On a parlé de snowboard et de Big Air avec Arthur Longo, as de la discipline
On a parlé de snowboard et de Big Air avec Arthur Longo, as de la discipline

On a parlé de snowboard et de Big Air avec Arthur Longo, as de la discipline

Par Konbini avec Sosh

Publié le

Après un passage remarqué aux JO de 2014, Arthur Longo a décidé de mettre un terme à sa course aux prix et titres en 2016. Il était cependant là pour faire le show au Sosh Big Air 2017, à Annecy. On a profité de cette opportunité pour lui poser quelques questions.

À quelques semaines des Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang, en Corée du Sud, les sportifs donnent tout pour se préparer et s’entraîner. Preuve en est avec le Sosh Big Air 2017, événement unique en France où les meilleurs de freeski et de snowboard se sont croisés les 7 et 8 octobre. “Unique”, dans le sens où il s’agit de la seule compétition en France avec un big air – une espèce d’immense tremplin, ici de 42 mètres de haut (le plus haut du monde) – en plein centre-ville. Forcément, de Tess Ledeux, jeune championne de 15 ans à suivre de très près qui vient de passer une année à tout rafler (dont la victoire au Sosh Big Air de 2017), à Elias Syrjä, en passant par la légende Tanner Hall, ils étaient tous là.

Arthur Longo était aussi de la partie. Le snowboarder français s’était fait un nom en arrivant en demi-finale des JO de Sotchi en 2014, avant d’arrêter la compétition en 2016. Il était néanmoins présent au Sosh Big Air, à sauter dans les airs en faisant des figures acrobatiques comme seul lui a le secret. On est allé à sa rencontre pour revenir sur son parcours, parler des évolutions de la culture snow et de sa participation à l’événement.

Konbini | Pour commencer, comment as-tu rencontré le snowboard ?

Arthur Longo | Je suis né à Grenoble et j’ai toujours habité aux Deux Alpes, une station près de Grenoble qui a joué un rôle important dans le développement du snowboard en France. Mon père avait des potes très impliqués dans cette scène. Assez naturellement, quand j’ai eu 5 ans, ils m’ont proposé d’essayer. Mais à l’époque, il n’y avait pas de matériel pour enfant en snow. J’avais des chaussures de ski sur une espèce de planche trop grande pour moi… Enfin, on m’avait bricolé un truc [rires]. Mais ça a commencé comme ça.

Rapidement, tu as commencé à gagner des prix. Tu n’avais que 10-11 ans pour ton premier ?

Exactement. En fait, ils organisaient déjà les championnats de France pour les jeunes à ce moment-là. J’étais en poussin, et il y avait déjà une fédération qui organisait les compétitions. Je me souviens, j’avais gagné à Combloux, vers Chamonix, et c’était la première fois qu’on se comparait à d’autres gamins.

La compétition était sur un pipe d’ailleurs. C’est devenu ma spécialité, parce qu’il y en avait un aux Deux Alpes. En réalité, je fais partie de cette génération où on trouvait des pipes un peu dans toutes les stations. Vu qu’il n’y a plus trop d’infrastructures, il y a probablement une nouvelle génération qui s’y met moins facilement.

À quel moment es-tu devenu un professionnel à proprement parler ?

Honnêtement, à l’époque, c’était assez inavouable de dire que c’était ton métier. C’était un mode de vie plus qu’un sport. Ça ne se faisait pas. Mais assez rapidement, j’ai eu des contrats qui m’ont donné un peu d’argent. En réalité, depuis presque toujours, j’ai eu le statut de pro – depuis très jeune.

C’est marrant, parce qu’on a un peu l’image de la culture skate et de la culture surf, et là tu parlais du mode de vie. Du coup, c’est quoi la culture snow ?

À la base, c’est carrément un héritage du skate. On ne se l’est pas approprié du tout, mais vraiment on vient de la même culture. Cependant, on n’a pas la même histoire : tu ne peux pas comparer le cadre urbain du skate et la montagne. Mais en même temps, le snow n’est clairement pas un sport de montagnard. Il y a plein de snowboarders qui ne sont pas forcément alpinistes, et donc pas familiers avec le milieu de la montagne. C’est un peu ambigu.

