Le premier spectacle solo de Vincent Dedienne débarque sur Prime Video

Le premier spectacle solo de Vincent Dedienne débarque sur Prime Video

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Par Antonin Gratien

Publié le

Entre deux sketchs, le jeune humoriste y narre avec mordant son parcours, depuis son adoption jusqu’à sa formation théâtrale.

Présenter une autobiographie avant 30 ans. Voilà le curieux objectif que c’était fixé l’ex-chroniqueur de Quotidien lors de l’écriture de son premier spectacle, S’il se passe quelque chose. Ce one man show empreint d’autodérision avait fait l’objet d’une longue tournée, entre 2014 et 2018. Et été récompensé par le Molière de l’humour en 2017. Il est actuellement disponible sur Prime Video.

Retour sur un autoportrait aussi acidulé que sensible, rehaussé d’une réflexion à propos de la pratique même du théâtre. 

Une mise à nu

C’est en tenue d’Adam que Vincent Dedienne gagne les planches du Théâtre de l’Atelier (Paris, XVIIIe) où a été enregistré son spectacle. Le message est limpide. Pendant les quelque 1h30 que durera ce seul en scène, l’acteur jouera la carte de la transparence. Avec pour sujet : lui-même.

« J’ai regardé ce qui se faisait, j’ai vu qu’on montait des spectacles sur tout […]. Mais un sujet n’a pas été abordé : moi. […] Je me suis dit que ça serait une idée », déclame avec l’accent badin qu’on lui connaît l’humoriste, aujourd’hui âgé de 34 ans.

Les confidences débutent par une énumération saccadée. Vincent Dedienne mentionne à Vitesse grand V son tour de cuisse, son homosexualité et, avec un naturel désarmant, le fait qu’il ne pratique pas « de sexe en groupe ». Quand il s’agit d’exposer au public sa vie privée, l’acteur ne fait pas dans la demi-mesure.

Sur un ton caustique ponctuellement ébranlé par l’émotion, l’acteur aborde ensuite son adoption, une enfance “solitaire mais gâtée” dans la petite ville de Mâcon (Saône-et-Loire). Puis la découverte de sa vocation, à 7 ans, en visionnant un spectacle de Muriel Robin. Sans oublier de retracer ses premiers pas sur scène, à sa 14e bougie. Ni son intégration, 4 ans plus tard, dans une école de théâtre.

© Julien Benhamou

La fabrique d’un spectacle

En même temps qu’il détaille son histoire, Vincent Dedienne décortique la création de sa propre pièce. Celle-ci est divisée en 4 parties, explique-t-il. « Grand I », pourquoi avoir écrit un spectacle, « Grand II » justification du choix de l’autoportrait, « Grand III » récit autobiographique. Et « Grand IV : conclusion ».

À plusieurs reprises, des sketchs font irruption pour perturber le bon déroulé de cet exposé. C’est que, lorsqu’il semble fatigué de parler de lui, Vincent Dedienne se plaît à faire intervenir des personnages imaginaires. Parmi lesquels un vendeur de jeux excentrique, une employée acariâtre à Pôle Emploi. Ou encore des camarades d’école dramatique, tous plus caricaturaux les uns que les autres.

Ces interruptions du propos autobiographique sont l’occasion, pour le comédien, d’interroger l’art de l’écriture et de la mise en scène. Dans un dialogue rhétorique avec le public (non, insiste-il, il ne s’agit pas d’un spectacle « interactif »), Vincent Dedienne évoque les enjeux du rythme, disserte à propos des temps morts. Il ironise aussi sur la qualité de ses propres textes, et discute de la nécessite, ou non, d’une « chute » en fin de performance.

Spectacle décapant, S’il se passe quelque chose se joue allègrement des codes traditionnels du one man show pour livrer une prestation rafraîchissante. Fort du succès de ce premier solo, et après avoir tourné dans pas moins de 6 films ces deux dernières années, Vincent Dedienne a décidé de remettre le couvert.

https://twitter.com/bendarag/status/1275480795168280593

La première, qui devait avoir lieu en février dernier, a été annulée en raison des mesures sanitaires. Si le contexte le permet, ce spectacle sera reprogrammé courant d’année. Et côté grand écran, Vincent Dedienne devrait apparaître en 2021 à l’affiche de La Fine Fleur (Pierre Pinaud), ainsi que de L’Étreinte (Ludovic Bergery).