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Sur Prime Video, Florence Foresti râle (encore) à plein poumon

Sur Prime Video, Florence Foresti râle (encore) à plein poumon

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Par Antonin Gratien

Publié le

Et prouve que se plaindre est excellent pour la santé.

Elle en a marre, Florence Foresti. Marre de l’influence américaine, des inégalités de sexe et de cette foutue crise de la quarantaine qui ne va guère en s’arrangeant. Serait-elle devenue aigrie ? Du tout ! Avec son dernier one woman show, Épilogue, l’humoriste française star joue avec un tonique d’exception la carte de l’autodérision et de l’ironie jouasse, pour aborder autant sa vie privée que les tensions de la société. Un spectacle truculent à déguster sur Prime Video.

Le bureau des plaintes est grand ouvert

Ça commence fort. À 40 ans passés, Foresti n’a plus le temps pour les courbettes. Aussi, pas question de flatter le public en ouverture du show à coup de “Je vous aime”, “C’est vous qui me faites revenir”. Non, non, qu’on soit bien d’accord : c’est grâce à elle que les spectateurs sont là, et non l’inverse. “Vous ne me déplaisez pas…”, concède-t-elle tout de même. Ouf.

Avec force moues et jeux de mime qui font la saveur caractéristique de ses spectacles, Florence Foresti peste contre l’illogisme américain (pourquoi des types allés sur la Lune n’ont-ils toujours pas adopté le “flexible de douche”), la génération des smartphones addict (elle est la première comique française à en avoir interdit l’usage durant son spectacle). Et surtout son âge.

Celle qui abordait déjà avec mordant le tournant de la quarantaine dans son précédent seul en scène, Madame Foresti, a toujours du mal avec l’écoulement du temps. Elle clope, assume son levé de coude facile, et broie du noir à force de faire “défiler les rouleaux” sur Internet pour sélectionner son année de naissance.

C’est dit. Florence Foresti – qui ne rêve que d’un dimanche chez Ikea avec son Jules – a “passé l’âge” des tournées, se sent “périmée”, “pas mise à jour”. Surtout, surtout, qu’on ne lui colle pas Instagram sous le nez, cette maudite plateforme de vie fantasmée où tout le monde a l’air “plus jeune, plus joli” qu’elle. Songez plutôt à préparer sa commémoration funéraire. Une procession dans Paris “simplissisme, sans chichi”, s’il vous plaît. La garde républicaine, la chorale des corbeaux, les cloches de Notre-Dame. Basta.

La misogynie dans le viseur

Plus encore que le péril des rides, c’est contre la condition sociale féminine que Foresti dirige ses foudres. En adoptant tout d’abord un angle surprenant, autour de la question #MeToo. De plain-pied dans l’autodérision, l’humoriste – qui s’est à de nombreuses reprises revendiquée féministe – regrette de n’avoir jamais été “prise, dans les deux sens du terme” par des producteurs. Et de ne pas se faire alpaguer dans la rue. La faute à son côté garçon manqué ? Allez savoir…

Ne la lancez même pas sur la question des inégalités. Soyez prévenus : Foresti en a gros. Ras-le-bol qu’on puisse dire d’un homme laid qu’il “a du charme”. La mécanique devrait également s’appliquer aux femmes, non ? Ras-le-bol aussi qu’une fille n’ait pas le droit de se la coller au gin tonic sans qu’on murmure “pauvre d’elle, quelle déchéance”, tandis que l’homologue masculin serait célébré pour son côté “bon vivant” dans la même situation.

Ras-le-bol, enfin de la charge mentale et des asymétries salariales. Deux thématiques abordées lors d’un final “où les femmes disent la vérité”, un sketch dans lequel Foresti campe une mère de famille qui envoie tout valser. Vraiment tout. Les devoirs du petit, le repas du soir, la réunion parents-profs… Décapant.

Au terme du spectacle, le flou demeure concernant le choix du titre du spectacle. Faut-il comprendre “épilogue” au sens du verbe, qui signifie “faire de longs commentaires superflus” ? Longs commentaires, assurément. Superflus… Rien n’est moins sûr. Reste l’hypothèse du verbe commun, “épilogue”, renvoyant à la conclusion d’une œuvre.

Interprétation encore plus improbable. En juillet 2020, Florence Foresti avait annoncé via un post Instagram la préparation de son septième show sobrement baptisé Le Spectacle d’après. Comprenez d’après covid. Problème : nous ne sommes pas sortis de la crise sanitaire. Aussi l’humoriste a-t-elle annoncé l’annulation de ses nouvelles dates. Tout vient à point pour qui sait attendre, dit le dicton… Au moins les fans peuvent-ils se rassurer, Floresti entend bien remettre le couvert.

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