Sur Prime Video, Laurent Gerra brocarde l’actu “sans modération” – et en chanson

Sur Prime Video, Laurent Gerra brocarde l’actu “sans modération” – et en chanson

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Par Antonin Gratien

Publié le

Johnny, Gims, notre Sardou national… Tous mobilisés.

Il fallait bien marquer le coup. À l’occasion de sa 50e bougie, Laurent Gerra a livré en 2017 un nouveau spectacle, le bien nommé Sans Modération. Car c’est “sans modération”, donc, que le chroniqueur de RTL s’est attelé dans ce show volontiers irrévérencieux à ses deux exercices favoris : imiter quelques-unes des plus grandes voix du paysage médiatico-culturel francophone, et dénoncer les travers de l’actu’. Tout un programme – en musique, s’il vous plaît !

Un retour corrosif au théâtre

Sans surprise, c’est au rythme d’une mélodie populaire que Laurent Gerra débarque sur les planches. Toujours Debout de Renaud, dans une version revisitée pour les circonstances : “toujours vivant, rassurez-vous, à 50 ans toujours débout, j’suis remonté, bien énervé”. Manière de rappeler que l’humoriste n’est pas près de ranger les crampons – au grand dam de ses têtes de turc favorites, peut-être.

C’est reparti pour un tour. Accompagné de 6 musiciens sur une scène aménagée en coulisses de théâtre, entre loge et arrière-scène, Laurent Gerra revient sur près de 30 ans de carrière en s’adossant à beaucoup, beaucoup d’imitations. Que ce soit à travers la reprise d’un vaste répertoire de la musique française – allant de Francis Cabrel à Christophe Maé –, ou la parodie de célébrités.

Exemple avec ce sketch où Céline Dion se plaint de l’onanisme compulsif de son fils René-Charles, et l’improbable discussion entre un Serge Gainsbourg trop aviné et Marc-Olivier Fogiel, plus avide de scoop que jamais. À ces séquences grinçantes, Laurent Gerra fait parfois succéder des moments plus personnels. Comme quand, tandis que des photographies d’enfance défilent sur un écran en fond, l’humoriste révèle au public un enregistrement de son père. On y entend Laurent Gerra, alors âgé de 5 ans, déclarer vouloir faire “des imitations”. Objectif réussi.

L’actu’ dans le viseur

La parodie, matériau premier de l’humoriste pour ironiser sur le monde politique, culturel et médiatique. Grâce à l’exercice, un Lambert Wilson dandyesque et faussement polyglotte rate son rôle de maître de cérémonie du Festival de Cannes. Ailleurs dans le spectacle, plusieurs chanteurs français commentent le résultat des présidentielles de 2017 tandis que Sarkozy, qui ne “manquerait pour rien au monde Cyril Hanouna”, s’occupe en zappant du matin au soir les chaînes de télé.

Quid de François Hollande ? Eh bien, on le retrouve au travers d’un sketch décapant et quasi-muet. Laurent Gerra reproduit la gestuelle, la moue, les mimiques de cet ex-président imaginé à la retraite, faisant de la pêche sur ses terres chéries de Corrèze, canne au bras, l’air hagard, adressant des saluts satisfaits. Un régal.

Pas essoufflé à 50 ans passés, Laurent Gerra enchaîne les sketchs, les confessions et les interprétations musicales à un rythme effréné, pendant près de 2 h Une performance de show man que l’humoriste a remodelé pour coller aux actualités récentes. Le résultat ? Un spectacle nouvelle mouture avec de nouveaux entrants aussi au casting. Jean Castex, André Manoukian… Histoire, encore, d’adresser aux figures qui défilent sur nos ondes des piques bien senties. Sans modération, bien sûr.