Disons qu’à l’époque des années 1990, c’était un peu punk. On faisait des vidéos avec du rock, un peu comme ça. C’est toute une culture. Et puis, à la base, c’était un sport pas forcément construit en opposition au ski, mais disons en alternative à ce truc très rigide. Le snow voulait être plus libre et sans règles.

La culture skate a complètement explosé depuis, effet de mode oblige. Est-ce que la culture snow a évolué et changé depuis ?

Oui, mais pas à l’échelle du skate, qui est devenu un truc énorme. Le snow reste une pratique moins accessible, qui ne se fait qu’en station, et qui demande pas mal d’argent pour pratiquer et de la motivation. Comme ce n’est pas aussi accessible, c’est difficile de les comparer.

Mais il y a encore le côté fun, car ça reste un sport de jeunes qui veulent se faire plaisir avant tout. Il y a une nouvelle génération vachement dans cet esprit-là, très décalé, et qui refuse le snow plus professionnel.

Depuis, tu as gagné de nombreux prix et compétitions. Qu’est-ce qui a été le plus difficile ? Les JO de 2014 ?

Pour les JO, je m’étais donné les moyens, même si je n’ai pas fait ce que je voulais faire. Mais ce qui peut être vraiment dur, c’est de se sentir pas aussi bon que les autres – être un peu frustré, sentir qu’on n’est pas au niveau. Ça a dû m’arriver, mais ça ne m’a pas marqué pour être honnête.

Après, tu te retrouves dans un cadre un peu difficile : le stress des JO, où t’es mis à l’épreuve (surtout que ce n’est pas qu’une aventure personnelle, tu le fais pour les autres). Mais là, j’ai arrêté justement en 2016 et j’ai aucun mauvais souvenir. J’en garde que du positif.

Justement, en quoi un événement comme le Sosh Big Air t’offre une expérience différente de celle des compétitions classiques ?

L’intérêt cette année, c’est que la compétition n’est plus réservée au ski. En snow, on est moins nombreux, donc on n’aborde pas ça du tout de la même manière. C’est juste une ambiance : le public est fou ici !

Aujourd’hui, j’ai juste essayé de m’amuser et de faire plaisir au public. Je pense que ça n’a vraiment rien à voir avec le reste des compétitions. Mais c’est vrai que tu te remets un peu dans l’ambiance, avec les caméras et surtout le public. Ça, c’est le truc des big air.

Les big air sont très rares dans les villes, en France. Est-ce que tu trouves qu’on ne met pas assez en avant ce genre de choses ici ? Je sais qu’il y a pas mal de Français qui vont aux États-Unis pour s’entraîner justement.

J’ai toujours beaucoup critiqué, en tant que snowboarder, le fait qu’il manquait ceci ou cela dans nos stations, que c’était toujours mieux ailleurs. Mais j’ai beaucoup voyagé avec le snow, et j’ai vu ce qui se passait ailleurs. Et en fait on n’a pas trop de quoi se plaindre : on a beaucoup de choses. Il faut avoir en tête que ça demande énormément d’énergie de faire quelque chose comme le Sosh Big air. Je ne pense pas que “plus il y en a, mieux c’est”, mais plutôt qu’il faut avoir conscience qu’on a déjà de la chance d’en avoir, tu vois ?

Évidemment, c’est plus sympa quand t’as un snow park entretenu tous les jours, un peu à l’américaine – c’est plus pro. Ici, c’est plutôt en fonction du bon vouloir de chacun, ça change entre chaque station. Enfin, il y a des trucs sympas partout en France. Non, on ne peut pas trop se plaindre. Regarde derrière toi [rires] !

Le Sosh Big Air s’est déroulé à Annecy les 6 et 7 octobre 2017, devant près de 40 000 spectateurs.

https://www.facebook.com/HighFiveFestival/videos/1591817687544041/