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Avant Hulk ou Daredevil, il y avait les super-héros français
Avant Hulk ou Daredevil, il y avait les super-héros français

Avant Hulk ou Daredevil, il y avait les super-héros français

Par Konbini avec Netflix

Publié le

Daredevil, le célèbre Defender a envahi nos écrans dans la nouvelle série Netflix – disponible depuis le 10 avril dans son intégralité. Pour connaître ses origines, on s’est renseignés sur les Defenders, qui constituent, avec les Avengers et les X-Men, une des trois grandes familles de l’univers Marvel, et nous sommes tombés sur un ouvrage fascinant répondant au nom de Super Héros : une histoire française.
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Nous avons interviewé son auteur, Xavier Fournier, expert en comics, qui nous a parlé des origines, presque historiques des super-héros. Il nous a notamment appris que oui, avant les super-héros américains, il y avait des justiciers français. Cocorico !

Des justiciers remplaçant les saints et les chevaliers

Qu’il soit issu des hautes classes sociales ou non, le super-héros défend par définition la veuve et l’orphelin. Xavier Fournier avance que cet élément essentiel est avant tout politique : “Au XIX° siècle, il y a des régimes politiques très différents, contradictoires, qui se suivent à un rythme rapide. Ce qui fait que si vous êtes du côté d’un Napoléon, vous êtes en haut ou en bas de l’échelle, selon qui a le pouvoir. Et cinq ans plus tard c’est le contraire : c’est ce qui va permettre à un bagnard comme Vidocq de devenir une sorte de super-flic”.
Autre détail de poids : le super héros s’adapte à une société récemment urbanisée qui évolue rapidement. Notre expert témoigne :

À un moment, la société a éprouvé le besoin d’imaginer des hommes providentiels dans le monde moderne, les mythes et les saints faisaient de moins en moins l’affaire. Alors on s’est mis à les chercher, que ce soit dans la réalité (Vidocq) ou dans l’imaginaire (Monte-Cristo).

Le masque pour tromper l’ennemi

Très vite les justiciers ont adopté le port du masque pour des raisons sociales : “D’abord dans les histoires le masque et le costume servent à des héros de milieux aisés pour hanter des quartiers populaires. Et inversement, des héros venus de classes populaires peuvent se faire passer pour de mystérieux milliardaires”.
Et de préciser :

Le masque transmet l’idée que le représentant d’une classe peut tromper son monde dans un autre milieu social.

Avant de protéger son identité pour se protéger des méchants et des assureurs des biens publics de la ville, le héros voulait juste casser les codes des classes sociales. Au final, un beau masque a aussi ses raisons esthétiques et permet à chacun de s’identifier au héros sans visage.

Qu’est ce qu’un super héros finalement ?

Pour clarifier les choses, Xavier Fournier nous rappelle que “super-héros”, “c’est un terme qu’on utilisait pendant la Première Guerre mondiale pour désigner les héros de guerre qui se surpassaient, qui allaient au-delà du devoir que l’on attendait d’eux. Le super-héros, c’est un héros qui dépasse le héros conventionnel, qui dépasse ses propres limites. Batman ne vole pas, n’a pas de rayon laser qui sort des yeux… Mais c’est un super-héros, au même titre que Superman”.
Il n’y aurait donc pas besoin d’être un surhomme ?

Le surhomme de Friedrich Nietzsche est un être pas vraiment sympathique, qui nous est tellement supérieur qu’au mieux nous lui sommes indifférents. Au pire, il nous écrasera. Le surhomme façon super-héros, ce n’est pas vraiment un être au-dessus de l’Homme mais un homme qui fait plus de choses. C’est un homme sublimé.

Pas de super-pouvoir, mais quoi alors ?

On serait presque déçu d’apprendre que nos justiciers français n’étaient que des supers flics qui inspectent les bas-fonds de Paris avec un masque vénitien : il n’en est rien. Notre fan de comics évoque par exemple un de ses super-héros favori : l’Oiselle, “une héroïne volante de 1909, qui porte une combinaison noire, de fausse ailes à armature (façon chauve-souris) qui lui servent à voler au-dessus de Paris ou des Pyrénées. Elle a de nombreux gadgets dont un système de vision nocturne. En lisant ce roman il est très difficile de ne pas penser à une émule de Batman avant l’heure”.
Des capacités hors du commun donc, mais où sont les méchants ? Chez Monte-Cristo, “l’Homme qui rit” annonce le personnage du Joker, Rocambole quand à lui doit affronter la “Belle Jardinière” aux airs de Poison Ivy.

Ces gadgets qui anticipent la science

Quels étaient donc ces gadgets ? Des inventions farfelues plus ou moins réalistes utilisées par nos super-héros pour compenser l’absence de dons surnaturels.

C’est pour ça qu’au début il y a très peu de super-héros “fantastiques”, l’essentiel tient plutôt à une forme de pseudo-science. Comme Vautrin, personnage de Balzac qui peut modifier son apparence en utilisant des produits chimiques.

Le goût prononcé du public pour ce genre d’inventions continuera de faire le boulot.
Même si nous avions des personnages comme Fascinax aux “pouvoirs mentaux énormes”,  nous touchons un point qui différencie beaucoup nos super-héros de leurs confrères américains, il y a beaucoup moins de surnaturel. Les créateurs de super-héros américains n’ont d’ailleurs pas hésité à foncer vers une course aux super-pouvoirs, aboutissant ainsi à des personnages quasi-divins à la force titanesque.

Au final

Il serait follement prétentieux de se réclamer de toute la paternité des super-héros américains, mais il y a une part d’héritage, oui. Chaque pays a de son côté de l’Atlantique plus ou moins consciemment inspiré l’autre jusqu’à la libération où les deux cultures se sont directement rencontrées. Nous avions une partie de la structure du super-héros, ils avaient la soif d’action issue de leurs romans de western. Finalement la science-fiction achèvera d’unifier ce style.
Retrouvez Homo le Robot, Atomas, La Brigade Chimérique et plein d’autres super héros français dans Super Héros : une histoire française de Xavier Fournier.
Si vous n’avez pas déjà vu le trailer de la série Daredevil, déjà disponible sur Netflix, le voici :