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Libby Oliver fait poser des personnes vêtues de toute leur garde-robe

Libby Oliver fait poser des personnes vêtues de toute leur garde-robe

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Par Justina Bakutyte

Publié le

Qu’est-ce que les habits nous disent vraiment des individus qui les portent ?

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Comme le dit Tyler Durden dans Fight Club : “Les choses que vous possédez finissent par vous posséder. Vous n’êtes pas votre travail, vous n’êtes pas votre compte en banque, vous n’êtes pas votre voiture, vous n’êtes pas votre portefeuille, ni votre putain de treillis, vous êtes la merde de ce monde prête à servir à tout.”

Cette phrase culte a marqué de nombreux ados à l’époque. Paradoxalement, on la retrouve sur des T-shirts, des mugs, et d’autres objets superflus dénoncés par cette même phrase. Ce paradoxe est au cœur de notre vie contemporaine. Notre logique consumériste nous fait accumuler un nombre exponentiel d’objets tout en célébrant un mode de vie plus frugal.

Ce paradoxe est tellement ancré en nous que nous ne le voyons même plus. Les objets que nous acquérons sont censés nous définir, et communiquer aux autres qui nous sommes. Mais à quel moment finit-on par se faire posséder par les choses que l’on possède ?

Quand l’habit fait le moine

C’est précisément cette consommation effrénée qu’interroge la photographe canadienne Libby Oliver, dans sa série de portraits intitulée Soft Shells. Comme l’affirme l’artiste elle-même, l’habit fait partie intégrante de la communication entre êtres humains à l’ère moderne et permet de “déterminer beaucoup d’éléments sur nous : notre culture, notre environnement, notre classe sociale, notre religion, notre situation professionnelle, et notre identité de genre, pour n’en citer que quelques-uns” : “Les fringues nous relient à nos conceptions de nous-mêmes et donnent aux autres des indices sur la façon dont on raconte notre identité.”

Étrangement, on a tendance à penser que nos choix vestimentaires sont dictés par notre intériorité avant d’être communiqués au monde extérieur alors qu’en réalité, ceux-ci sont très souvent influencés par des facteurs extérieurs. Selon Libby Oliver :

“Nos fringues ont pour fonction de montrer le caractère unique de notre identité tout en cherchant l’approbation et l’acceptation de différents groupes sociaux.

Ainsi, nos habits sont à la fois un défi pour notre autonomie créative individuelle et un système de surveillance et d’étiquetage social.”

Intriguée par cette dualité intrinsèque, Libby Oliver s’est fixé l’objectif de l’appréhender à travers son regard artistique. C’est ainsi qu’est né le projet Soft Shells, dans lequel elle fait poser ses sujets avec toutes les fringues qu’ils possèdent.

Couverts de la tête aux pieds par un tas de vêtements, on ne voit pas grand-chose du visage ou du corps des modèles, qui parviennent parfois à dépasser ici et là. Ce qui apparaît en premier plan, ce sont les habits qu’ils ont choisis avec soin pour définir leur identité. “Peut-être qu’on peut comprendre la façon dont ils souhaitent représenter leur genre ou leur culture, mais qu’est-ce que vous pouvez vraiment connaître de la personne qui se cache derrière ?”, se questionne Libby Oliver auprès de CBC Canada.

Vous pouvez suivre Libby Oliver sur Instagram.