Sur Prime Video, Harlem célèbre le sisterhood noir

Sur Prime Video, Harlem célèbre le sisterhood noir

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Par Antonin Gratien

Publié le

Une nouvelle série décapante et engagée, autour du lien unissant quatre amies new-yorkaises.

C’est ce qu’on appelle du franc-parler : “Dans le Harlem du XXIe siècle nous autres, sœurs, pouvons être féroces et mener la barque”, assène l’une des divas d’Harlem dans la bande-annonce de cette production signée Amazon Originals. Eh oui… Ses protagonistes ne sont pas là pour enfiler des perles. Elles entendent bien conquérir le monde, main dans la main. Solidaires face aux défis professionnels comme aux épreuves de cœur.

Comme un air de l’iconique Sex and The City (dont on retrouvera bientôt les héroïnes avec And Just Like That…) ? Bien sûr. De fait, l’intrigue à “bande de filles” est vue, et revue. Girls, Pretty Littles Liars… Mais la série de Tracy Oliver se démarque de ses homologues en axant son récit autour d’une minorité : la communauté afro-américaine. Et ça change tout.

Un girl’s crew qui en veut

Les dix épisodes de Harlem nous entraînent dans le berceau du jazz. Un choix de cœur pour la scénariste du show. “J’ai choisi ce lieu parce que j’y ai vécu, et que c’était si drôle d’y grandir […] et il y a une Histoire tellement riche, avec Malcolm X, Adam Clayton Powell Jr. et la renaissance de Harlem”, a-t-elle déclaré au site Popculture.

C’est donc dans ce quartier de Manhattan, chéri par Tracy Oliver, que l’on suit quatre copines trentenaires. Il y a Camille, cette professeur d’anthropologie dont la vie sentimentale se retrouve sens dessus dessous. Puis Tye, la créatrice queer d’une application de rencontre pour homosexuel.le.s qui ne croît plus guère à l’âme sœur. À l’inverse de Quinn, éternelle romantique œuvrant comme styliste pour des associations de charité. Et qui héberge la dernière du crew, Angie. Une danseuse et actrice indépendante en plein doute sur son avenir pro.

Au fil des épisodes, le quatuor échange des blagues salaces, déconne sans frein à main, et discute. Du sexe, de l’amitié. Des amours, des boulots, des emmerdes. De la vie, quoi. Toujours avec en tête le souci de l’une pour l’autre, “Harlem est une histoire d’amour entre femmes”, insiste Tracy Oliver. Et pas n’importe quelles femmes. Des Afro-Américaines.

Empowerment noir, et féminin

Il s’agit du thème majeur de la série. S’affirmer à la fois en tant que femme (il est beaucoup question d’émancipation par rapport aux hommes, de concentration sur ses propres rêves…) et de personne issue d’une minorité ethnique.

Qu’implique d’être noire dans l’espace public ? Qu’implique d’être noire dans sa vie professionnelle ? Que signifie être noire tout court en ce quart de XXIe siècle ? Voici quelques-unes des questions que Harlem, aux prises avec les problématiques sociétales contemporaines, n’hésite pas à mettre sur la table.

Et ce dans un cadre spécifique. Celui du quartier historique de la communauté noire new-yorkaise en pleine mutation. “Une boutique Sephora sera-t-elle un jour remplacée par un club de jazz ? “, s’interroge Camille, songeuse, alors qu’elle arpente les rues d’un Harlem gentrifié. Et envahi par les enseignes internationales. Mais où se cultive, toujours, une black culture.

Culture à laquelle Harlem offre une caisse de résonance. Que ce soit à travers la bande-son (pop), l’esthétique (léchée) ou le stylisme des personnages (toujours aux petits oignons). Coproduite par Pharrell Williams et l’humoriste Amy Poehler, Harlem se présente ainsi comme le porte-drapeau moderne et corrosif d’une certaine identité américaine, articulée autour d’une sororité noire longtemps restée absente dans l’espace audiovisuel. Une lacune que Tracy Oliver s’est fait un devoir de combler.