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“Il faut montrer aux jeunes qu’ils sont importants” : Ahmed Dramé, rencontre avec un acteur engagé
“Il faut montrer aux jeunes qu’ils sont importants” : Ahmed Dramé, rencontre avec un acteur engagé

“Il faut montrer aux jeunes qu’ils sont importants” : Ahmed Dramé, rencontre avec un acteur engagé

Nous avons eu la chance de rencontrer l’acteur et auteur Ahmed Dramé pour parler de ses débuts, de sa démarche en tant qu’artiste et de son engagement auprès de Médecins Sans Frontières.

Le destin du scénariste, acteur et auteur Ahmed Dramé est lié au film Les Héritiers. C’est grâce à ce long-métrage de 2014 qu’il s’est fait un nom dans le milieu du cinéma, en jouant dans l’adaptation filmique de l’histoire de sa propre classe de seconde, au sein d’un lycée réputé difficile de Créteil, qui avait remporté le Concours national d’histoire de la Résistance et de la déportation en 2009. Extrêmement bien reçu par la critique, le long-métrage de Marie-Castille Mention-Schaar a valu à Ahmed Dramé d’être nommé pour le César du meilleur espoir masculin.

Âgé aujourd’hui de 23 ans, Ahmed Dramé est celui qui incarne corps et âme la nouvelle campagne de Médecins Sans Frontières à destination des jeunes. Rencontre avec l’emblème d’une génération sensibilisée, engagé aux côtés de l’ONG.

Konbini | Est-ce que tu ressens une forme d’engagement par rapport à ta génération quand on parle de ton parcours comme de l’histoire d’un espoir ?

Ahmed Dramé | Naturellement, je ressens un engagement, car à partir du moment où tu es exposé, tu es amené à inspirer. Et même si tu n’as qu’une influence sur une ou deux personnes, tu dois faire attention, tu représentes des valeurs et une image. J’essaye de me porter garant d’une jeunesse qui y croit, qui en veut et j’aime ce rôle parce que le plus important est d’inspirer les gens.

Tu as commencé par un premier rôle, tu as été scénariste et tu as été nommé pour le César du meilleur espoir masculin en 2015 : peux-tu parler d’un avant-après César, comme il y a eu un avant-après concours dans ta classe de seconde ?

Avant une récompense, tu es dans une quête dans laquelle tu veux toujours exposer ta créativité. Comme on ne te connaît pas vraiment, tu as besoin de montrer, de prouver. Une fois que tu arrives aux César, tu le prends comme un soutien du milieu et non comme un accomplissement. Même si cela rend heureux qu’on fasse attention à toi, d’être vu avec plus de respect, d’avoir plus de propositions, tu restes le même car tu n’as rien accompli.

Tu as écrit un livre, Nous sommes tous des exceptions (Fayard), après la sortie du film Les Héritiers. Qu’avais-tu à ajouter ?

Il y a un terme que je n’ai pas aimé quand on essayait de décrire cette aventure, celui de “conte de fée”. J’ai voulu montrer que mon histoire n’avait rien d’exceptionnel. Je ressemble à beaucoup de jeunes : même délire, même façon de penser, mêmes soucis face à la vie. Le milieu social dont on vient n’est pas important pour déterminer ce qu’on va devenir et la seule chose qui détermine toute la jeunesse c’est : nous sommes de jeunes citoyens français avec des rêves, mais aussi des barrières. Ce titre veut dire que j’étais les autres et que les autres étaient moi.

J’ai l’impression que l’idée d’indépendance a toujours été importante dans ta carrière. Un modèle t’a inspiré en particulier ?

L’idée d’indépendance renvoie à tout ce qui peut m’inspirer. L’envie d’écrire seul dès le départ, c’est parce que j’avais conscience très tôt que j’avais une histoire à raconter, je voulais laisser une trace, inspirer. Et j’ai toujours été fan des histoires inspirantes autour de moi. Par exemple, je peux être fan d’un footballeur qui joue dans une équipe de bas de tableau parce qu’il a un parcours qui inspire. Et c’est aussi le cas de MSF partout à travers le monde, par l’information qu’elle transmet ou les risques qu’elle prend pour agir.

Quel est le sens de l’engagement selon toi ?

L’engagement c’est une chose qui nous est propre, qu’on ne s’octroie pas. On s’engage naturellement, car cela nous détermine. On ne choisit pas de faire à défaut ou dans un but précis, on le fait parce que c’est essentiel, vital.

Qu’est-ce qui t’a séduit dans cette campagne pour MSF ?

Déjà, c’est une campagne qui, au niveau visuel, attrape l’œil ! J’ai aimé l’univers, le décor, le regard est immédiatement capté. Le clip a été réalisé par une équipe jeune, de Division Paris, et cela montre comment on peut s’allier sur un projet et se faire plaisir pour la bonne cause. C’est ce message qu’on veut montrer à travers les collaborations, les récompenses, les dons.

À ton avis, comment arriver à une plus grande mobilisation de la part des jeunes ?

