Zimmer dévoile un nouvel EP : retour sur l’ascension du producteur français

Zimmer dévoile un nouvel EP : retour sur l’ascension du producteur français

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Par Arthur Cios

Publié le

Fraîchement débarqué de la maison Roche Musique, Zimmer balance son nouvel EP Coming of Age, accompagné d’une vidéo making-of. On a parlé avec le producteur, histoire de comprendre son parcours entre Annecy, Los Angeles et Paris. Portrait.
Quand Baptiste répond au téléphone, le bruit des vagues et des vacanciers en fond sonore, il est d’une sérénité impressionnante. “J’ai joué à Calvi le week-end dernier, mais j’y suis resté un peu pour des vacances.” On perçoit dans sa voix une certaine humilité, voire même un poil d’étonnement, comme si le bonhomme était au fond encore surpris de faire des grosses dates comme celles-ci, alors que le week-end d’encore avant, il jouait à Solidays.
Ce n’est pourtant pas un hasard s’il en est là aujourd’hui. Bien qu’il soit issu de cette génération d’artistes biberonnés à l’Internet époque blog et SoundCloud 1.0, Zimmer n’est pas un phénomène éphémère, venu de nulle part, risquant de disparaitre aussi rapidement qu’il est apparu.
DJ depuis 2004, producteur depuis 2010, à l’époque dans le label de Moulinex, maintenant dans une des meilleures écuries d’électro françaises, ayant fait ses armes avec de multiples remixes et autres productions, Baptiste n’a plus grand chose à prouver. Et pourtant, son dernier bébé en date, Coming of Age, qui sort aujourd’hui, est un bon tournant dans sa carrière. Et ce n’est que le début.

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Haute-Savoie, Californie et Paris

Tout commence en Haute-Savoie, plus précisément dans la ville d’Annecy. Si son périple est passé par la Californie à de multiples reprises, c’est ici que Baptiste a grandi. “Mon père était chercheur, il a fait des échanges avec des labos américains, du coup j’ai vécu trois ans à San Francisco très jeune, puis j’y suis retourné pour faire ma cinquième, où j’habitais à Los Angeles” explique-t-il.
Forcément, l’expérience marque. Le contraste entre Annecy et la Californie est plus qu’évident. Et même s’il y retournera tous les étés, c’est bien dans les Alpes qu’il passera la majeure partie de sa jeunesse. Côté musique, après une dizaine d’années à faire du piano, il change de registre en 2004 en se tentant DJ, alors qu’il n’a que 16 ans.
Après un passage par une école de commerce, le jeune homme débarque à Paris en 2010 avec plein d’idées en tête. Bien qu’officiellement là pour son école de design, il compte surtout se mettre à la production.

J’ai toujours plus ou moins essayé, mais je trouvais que ce que je faisais était moyen. Puis j’ai découvert Aeroplane, Todd Terje, toute cette vague nu-disco, fin 2009, début 2010. J’avais trouvé mon style, j’ai rapidement réussi à faire des morceaux qui me plaisaient et j’ai continué.
J’ai attendu d’avoir quelques démos solides, puis je les ai envoyées à mes trois DJs préférés de l’époque, Moulinex, Aeroplane et Alan Braxe, via la messagerie SoundCloud. Moulinex m’a répondu “Ah il est cool ton track, change-ci, change-ça…” donc je l’ai fait, et il m’a dit qu’il voulait le sortir sur son label.
C’était inespéré, incroyable. Probablement le plus beau moment de ma vie, la réception de ce mail. Je n’étais qu’un apprenti producteur faisant de la musique dans sa chambre.

La machine était lancée.

Du producteur à mi-temps à Roche Musique

De là s’enchainent titres, remixes et tapes mensuelles. Le nom “Zimmer” commence à apparaître dans quelques clubs parisiens. Bien qu’encore étudiant, son premier maxi, Horizontal Disco, sort à l’automne 2011 sur le label de Moulinex, Discotexas. Pendant ce temps, il rencontre ses futurs collègues et amis, la team Roche Musique, alors que le label n’existait même pas encore.

En 2011, je les avais tous vus à une soirée au Nouveau Casino où il y avait Kartell et Cherokee qui jouaient. J’en étais encore à mes débuts, juste après la sortie de mon premier morceau. Mais on a vite accroché.

Une fois diplômé, il trouve un job de designer où il a son vendredi de libre, histoire de pouvoir faire un peu de musique et de mixer. C’est à peu près au même moment qu’il joue pour la première fois au Wanderlust, un club/terrasse qui ouvre mi-2012. Très rapidement, le directeur artistique Frédéric Agostini, légende de la nuit parisienne pour avoir notamment été le papa des soirées Respect pendant l’âge d’or de la French Touch, repère le jeune Baptiste et le nomme résident de la boîte, avant de devenir son manager chez Savoir Faire.
Le boulot devient rapidement à mi-temps, histoire de pouvoir tourner un peu plus, jusqu’en mars 2014, où il se consacre à la musique exclusivement et quitte son travail. Une décision qui arrive en même temps que la signature de ce dernier chez ses amis de Roche Musique.

On s’était toujours dit avec Jean [Janin, plus connu sous le nom de Cézaire, fondateur du label, ndlr] qu’on devait travailler ensemble, et le bon moment est arrivé l’année dernière. J’en avais assez d’être sur un label où l’on ne communiquait que par Skype alors que je passais du temps avec la bande de Roche. C’était le choix naturel et évident de signer avec eux, autant musicalement que humainement.

Un producteur insatiable

En découle “Sensify Me”, un titre comme son nom l’indique sensuel et suave. Zimmer, enfin libre de faire de la production à plein temps, décide de prendre le large et de se lancer dans un plus gros projet, son EP Coming To Age.

L’idée de “Sensify Me” était de rentrer sur le label, avant d’avoir un format EP, un vrai projet artistique, avec plusieurs titres, des featurings, une identité graphique forte. Ça fait quasiment un an que je travaille dessus. J’ai essayé de ralentir le jeu, parce qu’avant je sortais beaucoup de tracks et j’avais besoin d’un petit reset. Je me suis posé, j’ai vachement expérimenté, essayé. J’ai dû écrire une trentaine de démos, pour arriver aux quatre titres dont j’étais vraiment content.
Pendant cette période où j’ai tout de même continué à tourner et à faire quelques remixes, j’ai passé deux mois dans la maison de Miami Horror, un groupe australien qui habite à L.A. L’un d’eux n’était pas là pendant deux mois donc j’ai pris sa chambre et son studio dans la maison.

Le réalisateur californien Dade Shields l’a d’ailleurs suivi à cette période pour réaliser ce mini documentaire dans lequel Zimmer revient sur la genèse de Coming of Age.

Son EP, quant à lui, contient donc quatre titres, dont on ressent toute l’histoire de Zimmer, de ses voyages outre-Atlantiques et de ses ballades américaines à ses rencontres et son entourage.
Et la suite ? Il voit déjà loin.

Pour commencer, j’ai une grosse tournée jusqu’à mi-octobre avec une trentaine de dates, principalement en Amérique du Nord, mais aussi en France et en Asie. J’ai envie d’écrire un album à un horizon d’un an et demi, deux ans, donc je vais retourner en studio et écrire des démos cet été. J’ai déjà une idée assez précise des voix et artistes avec qui je veux collaborer. J’ai aussi quelques remixes en cours de préparation.

Un producteur insatiable, qui n’est pas prêt de s’arrêter là.
Coming of Age est disponible sur iTunes juste ici.