La France vient de se payer un ordi surpuissant pour ses recherches en IA

La France vient de se payer un ordi surpuissant pour ses recherches en IA

Image :

A technician inspects the Thunderbird supercomputer at Sandia National Laboratory, New Mexico, 2008. Image courtesy US Department of Energy. (Photo via Smith Collection/Gado/Getty Images).

photo de profil

Par Thibault Prévost

Publié le

La machine de HP, d’une puissance de 14 pétaflops, sera installée dans l’Essonne au bénéfice du CNRS à la mi-2019 pour ses travaux sur l’IA.

À voir aussi sur Konbini

Le supercalculateur Terra 1000 du CEA. (© CEA)

Les chercheurs en intelligence artificielle du centre Idris de Saclay, dans l’Essonne, peuvent se frotter les mains d’impatience : à la mi-2019, ils pourront tester un nouveau jouet, offert par le ministère de la Recherche. Le 8 janvier, Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, a signé la procédure d’achat pour l’acquisition d’un supercalculateur de Hewlett-Packard (communément appelé HP), appelé HPC-IA, pour un coût de 25 millions d’euros.

À première vue, ça fait cher l’ordinateur, sauf que HPC-IA évolue dans une toute autre dimension que vos tours de gaming, même les plus récentes. Selon les informations du ministère, la bête aura une puissance de calcul de 14 pétaflops, soit 14 millions de milliards d’opérations (10 puissance 15) par seconde. Une puissance équivalente à 15 000 ordinateurs personnels actuels qui “doublera les moyens de calcul disponibles pour la simulation numérique”, rapporte Numerama, et en fera l’ordinateur le plus puissant de France.

Selon le président du CNRS Antoine Petit, interrogé par France Info, cette puissance sera bien supérieure à ce que possédait jusque-là le GENCI (Grand équipement national de calcul intensif), un organisme interdisciplinaire qui regroupe le CEA, le CNRS, l’Inria et plusieurs pôles universitaires. L’organisme est actuellement doté d’un supercalculateur Atos Bull Sequana de 9 pétaflops, livré en 2017, avec une mise à jour matérielle prévue pour 2019 lui permettant d’atteindre 20 pétaflops. Pour le moment, le supercalculateur le plus puissant du pays se trouve au Centre d’études atomiques (CEA), et totalise 12 pétaflops. De la même manière, on imagine qu’HPC-IA pourra progressivement gagner en puissance dans les années à venir.

Maîtriser l’IA, une nécessité stratégique

Supercomputer à Sandia National Laboratory, New Mexico, 2008. Image courtesy US Department of Energy. (Photo via Smith Collection/Gado/Getty Images).

Au fait, à quoi ça sert, un supercalculateur ? Outre l’analyse d’immenses volumes de données pour faire avancer la recherche en IA, les supercalculateurs sont utilisés en biologie, pour la modélisation de molécules, dans la médecine personnelle, pour la modélisation climatique et la prévision météorologique (devinez qui possède déjà deux supercalculateurs et devrait bientôt en avoir un troisième ? Météo France, rappelle Numerama).

Des applications pratiques qui seront bénéfiques à la France dans tous les domaines, assure Antoine Petit, pour garder une position stratégique et ne pas entièrement dépendre des deux superpuissances que sont les États-Unis et la Chine en la matière, sans parler des laboratoires privés de Facebook, Google et les autres.

À Saclay, ce sera la première fois qu’une machine de ce type sera exclusivement dédiée à l’IA. Logique, lorsqu’on se souvient que l’intelligence artificielle est le pari technologique le plus ambitieux du gouvernement Macron, qui veut faire de la France le “champion européen” du domaine. Le 28 novembre dernier, Frédérique Vidal dévoilait son plan pour dépenser stratégiquement les 1,5 milliard d’euros d’investissements promis par son gouvernement en mars. Un plan en faveur de l’IA qui passe notamment par l’achat et la mise à jour de supercalculateurs (le rapport indiquait 16 pétaflops, par ailleurs).

En 2022, la France sera candidate “à l’hébergement d’une des machines européennes de calcul dite exascale (1 milliard de milliards d’opérations par seconde) cofinancée par la Commission européenne”. Une manière de s’affirmer comme le seul champion européen de la discipline et de (tenter de) garder une souveraineté nationale sur les questions d’IA et la recherche qui en découle.