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Gaspard Proust dézingue tout et tout le monde sur Prime Video

Gaspard Proust dézingue tout et tout le monde sur Prime Video

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Par Antonin Gratien

Publié le

La plateforme SVOD d’Amazon accueille le premier one man show de l’humoriste, où chacun en prend (rudement) pour son grade.

Que ceux qui se soucient du politiquement correct prennent leurs jambes à leur cou, Gaspard Proust et ses vannes au vitriol débarquent en exclusivité sur Prime Video. Avec, au menu, un seul en scène enregistré durant l’été 2013, au théâtre du Châtelet : Gaspard Proust tapine. Dans ce spectacle corrosif, l’ex-chroniqueur de “Salut les Terriens !” endosse pour notre plus grand plaisir son rôle coutumier de dandy désabusé.

Sur un ton monotone, style “connard qui postillonne” selon ses propres termes, l’humoriste écharpe la pudeur, débusque l’hypocrisie, bouscule les bonnes consciences. Ses sujets ? L’UE, le nazisme, l’amour… Tout y passe. À l’aide de tournures affutées, de références littéraires fouillées et de beaucoup – mais alors beaucoup – d’humour noir. Âmes sensibles s’abstenir.

Cynisme mordant

D’emblée, Gaspard Proust donne le ton. L’humoriste gagne sa scène le pas nonchalant et la mine ennuyée. Dans l’exquise posture de l’exécrable au verbe alambiqué, l’humoriste débute son show en répondant… à un texto. Voilà qui est dit. Pendant les quelques 1 h 35 minutes que durera le spectacle, Gaspard Proust ne respectera rien, ni personne – surtout pas le public.

Avec un art de passer du coq à l’âne manié à la perfection, le comédien aborde tour à tour la pédophilie, les délocalisations industrielles (dont il se “fout un peu”, quand même), l’attentat du 11 septembre. Mais aussi les conquistadors, les “vieux” et la religion.

En salaud prétendument éclairé, Gaspard Proust monologue (soliloque ?) autour de thèmes polémiques qu’il se plaît à trancher. “Le christianisme est la religion révélée supérieure à toutes les autres”, pose-t-il par exemple avant de lâcher un “et je le prouve !”, suivi d’une démonstration lunaire censée étayer son propos. On vous avait prévenu, il y a de quoi faire grincer quelques dents.

Un public dans le viseur

À la fin du show, en poli qu’il n’est pas, le comédien remercie son metteur en scène, sans qui “le spectacle n’aurait pas été possible”. Aucun effet visuel ni sonore – à l’exception de quelques notes de piano, lors d’un passage faussement sentimental où Gaspard Proust évoque, larme de crocodile à l’œil, ses parents “nazis bohèmes”. Quant aux décors, ils sont tout bonnement inexistants, une chaise mise à part.

Ce minimalisme valorise l’essentiel : des formules ciselées, et une multitude d’interactions avec le public. Tout au long du spectacle, le comédien rebondit sur les rires de la salle, cible le malaise des effarouchés ou s’en prend directement à une rangée de spectateurs. Si Gaspard Proust s’active peu sur scène (il ne court pas, ne danse pas, ne se costume pas…), le comédien entretient perpétuellement la dynamique de son show en allant au contact de son public – public qu’il a déjà pu retrouver au théâtre.

En attendant ses représentations à la Scène Musicale les 5 et 6 novembre derniers, Gaspard Proust avait ajouté de nouvelles dates à son second seul en scène : Nouveau Spectacle. Avec une verve toujours aussi acide, celui que l’on présente souvent comme le digne héritier de Pierre Desproges s’en prenait cette fois au handicap, au féminisme ou encore à l’homosexualité “sans gêne, sans tabou, sans limites”. Seule condition pour apprécier pareil programme : savoir rire de tout.

Que ceux qui répondent à ce requisit se réjouissent. Le show est également disponible sur Prime Video sous le titre Dernier Spectacle.