Amazon va-t-il lancer un média consacré au crime ?

Amazon va-t-il lancer un média consacré au crime ?

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Par Pierre Schneidermann

Publié le

Gare au "syndrome du grand méchant monde".

C’est une offre d’emploi qui a mis la puce à l’oreille des scrutateurs invétérés de la Silicon Valley. Sur son site web, Amazon propose un poste de “Managing Editor” (probablement une sorte de directeur de la publication) pour un média ou un portail relayant les news fraîches liées au crime au niveau local. Le candidat, outre ses compétences journalistiques et managériales, devra maîtriser l’art du storytelling.

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Le média sera rattaché à Ring, une start-up rachetée l’année dernière par Amazon pour un montant confidentiel mais estimé entre 1,2 et 1,8 milliard de dollars. Ring est une entreprise qui commercialise des serrures connectées avec reconnaissance faciale et des caméras de surveillance. La finalité de ce rachat était limpide : permettre à un livreur Amazon de rentrer chez le client quand il n’est pas là. Le projet, déjà a l’étude et expérimenté, répondant au nom d’Amazon Key, a déjà fait parler de lui en mal, après avoir montré des failles de vulnérabilité.

Faire peur aux gens avec des histoires de crime pour les inciter à se protéger, c’est un peu à ça que nous fait penser le projet de ce futur média. Le site américain de veille et critique des médias Nieman Lab vilipende dans un long papier l’initiative. Montrant dans un premier temps que la criminalité est en régression aux États-Unis – statistiques, études et charts à l’appui –, l’article explique comment ce genre d’article pourrait distordre la réalité et amplifier les inquiétudes du lectorat. Il y a même un nom savant pour ça : “le syndrome du grand méchant monde“.

Nieman rappelle que Ring est aussi à l’origine d’une appli, “Neighbors App” (l’appli des voisins). Un réseau social des voisins qui permet de prévenir son quartier quand survient un cambriolage ou un crime. Le média que souhaite lancer Amazon serait parfaitement complémentaire : outre l’alerte participative, les journalistes recouperaient et compléteraient les infos, dans les deux sens (actu locale <-> alerte des voisins). On imagine parfaitement la fête de la notification et son lot de paranoïa corrélé.