social et les quelques informations ayant déjà fuité au sujet de cette future monnaie virtuelle. Depuis 2016 et l’explosion du scandale Cambridge Analytica, le business model de Facebook est presque continuellement critiqué par la société civile, les responsables politiques américains et européens, voire certains actionnaires et investisseurs dont l’entreprise dépend cruellement. L’affaire n’a pourtant eu que peu d’incidence sur la santé économique de l’entreprise, qui a enregistré une croissance de 33 % en revenu en 2017… Tout en admettant, le 30 octobre 2018, être arrivé “au point de saturation” dans les pays développés.

Néanmoins, Facebook doit se réinventer pour ne plus dépendre d’un seul modèle économique monolithique. Selon Sandler, diversifier ses sources de revenus, en permettant aux utilisateurs d’acheter et de vendre avec une monnaie dédiée à travers les plateformes (Facebook, WhatsApp et Instagram) est une nécessité vitale pour le groupe, et Facebook Coin est justement l’occasion de s’affranchir du commerce des publicités ciblées. Conséquence immédiate des prophéties de l’analyste : l’action Facebook a grimpé de 2,7 % lundi, pour atteindre son plus haut niveau depuis huit mois.

Une monnaie dite “stable”, contrairement au Bitcoin

Les investisseurs et les marchés devraient donc accueillir avec bienveillance le lancement de ce Facebook Coin, une tête supplémentaire (et lucrative) aux corps d’hydre du réseau social. Étonnant, puisque les cryptomonnaies, Bitcoin en tête, ne sont pas réellement connues pour leur capacité à inspirer confiance aux investisseurs, ayant une fâcheuse tendance à décoller puis s’effondrer de manière vertigineuse (dans le jargon de la finance, appelle ça la volatilité). Rappelez-vous de cette légendaire année 2017, durant lequel le Bitcoin passait de 900 à 20 000 dollars… avant de perdre 40 % de sa valeur en janvier. Pour convaincre, le Facebook Coin a intérêt à être stable.

Rassurons-nous, Facebook aurait déjà tout prévu, à en croire deux récentes et minutieuses enquêtes de Bloomberg et du New York Times. Selon leurs journalistes, la première version du Facebook Coin, un projet qui emploi désormais plus de 50 personnes au sein de réseau social dont l’ancien président de PayPal David Marcus, serait ce que l’on appelle un “stable coin” : plutôt que d’avoir un volume de monnaie fixe, comme le Bitcoin, la monnaie serait indexée sur une monnaie et son volume variera, ce qui empêchera toute spéculation et volatilité des prix.

Selon Bloomberg, le Facebook Coin sera indexé sur le dollar ; selon le New York Times, ce sera une combinaison du dollar, du yen et de l’euro. D’autre part, si elles sont bien basées sur la blockchain, les transactions ne seront en revanche pas anonymes, détaillent les deux articles. De quoi garantir une traçabilité des auteurs des microtransactions, tout en se passant des plateformes comme Visa ou PayPal. Enfin, Facebook travaille sur une refonte complète de ses plateformes pour permettre l’intégration de la cryptomonnaie sur tous ses services.

Un Facebook Coin… pour quoi faire ?

Une monnaie virtuelle stable pour acheter et vendre des produits via WhatsApp, donc ; d’accord, mais pour qui ? À en croire une analyse de Phys.org, Facebook viserait en priorité les marchés émergents d’Afrique et d’Inde (WhatsApp y compte 200 millions d’utilisateurs), où la technologie mobile est autrement plus démocratisée que la carte bancaire. En cela, le géant américain doit probablement s’inspirer du succès de WeChat Pay, le service de paiement du géant social WeChat, qui serait partagée par “900 millions d’utilisateurs actifs” pour leurs transactions quotidiennes. À tel point que dans plusieurs grandes villes chinoises, la mendicité s’effectue désormais via… des QR codes (non, vous n’hallucinez pas, bienvenue dans le turfu).

Problème, rappelle Phys.org : WeChat n’utilise pas de cryptomonnaie, mais de bons vieux transferts bancaires entre utilisateurs, comme l’Américain Venmo et notre Lydia national. Des micropaiements rapides, nationaux ou internationaux, et sans coûts additionnels. On a donc du mal à voir ce qu’un Facebook Coin pourra promettre de plus, alors que le problème actuel réside surtout dans le “dernier kilomètre”, celui de la conversion des fonds transférés en monnaie locale.

D’autre part, difficile de savoir comment Facebook compte appuyer sa cryptomonnaie : pour maintenir son prix fixe adossé à celui des autres monnaies, le Facebook Coin devra correspondre à de la monnaie réelle, le plus simple étant que Facebook dispose d’une réserve équivalente (en dollars) au volume de cryptomonnaie en circulation. Enfin, difficile de ne pas envisager le problème sous l’angle des données personnelles : veut-on vraiment fournir nos informations bancaires à Facebook ? Vraiment ?