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La série Carnival Row est-elle vraiment steampunk ?

La série Carnival Row est-elle vraiment steampunk ?

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Par Antonin Gratien

Publié le

C’est LA question à se poser, avant que la seconde saison du show ne débarque sur Prime.

Il y a deux ans, Amazon dévoilait la première saison de Carnival Row. Une création originale portée par Orlando Blum et Cara Delevingne dont l’univers – riche, divers, prolifique – avait frappé par son caractère ultra-référencé. Si référencé que certains avaient d’ailleurs été bien en peine de définir le genre de la série.

Parmi une myriade de registres évoqués çà et là, un a été majoritairement retenu : steampunk. Abus de langage, ou judicieuse catégorisation ? Afin de le savoir, remontons la bobine d’un mouvement artistique prenant racine à la fin du XIXe siècle, et dont les multiples déclinaisons irriguent désormais un large pan de la culture populaire.

À l’origine était Jules Verne

Si le terme “steampunk” apparaît à la fin des années 1980 en écho au mot “cyberpunk” (oui, comme le jeu vidéo de CD Projekt RED), les jalons de son univers ont été posés près d’un siècle auparavant par plusieurs écrivains, dont Jules Verne. Comme d’autres figures tutélaires du genre (Albert Robida, H. G. Wells…), l’auteur de Vingt mille lieues sous les mers ancrait ses récits dans un monde où prédomine l’usage de la vapeur, de nouvelles technologies et de décors (costumes, architecture…) liée à la révolution industrielle britannique.

À la fin du XXe siècle, une large littérature puise dans cet univers esthétique avant qu’une flopée d’œuvres cinématographiques prennent le relais. Que ce soit du côté de la japanimation, avec Le Château dans le ciel de Miyazaki, ou bien de celui du western avec Wild Wild West. Extensible, le genre steampunk a aussi donné naissance à des uchronies SF et des “rétro-futurs” où, à notre époque contemporaine, l’énergie est fournie par la vapeur et non l’électricité.

Tous les arts se sont emparés du phénomène. Depuis l’illustration BD (La Ligue des gentlemen extraordinaires) aux jeux vidéo (Dishonored, Bioshock) en passant par le manga (Fullmetal Alchemist). Faisant ainsi du steampunk l’un des registres artistiques les plus porteurs du XXIe siècle.

Du steampunk dans les veines

De ce registre, la série d’Amazon reprend pléthore d’éléments canoniques. Tout d’abord l’intrigue se déroule majoritairement dans la ville fictive de Burgue, largement inspirée de la Londres victorienne – soit la terre d’élection du genre steampunk.

Ensuite, l’univers imaginé par Travis Beacham (cocréateur de la série) se caractérise par une météo morose, des teintes sombres, une pauvreté ambiante qui n’est pas sans rappeler celle dépeinte dans Oliver Twist et où la fumée est omniprésente (trains, machines volantes, usines). Côté garde-robe, là aussi les créateurs ont pioché du côté de l’Angleterre d’antan. Chapeaux melon, vestons…

Quid de l’intrigue ? L’enquête menée par Rycroft Philostrate (“Philo”, pour les intimes) n’est pas sans rappeler celle qui avait été engagée pour débusquer Jack l’Éventreur. Soit l’une des affaires policières ayant le plus fasciné les artistes s’inscrivant dans le mouvement… Steampunk.

Carnival Row : “steamfairy” ?

Aucun doute, le show n’a pas usurpé sa catégorisation. Mais il serait réducteur de l’y circonscrire car là où Carnival Row diffère sensiblement de la tradition steampunk, c’est dans la multiplication de ses références à un autre registre. Celui de la fantasy. La série revendique le métissage de ces deux genres en illustrant la rencontre entre l’ambiance miséreuse de l’Angleterre industrielle et une galerie de créatures toute droite venue du folklore européen.

Il y a des fées (coucou Cara Delevingne), des loups-garous, des trolls, des centaures… Burgue est un véritable metling pot d’entités fantastiques que l’on avait surtout l’habitude d’observer dans des univers fictifs médiévaux, ou antiques. Ainsi Carnival Row n’est-il ni juste steampunk, ni fantasy. Mais plutôt “steamfairy”. Et c’est bien cette hybridation qui constitue l’un des arguments majeurs du show.

Une seconde saison bouclée

À l’instar de nombreuses productions, le tournage de la saison 2 de Carnival Row a été brusquement stoppé, en mars 2020, en raison de la pandémie de coronavirus. Depuis, peu d’informations ont filtré sur l’avancée des prises de vues. Mais mi-septembre les créateurs de la série ont annoncé via un compte Twitter officiel que la production était bel et bien terminée.

Si aucune date de diffusion n’a été renseignée, il paraît néanmoins probable que cette seconde saison n’arrive pas avant le printemps 2022. En attendant, reste à lorgner du côté d’autres créations steampunk pour mieux comprendre l’esthétique de la série. Et vous l’aurez compris, il y a de quoi faire.

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