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Irezumi : le tatouage japonais qui a influencé le graphisme mondial
Irezumi : le tatouage japonais qui a influencé le graphisme mondial

Irezumi : le tatouage japonais qui a influencé le graphisme mondial

Par Konbini avec 8.6.

Publié le

Vous n’avez probablement jamais entendu le mot Irezumi. Pourtant, ce style de tatouage japonais bien particulier influence notre imagerie commune depuis toujours.

C’est bien simple, le tatouage est indissociable de l’Histoire du Japon. Et pour cause, les Aïnous, les premiers habitants de l’archipel, s’y adonnaient déjà pour empêcher les esprits de pénétrer leurs corps. Depuis ces temps immémoriaux, la relation entre le pays et l’art de marquer la peau a beaucoup évolué, passant par des périodes où il était adoré et d’autres où il était littéralement interdit. Aujourd’hui légal mais très mal perçu par de nombreux Japonais, l’Irezumi a cependant influencé le monde du tatouage et du dessin à travers toute la planète.

À l’occasion de la collaboration entre 8.6 et le tatoueur Tintin, revenons sur cet art autour duquel s’est construite l’identité japonaise.

Tatouage noble et tatouage crapuleux

Si le tatouage est présent à toutes les époques de l’histoire japonaise, c’est indéniablement à l’ère Edo (1600-1868) qu’il a pris toute son ampleur. Jusque-là limité aux rituels et aux traditions locales, il trouve de nombreuses utilités dans la société japonaise qui s’organise. Il sert par exemple aux tobi, un corps de métier bien particulier dont les membres sont des grimpeurs émérites qui accrochent les incroyables décorations des différents festivals traditionnels et luttent parfois contre les incendies. Préférant travailler torse nu, ils se font couvrir de tatouages toujours plus beaux que tout le monde peut voir depuis le sol et sont la fierté de chaque quartier.

© Andrea Lardani / EyeEm Getty

Ces magnifiques décorations corporelles séduisent aussi ceux qu’on appelle à l’époque les “chevaliers de la rue”, des hors-la-loi défendant la veuve et l’orphelin qui donneront paradoxalement naissance aux Yakuza, la mafia japonaise à l’origine du rejet actuel du tatouage dans l’archipel. Sans surprise, et comme partout dans le monde, se développent donc les tatouages de prison, voire, dans certains cas, les marquages par tatouage de certains criminels. Afin de masquer ces derniers, nombre de criminels se font ensuite tatouer autour ou par-dessus leurs anciens dessins pour ne pas être identifiés. La créativité et la complexité de l’Irezumi sont donc poussées par deux courants parallèles et contradictoires : l’admiration et la dissimulation.

Une vision japonaise

Mais le Japon n’est pas un pays comme les autres. Et là où un autre aurait décidé d’industrialiser la pratique du tatouage, les tatoueurs japonais ont pris le contre-pied. Dans le véritable Irezumi, il n’y a donc ni machine ni dessins répétés à l’infini. Chaque motif est unique et le maître peut y passer plusieurs années. Quand on réalise une œuvre d’art, le temps constitue un facteur purement secondaire. C’est à cette exigence, cette minutie et cette habitude japonaise de tout pousser jusqu’au dernier degré de maîtrise que l’on doit donc l’influence du tatouage japonais sur le monde.

Et nous sommes exposés à cette dernière chaque jour. Notamment sur nos corps et sur ceux de nos proches puisque même la notion de tatouage géant couvrant tout un bras, un dos ou un torse est née dans les petits ateliers des maîtres Irezumi-Shi.

Une influence graphique monumentale

Au-delà de la pratique, c’est aussi le style Irezumi qui influence notre culture graphique. Lui-même inspiré de la mythologie japonaise et des fameuses estampes, il représente aussi bien des phœnix que des dragons et des scènes de la vie quotidienne aux personnages particulièrement expressifs. Ce sont ces dessins et ce trait d’une grande finesse qui sont à la base de l’imagerie des mangas. Or, ces derniers influencent encore aujourd’hui dessins animés, bandes dessinées, films, effets spéciaux, designers et créateurs de mode. Sans oublier les tatoueurs contemporains.

Parmi eux, on peut d’ailleurs citer Tin Tin, le plus célèbre de tous les tatoueurs français. Lors d’une récente collaboration avec les bières 8.6 pour l’édition collector #intenseparnature, ce dernier a en effet réalisé un splendide dragon japonais reprenant les codes les plus marquants de l’Irezumi : finesse du trait, complexité des ombrages et harmonie des courbes.

Bref, vous l’aurez compris, le tatouage japonais est partout et nulle part à la fois. Cet art d’une profondeur exceptionnelle et trouvant ses origines dans celles de nombreuses ethnies japonaises vous éclaire un peu de sa lumière dans chaque action de votre vie. Et ça rend clairement le monde plus beau.