5 infos essentielles que le docu Le Système Poutine nous a apprises sur le président russe

5 infos essentielles que le docu Le Système Poutine nous a apprises sur le président russe

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Par Antonin Gratien

Publié le

De son passé au KGB aux ingérences du Kremlin lors des présidentielles ukrainiennes de 2004.

Mais qui est Vladimir Poutine ? Désormais, chacun reconnaît en ce nom celui de l’homme ayant déclenché le 24 février dernier une “opération militaire spéciale” visant, notamment, “la dénazification de l’Ukraine”. Depuis, une guerre opposant l’armée de Volodymyr Zelensky aux forces russes ravage ce pays de l’ex-URSS. Afin d’y voir un peu plus clair sur le parcours de l’initiateur d’un conflit sans précédent en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, Prime Video accueille sur sa plateforme Le Système Poutine. Un précieux documentaire paru en 2007, à partir duquel on a filtré 5 éléments à retenir.

1. Poutine est entré très jeune au KGB

Le film de Jean-Michel Carré rapporte que l’actuel président de la Fédération de Russie cultivait depuis l’adolescence une fascination pour le KGB. À 16 ans, ce fils d’ouvrier se rend aux locaux de l’unité de renseignement de l’URSS post-stalinienne pour proposer ses services. Son interlocuteur lui conseille d’abord d’étudier, avant de lui rappeler que c’est le KGB qui vient chercher ses recrues, et non les futures recrues qui viennent chercher le KGB.

En 1975, alors qu’il est âgé de 23 ans et tout juste diplômé d’études de droit à l’université de Leningrad, en effet, le KGB lui propose de rejoindre ses rangs. Devenu officier, il traque les dissidents du régime puis déménage du côté de la RDA, à Dresde, pour recruter des informateurs.

2. Sa stratégie de corruption débute à la mairie de Leningrad

Ses galons de lieutenant-colonel en poche, Poutine est rappelé en Russie en 1990, dans le cadre de la réunification allemande. De retour à Leningrad, il continue à officier au KGB et fait ses premiers pas dans la vie politique en tant que conseiller du maire de la ville, puis maire adjoint. Son mandat est entaché de plusieurs scandales. Collaboration avec la mafia portuaire, lien avec des sociétés accusées de blanchiment d’argent, intrigantes disparitions de revenus de casino… C’est la mise en place d’un modèle de corruption auquel Poutine est toujours resté attaché.

3. Lorsqu’il arrive à la tête de la Russie, il est quasiment inconnu

Dans les bureaux de la mairie de Leningrad (appelé à nouveau Saint-Pétersbourg en 1991), Poutine fait du copinage. Auprès de riches d’industriels, du crime organisé et surtout d’anciens collaborateurs du KGB. L’un d’eux le propulse au Kremlin en 1996. Sur place, il gravit les échelons à vitesse grand V dans l’administration des propriétés présidentielles. Cette ascension fulgurante le place à la direction du Service fédéral de sécurité (FSB), l’héritier post-soviétique du KGB. Homme de l’ombre, Poutine arrive devant des caméras lorsque le président d’alors, Boris Eltsine, le nomme président par intérim puis lui cède sa place au moment de sa démission surprise, en 1999.

Lors des élections présidentielles anticipées de 2000, Poutine doit se faire connaître du grand public. Voulant apparaître comme “monsieur-tout-le-monde”, l’ex-officier du KGB se met en scène à la télévision en faisant du karaté, ou en participant à des fêtes populaires. Celui qui était jusqu’à peu inconnu aux yeux de la population russe remporte la faveur des scrutins le 26 mars 2000.

4. Président, Poutine a immédiatement fait main basse sur l’industrie énergétique

À peine arrivé à la tête du Kremlin, Poutine lorgne sur l’une des artères de l’économie russe : Gazprom. Une société majeure d’extraction, de traitement et de transport de gaz naturel. Ainsi que de pétrole. Afin d’assurer son emprise, le président russe nomme à la tête de la compagnie l’un de ses amis au poste de PDG. Cette manœuvre lui permettra, de facto, d’être le principal décisionnaire des plans d’investissements liés à ce fournisseur énergétique.

Réalisant que celui qui a les ressources détient le pouvoir, il use du levier énergétique pour peser sur la scène internationale en multipliant les partenariats. L’empire-pieuvre de Gazprom étend ses tentacules via des projets de construction pharaoniques. Gazoduc sous la Baltique, projet “Blue Stream” destiné à acheminer du gaz naturel jusqu’à la Turquie en passant par la mer Noire… Aucune frontière géographique ne semble faire barrage à l’exportation des énergies russes.

5. Poutine a tôt fait de l’Ukraine un enjeu géopolitique majeur

Poutine est à nouveau élu président en 2004. Plus tard dans l’année se déroulent les élections présidentielles ukrainiennes. En nostalgique d’une “grande Russie” fantasmée (celle des tsars, puis de l’URSS) le dirigeant voit d’un mauvais œil le possible rapprochement entre d’anciens pays du bloc soviétique et l’Occident. Désirant maintenir l’Ukraine dans son giron, Poutine met tout en œuvre pour soutenir le candidat pro russe aux élections. Financement de campagne, instrumentalisation des médias…

Le “poulain” du président russe remporte les élections, face à un candidat jugé pro occidental. Mais très vite la dénonciation de fraudes par de nombreux observateurs pousse la population à se soulever : c’est la “révolution orange”. Un mouvement protestataire mobilisant des centaines de milliers d’Ukrainiens qui conduisent la Cour Suprême du pays à annuler les résultats des présidentielles en faveur d’un “troisième tour”.

Cette fois, le candidat pro occident l’emporte. Aux yeux de Poutine, il s’agit d’un des échecs les plus cuisants de sa carrière. Pour y pallier, le président russe utilise l’énergie russe (dont l’Ukraine est largement dépendante) afin de faire pression sur les élections législatives ukrainiennes de 2006. Son objectif ? Faire placer au poste de premier ministre l’ancien candidat pro russe aux présidentielles.

Poutine stoppe plusieurs exportations, et coupe les robinets du gaz. Le président ukrainien cède. Mais cette victoire n’aura pas suffi à stopper l’appétit du dirigeant russe à l’endroit de l’Ukraine. Près de 16 ans après la conclusion de cette législative, Poutine rêve toujours d’un contrôle absolu sur l’État – au prix d’une guerre ouverte, s’il le faut.