À voir : les six courts-métrages réalisés avec un smartphone primés au Mobile Film Festival
À voir : les six courts-métrages réalisés avec un smartphone primés au Mobile Film Festival

À voir : les six courts-métrages réalisés avec un smartphone primés au Mobile Film Festival

Oui, c’est possible de réaliser de mini-chefs-d’œuvre avec un smartphone. La 13e édition du Mobile Film Festival frappe fort et nous le prouve. Après deux semaines de délibérations, les jurés ont choisi les lauréats parmi les cinquante courts-métrages en lice. Une cérémonie multilingue durant laquelle de futurs Spielberg du monde entier ont été récompensés. Vous êtes bien installés ? Voici en exclusivité les grands vainqueurs de cette édition 2018.

Autour d’un principe simple, “une minute, un smartphone, une histoire“, 900 jeunes cinéastes des quatre coins du globe ont envoyé leur film d’une minute sur le site du Mobile Film Festival. Cinquante d’entre eux ont été sélectionnés, parmi lesquels six ont été primés dont deux remportant les prestigieuses bourses BNP Paribas. Des histoires courtes et percutantes, qui racontent le monde d’aujourd’hui − en évoquant notamment migrants, LGBT, harcèlement ou amour − avec ses frustrations et ses surprises. Découvrez sans attendre ce palmarès.

GRAND PRIX INTERNATIONAL ET PRIX DU PUBLIC : Unsung Hero

L’émotion, une valeur sûre

Difficile de ne pas être attendri par ce petit garçon qui perd son jouet préféré dans l’eau, au milieu d’une décharge. Alors qu’il est sur le point de renoncer à le retrouver, l’enfant tombe sur un héros qui va tout changer. Il n’a pas de nom, mais on le connaît tous. C’est le sauveur qui vous donne le smile pour la journée ou pour la vie. La musique fait chavirer, le slow motion est parfait pour appuyer le message. Le jury, présidé par Patrice Leconte, a sûrement versé sa petite larme devant ce court-métrage de Vinamra Pancharia, tout comme nous, puisqu’il décroche également le prestigieux Prix du public.

GRAND PRIX FRANCE : Monsters

Un regard artistique

La peur du noir et les cauchemars, on connaît ça. Manon Gaurin en a fait un poème imagé et hypnotique. C’est à coup sûr le film le plus esthétique de cette sélection 2018, avec une image rouge et bleue très captivante. Les ombres se dessinent sur le corps de l’héroïne, sur les murs aussi. Elle ne peut pas dormir. Est-ce réel ? Avec une BO très Stranger Things, ce court-métrage nous rappelle que les monstres n’existent pas – sauf dans notre tête.

PRIX DU SCÉNARIO : Yes, No

Savoir prendre à contre-pied, meilleur split de fin

Dire non en souriant, c’est possible, et ça claque ! Yes, No parle du harcèlement avec audace. Venu du théâtre, l’Italien Matteo Tibiletti mise tout sur le dénouement surprenant, comme dans une tragicomédie. Il n’y a que deux plans en noir et blanc sur deux bouches : aucun corps, ni visage. Le “yes” prononcé par l’homme, le “no”, par la femme. On se croirait dans une bande dessinée. Mais le sourire changera de camp, car un “non”, quelle que soit l’intonation, n’est jamais vide de sens.

PRIX DE LA MISE EN SCÈNE : Raahha

Des images chocs au plus près du réel

Une famille kurde se filme elle-même dans un bus, l’image tremble, leur sourire aussi. Des dizaines de corps sont inertes sur le sable et des sauveteurs arrivent au lever du jour. Une image d’effroi, que l’on a vue des centaines de fois à la télévision, mais qui fait toujours aussi mal. Ce court-métrage iranien dénonce l’inaction des gouvernements à travers les yeux d’une famille comme les autres. Un film prenant, ancré dans l’actualité.

PRIX D’INTERPRÉTATION : Leo Never Gives Up

Un message engagé

Leo Never Gives Up défend la cause LGBTQ+ à travers une histoire poignante. Léo, 11 ans, checke une liste de numéros dans sa chambre. Ils sont tous barrés, sauf un. On comprend vite à quoi correspondent ces chiffres : au bout du fil, quelqu’un répond. Le prix d’interprétation revient à Tamara Csillag, transgenre, qui joue ici une femme au bord du gouffre. Un seul mot est prononcé, tout le reste se joue dans le regard.

COUP DE CŒUR DU JURY : Brother

Simplicité

Le président du Mobile Film Festival, Bruno Smadja, avait raison : “Ce sont les films les plus simples qui sont souvent primés.” Ce court-métrage est simple et efficace : une aire de jeu sous un ciel d’hiver, deux enfants s’amusent, les joues rougies par le froid polaire. On dirait un banal film de vacances et pourtant tout y est. On fond devant ce frère qui vient secourir sa petite sœur d’une belle et étrange manière.

Vous vous demandez sûrement ce qu’ont remporté ces vainqueurs, non ? Les lauréats du Grand Prix International et du Grand Prix France ont décroché une bourse BNP Paribas de 15 000 euros chacun, qui leur permettra de se lancer dans la réalisation d’un court-métrage encore plus ambitieux et, pourquoi pas, plus long ! 

Car le Mobile Film Festival est un véritable tremplin pour les lauréats. Morgan Simon, qui a sorti en 2017 son premier long métrage Compte tes blessures, a remporté plusieurs prix dans les festivals dont la Mention spéciale du jury au Festival de San Sebastian en 2016. Vous voyez, ce n’est pas si dur de devenir le prochain Spielberg. Il faut une minute, une histoire et un smartphone. Pour le reste, c’est le Mobile Film Festival qui gère. Réfléchissez-y pour l’édition 2019 !