Il faut montrer aux jeunes qu’ils sont importants, qu’on compte sur eux. Et c’est le ton de la campagne MSF, qui existe depuis 1971, et qui demande aujourd’hui à la jeune génération de venir grossir ses rangs, pour que l’ONG puisse tenir debout en toute indépendance. C’est un appel à prendre le relais si on veut qu’un maximum de personnes dans le monde puissent garder leur dignité, et ça ne se fait pas tout seul ! Ici, par exemple on a voulu enlever le côté pénible du don et montrer qu’aujourd’hui, il y a mille et une façons d’aider : ici, tu peux faire un don et avoir en récompense un T-shirt d’une marque cool associée à MSF, le porter et le poster sur les réseaux pour soutenir la campagne.

C’est la première fois que tu t’engages ? 

Oui, j’ai déjà remis des cadeaux dans des hôpitaux avec Cé ke du bonheur, mais MSF c’est très fort et hautement symbolique pour moi car je connais cette association depuis que je suis tout petit. D’ailleurs je crois qu’on devrait sensibiliser dès le plus jeune âge, à l’école, sur l’importance des ONG, expliquer pourquoi il est important de continuer à créer des associations, en sensibilisant au monde associatif.

Quelles sont les valeurs qui te plaisent chez MSF ?

Ce que MSF propose c’est un partage énorme et je ne parle pas seulement à travers les bénéficiaires. Il y a un partage de connaissances sur le monde dans lequel on vit et sur la façon dont on peut faire évoluer les choses. Et la connaissance, c’est merveilleux car ça ne se perd pas.

Quelle est aujourd’hui la place de l’engagement dans tes choix artistiques ?

J’ai fait ce métier pour une raison : partager des émotions avec les gens pour les inspirer. Alors j’essaye dans mes choix de carrière de suivre au maximum ma ligne de conduite. Tout ce que je fais, dans le cinéma, dans l’écriture, à travers la mode ou avec MSF correspond à la personne que je suis. Résultat, je suis fier de tout, au même niveau.

Et justement, quels sont tes projets à venir ? 

Je viens de terminer le tournage de la série Les Grands, réalisée par Vianney Lebasque qui m’avait révélé comme acteur dans Les Petits Princes. Nous étions à Amsterdam et je suis très fier d’avoir participé à cette série… Je ne vais pas spoiler cette saison 2, qui arrivera sur OCS à la rentrée prochaine, mais c’est un rôle en parfaite adéquation avec la personne que je suis ! Et je suis également en préparation d’écriture sur mon prochain film avec ma productrice Marie-Castille Mention-Schaar qui avait produit et réalisé Les Héritiers. On peaufine une première version du scénario, on avance bien, on développe pas mal d’idées, et j’espère pouvoir être prêt à la rentrée prochaine…

On est impatient… quelle sera l’histoire ?

Une histoire inspirante, une histoire d’amour, une histoire sociale… toujours fidèle à ce que je suis !

Dis-nous, pour finir, à qui offrirais-tu ces récompenses proposées en échange de dons sur la plateforme de financement participatif de MSF ? 

MSF appelle votre grand-mère, partenaire, patron…

Il y a tellement de personnes qui mériteraient qu’on leur fasse mes louanges… [rires]. Mais je ferais plutôt l’inverse, je remercierais les gens plutôt que de me mettre en avant car c’est ma façon d’être… Et même si c’est difficile de choisir, je prendrais deux dons pour deux coups de fil pour :

  • Marie-Castille Mention-Schaar, car elle m’a permis d’avoir une voix et d’incarner quelque chose de fort. Elle a tout de suite cru en moi, elle m’a vu grandir, mûrir et on travaille encore ensemble aujourd’hui. C’est à elle que j’enverrais toutes les bonnes ondes possibles pour qu’on lui chante ses louanges à elle.
  • Mélanie Cagniart, directrice de la collecte des fonds privés chez MSF, car on a beaucoup partagé. J’avais une connaissance limitée sur les intentions et les actions de MSF, sur ce qu’il se passe le terrain, elle m’a beaucoup appris. Et elle fait partie de tous les gens de cette asso qui sont des personnes exceptionnelles et dont on ne parle pas assez.

Une culotte breakfast club “MOVE YOUR ASS”

Une culotte qui fait bouger les choses ? Wow ! À qui ? Je l’offrirais à tous les jeunes de France comme source de motivation, surtout pas pour dire vous êtes fainéants mais justement pour donner une bonne impulsion à chacun ! Ou alors à moi-même car je suis positif et je trouve ça sympathique de se lever tous les matins en voyant une petite culotte qui dit de se bouger !

L’indépendance n’a pas de prix, mais elle a un coût

Sur le mode du crowdfunding, la campagne de MSF pour garantir son indépendance sur les terrains et dans ses actions propose un objectif : atteindre un million d’euros d’ici le 19 janvier. En échange, les donateurs pourront choisir des récompenses très cool : calendrier avec des chats, sweats Kitsuné, affiches du street artiste Combo et même la possibilité d’aller sur le terrain à découvrir ici.