Comment Shrek a ringardisé Disney (outch)

Comment Shrek a ringardisé Disney (outch)

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Par Antonin Gratien

Publié le , modifié le

Spoiler : à coups de parodies mordantes du registre "conte de fées", notamment.

Regarder Shrek, c’est réviser ses classiques. Reproduction de scènes cultes, clins d’œil au folklore littéraire européen, pastiches à gogo… La saga qui a propulsé DreamWorks dans la cour des grands de l’animation s’est taillé un nom en misant sur l’ultra-référencement. Un parti pris qui a ravi, tant du côté des cinéphiles que de celui des geeks. Et participé à faire de la franchise un objet pop radical.

Prenant le contre-pied de productions animées peut-être plus guindées (les studios Disney sont en ligne de mire), Shrek s’est posé en œuvre détonante, de par sa capacité à se jouer des codes d’œuvres culturelles canonisées. Parodier les récits qui ont structuré nos imaginaires communs – sans être d’une subversion révolutionnaire, l’idée offre un grand bol de fraîcheur. Retour sur l’originalité des rouages d’une saga chère à nos cœurs. En nous concentrant sur ses deux premiers volets – disponibles sur Prime Video !

De prince charmant à… Ogre ?

Portées à l’écran par Andrew Adamson en 2001, les premières aventures de notre antihéros préféré sont inspirées du recueil illustré du même nom, Shrek !, paru 10 ans plus tôt, et écrit par William Steig. L’idée : un ogre tombe amoureux de l’ogresse de ses rêves, tandis qu’il parcourt le monde. Oui, on n’est déjà pas tout à fait dans le schéma classique du conte de fées pour enfants.

Au cinéma, cette logique de détournement est poussée à l’extrême. C’est bien simple : tout fonctionne à l’envers. Le prince charmant tradi’ adopte les traits d’un ogre acariâtre et un peu dégeu’, un âne particulièrement loquace endosse avec enthousiasme (beaucoup, d’enthousiasme) le rôle du fidèle compagnon. Et si Shrek accepte de délivrer Fiona, ce n’est pas par amour pour elle, mais pour que le cruel Lord Farquaad vire les squatteurs de son marais chéri. Quant à Fiona, justement, cette improbable princesse excelle en karaté. Et rote. Vous aviez déjà vu une “princesse” faire ça, vous ?

En bref, la plupart des ingrédients du conte folklorique sont bien présents… Mais assemblés de manière inédite. Avec malice, dérision, espièglerie. Et une petite touche d’humour iconoclaste so 2000’s. Il en résulte un univers où les créatures de Perrault côtoient dans un voisinage rocambolesque celles des frères Grimm. Le grand méchant loup, les sept nains et autres Pinocchio – tous répondent à l’appel, dans des situations pour le moins… Inattendues. Shrek, grand rénovateur du conte de fées ? Indubitablement.

Un gros tacle à Disney

Ce lifting d’un genre un peu rouillé n’offre pas simplement l’ossature scénaristique des deux premiers volets de Shrek. Il a aussi présenté l’occasion, pour DreamWorks, de moquer un de ses concurrents. À savoir Disney, qui s’est fait connaître pour ses adaptations de contes européens. Non seulement les célèbres parcs d’attractions du studio sont tournés en ridicule dans Shrek à travers la mise en scène de la citadelle de Farquaad (files d’attente en serpentin, mascottes aux têtes XXL…), mais la franchise parodie, parfois plan après plan, certaines séquences Disney. Le couple échoué de La Petite Sirène, le “beau miroir” de Blanche Neige, le réveil de La Belle au bois dormant… Sacré pied de nez.

Et ce n’est pas tout. Pour moderniser son récit, la franchise Shrek s’est aussi payé le luxe de lorgner du côté d’autres pépites de la pop culture ciné. Ainsi une danse du Chat Potté rappelle Flash Dance, et ailleurs la technique martiale employée par Fiona reproduit celle de Trinity dans Matrix. Sont aussi cités, sous des formes plus ou moins évidentes : Alien, Kill Bill, Gladiator, Spider Man… Parmi tant d’autres.

Les Shrek regorgent tellement de références que les internautes se sont amusés à les lister. Que ce soit sous la forme de top dans Sens Critique, ou de mashup vidéos disponibles en ligne. Et il y a fort à parier qu’il reste encore quelques easter eggs à débusquer. Une bonne raison pour se replonger dans l’univers du moins féerique des héros de contes de fées ?