Du rap français au tatouage : l’univers néo-noir du réalisateur Valentin Petit
Du rap français au tatouage : l’univers néo-noir du réalisateur Valentin Petit

Du rap français au tatouage : l’univers néo-noir du réalisateur Valentin Petit

Pour immortaliser la soirée EQT Party organisée à Paris par adidas Originals France et Hypebeast, cet amoureux de l’image a donné vie à un film à l’esthétique dystopique, au croisement de la fiction et la réalité. À cette occasion, il nous parle de ses influences, de sa vision artistique, et de ses rêves.

Vendredi 8 septembre, 23 heures. Malgré la pénombre qui s’est installée dans l’enceinte du Palais de Tokyo, il règne ce soir une ambiance électrique, lumineuse. Tandis que sur scène, les rappeurs S.Pri Noir et PNL s’apprêtent à interpréter leurs titres favoris, dans la fosse, la jeunesse créative de Paris, réunie en un cortège flamboyant, s’ouvre pour laisser place à une horde de danseurs aux allures futuristes, portant les toutes dernières paires de EQT : une ligne de chaussures de sport originellement dédiée au sport à sa naissance dans les années 90, qu’adidas Originals revisite aujourd’hui dans une version davantage streetwear.

Non loin de là, un jeune homme équipé d’une lourde caméra se faufile au cœur de cette joyeuse foule. Il s’appelle Valentin Petit et, du haut de ses 27 ans, il est l’un des réalisateurs les plus en vue de la scène française. Après avoir imaginé des clips pour Nekfeu ou Everydayz, ce passionné de voyages a créé une série de courts métrages remarqués dans de nombreux festivals, dont celui, prestigieux, de San Sebastián. Grâce à sa vision créative, marquée par une ambiance à la fois sombre et mélancolique, Valentin Petit a donné vie à une vidéo immersive, qui nous plonge avec puissance dans l’univers d’adidas Originals, au croisement de la street culture et des tendances de demain. Rencontre.

PNL, @sprinoir , @hypebeast , @kyusteed L’essence de la street-culture parisienne a électrisé l' #EQT party. @valentinpetit90

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“Les grands réalisateurs comme Neill Blomkamp influencent énormément mon travail”

Konbini | Tout d’abord, j’aimerais revenir à tes débuts. Quand as-tu commencé à t’intéresser à la réalisation, et qu’est-ce qui t’a poussé vers ce médium ?

Valentin Petit | Depuis mon enfance, j’ai toujours été attiré de près ou de loin par les métiers artistiques et plus particulièrement par ceux de l’image. La réalisation m’a permis de réunir mes différents centres d’intérêts en un seul médium.

Y a-t-il des artistes (photographes, réalisateurs ou autres) qui t’inspirent particulièrement pour ton travail ?

Les grands réalisateurs comme Neill Blomkamp, Dario Argento, Takeshi Kitano, ou des noms plus récents comme Nicolas Winding Refn, influencent énormément mon travail. Leurs univers visuels, la façon de développer la narration et la direction d’acteurs sont tellement personnels… cela force le respect. De même, par exemple, la manière dont le photographe Nobuyoshi Araki exorcise la mort de sa femme via ses natures mortes très sombres, teintées de mélancolie, me touche particulièrement. J’adhère plus à la vision d’un événement vécu par l’artiste qu’à un medium en particulier.

Quand on regarde l’ensemble de tes films, on découvre une atmosphère assez mystique, sombre parfois même… Comment définirais-tu ton identité visuelle ?

J’ai encore un peu de mal à définir mon style, j’essaye d’avoir une continuité dans mes travaux personnels afin d’approfondir mes sujets, mon style, mes réelles envies et motivations dans le milieu… On pourrait peut-être décrire cela comme du néo-noir relevé d’une touche de science-fiction ?

“Le clip doit rester un amusement et un laboratoire d’expérimentations”

Tu as réalisé des clips pour plusieurs artistes français, dont Nekfeu, Everydayz, et plus récemment Raphaël. Qu’est-ce qui t’attire dans le fait de mettre une musique en image ?

Je trouve cet exercice très stimulant, quand les artistes nous donnent une carte blanche. En effet, cette extrapolation de l’esprit sur un morceau repose sur des souvenirs personnels, une envie de s’exprimer sur un sujet, une vision du monde… Ces revendications ne sont possibles qu’à partir du moment où le son vous touche. Le clip doit rester un amusement et un laboratoire d’expérimentations.

J’ai beaucoup aimé le film que tu as dédié au tatoueur Rafel Delalande. Qu’est-ce qui t’a donné envie de tirer le portrait de cet artiste ?

Mon but était de rendre accessible un mode de vie alternatif à une population plus large. Le réel défi, c’était de traiter cela en terme graphique et de direction artistique dans ma réalisation. Je ne souhaitais pas tomber dans les clichés du milieu satanique : noir et blanc, du sang, des bouquetins sortant tout droit de l’enfer… J’ai essayé d’adoucir le trait pour me concentrer sur le discours humaniste du personnage. Une très belle rencontre qui m’a énormément touché.

Pourrais-tu me raconter l’histoire du film Anthophobia, qui a séduit plus d’un festival tout au long de l’année 2016 ?

Anthophobia, c’est un fil conducteur assez simple : j’ai repris le discours des radicaux islamistes et j’ai remplacé le nom de leur dieu par “Nature”. On se rend rapidement compte de l’absurdité du discours, et de l’aliénation progressive de l’homme. Évidemment, ce discours personnel est une critique implicite à l’égard de toutes les religions.

La musique, le tatouage, la nature… quels sont tes autres sujets de prédilection ?

J’aime beaucoup le rapport à la violence physique, la douleur… Il en découle des
effets sur le corps et l’esprit. Dans les films qui m’ont vraiment marqué, j’aime voir l’évolution psychologique des personnages accompagnant souvent un changement d’état physique.

“À travers leurs collaborations internationales, comme A$AP Ferg ou Romain Gavras, adidas initie les tendances de demain”

Aujourd’hui, tu dévoiles un film spécialement pensé pour adidas. Comment est née cette collaboration ?

adidas m’a déniché via les réseaux sociaux. Nous nous sommes rencontrés pour parler du lancement d’un nouveau produit sur lequel ils souhaitaient avoir ma vision. C’est leur volonté de mettre en avant l’héritage des années 90 qui m’a séduit.

Ces dernières années, adidas a donné vie à des films aux univers marquants, je pense notamment à la campagne “ORIGINAL is never finished” (dans laquelle on retrouvait la réalisatrice Petra Collins, entre autres), ou plus récemment celle réalisée au côté de Pharrell Williams. En quoi la marque aux trois bandes est-elle inspirante pour ton métier de réalisateur ?

À travers leurs collaborations internationales, adidas initie les tendances de demain en misant sur des artistes qui me parlent. Je pense récemment à A$AP Ferg que j’écoute en boucle, ou plus anciennement des réalisateurs comme Romain Gravas. Ces références visuelles et sonores inspirent indirectement toute une génération via les réseaux sociaux.

Comment es-tu parvenu à retranscrire l’esprit de la gamme EQT, pour laquelle était
organisée la soirée du 8 septembre au Palais de Tokyo ?

À travers un film mélangeant technique et lifestyle. Cette dynamique se retrouve dans l’alternance de plans maîtrisés à l’imagerie publicitaire classique et des passages plus mouvants, plus bruts, plus sauvages. L’idée était aussi de faire écho au claim EQT, “L’essentiel, rien d’autre”… On obtient un montage dynamique, reflet de cette chaussure dédiée originellement au sport mais qui est désormais une icône lifestyle.

Quelle est ta relation avec la culture streetwear ? Est-ce un monde qui te parle ?

C’est un milieu que j’affectionne particulièrement à travers la musique, les codes et les valeurs. L’apparence physique via les textiles montre en partie qui vous êtes : en tant que réalisateur, c’est un bonheur de jouer avec tout cela.

“La créativité est un mélange complexe d’expériences personnelles”

Lorsqu’on fait défiler ton compte Instagram, on découvre des clichés pris aux quatre coins du monde : aux États-Unis, au Vietnam, en Australie, au Burkina Faso… Le voyage, c’est important pour stimuler sa créativité ?

J’estime que la créativité est un mélange complexe d’expériences personnelles, de centres d’intérêts et d’ouverture d’esprit. Par conséquent, il est intéressant de se confronter à d’autres cultures, modes de vies… J’ai complètement conscience de la chance que j’ai de pouvoir voyager aux quatre coins du monde dans le cadre de mon métier.

Quel est le voyage qui t’a le plus marqué en tant que réalisateur ?

En tant que réalisateur, j’ai vraiment une affinité particulière avec la Corée du Sud. Culturellement parlant, c’est une claque !

Et celui que tu aimerais faire ?

Passionné d’architecture, Brasilia est une destination que j’envisage de faire dans l’année.

Quels sont tes projets en cours ?

Le plus important, monopolisant 70% de mon temps, c’est la finalisation de mon court métrage qui sera disponible dans quelques semaines. Une étape importante pour aller, je l’espère, vers le long métrage.

Et pour finir : le film de tes rêves, il ressemble à quoi ?

Un film à la liberté artistique totale, sans restriction budgétaire : à bon entendeur !

Retrouvez la nouvelle gamme EQT sur adidas.fr