En écoute : Zed Yun Pavarotti livre “Beauseigne”, un album pudique mais puissant

En écoute : Zed Yun Pavarotti livre “Beauseigne”, un album pudique mais puissant

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“Beauseigne” Clip

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Par Hong-Kyung Kang

Publié le

Dans ce nouveau projet, le jeune artiste rappe son spleen sur des airs de guitare. Et le résultat est profondément touchant.

“Beauseigne” est un terme du patois de Saint-Étienne qui signifie “le pauvre”. Pourtant, s’il y a bien une chose qui caractérise la musique de Zed Yun Pavarotti, c’est sa richesse. Un univers prospère qui abonde d’influences, de musicalité et de trouvailles lyriques, caractérisé par une tonalité unique. Dans ce nouvel album, Zed Yun n’a toujours pas décidé s’il était rappeur ou chanteur, mais la question ne semble pas avoir d’importance sur Beauseigne : le jeune Stéphanois s’offre le luxe de devenir la nouvelle rock star du rap.

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Tout au long de ce projet, Zed Yun Pavarotti ne cache pas ses influences du rock anglais des années 1990 : rien de surprenant de la part du jeune homme qui affirme son amour pour Oasis et Liam Gallagher à chacune de ses interviews. En effet, les guitares nappent délicatement les morceaux dans une effusion chaleureuse (“De larmes”, “Lalaland”…). Zed Yun n’a plus qu’à y déposer sa voix.

Même si les mélodies et la voix même du jeune artiste rappellent le rock, son phrasé est indéniablement celui d’un rappeur (“Beauseigne”, “Iles”…). Un soin très particulier est apporté à l’agencement des rimes, et les couplets sont généreusement saupoudrés d’ad-libs. De plus, Zed Yun montre qu’il est un très bon kickeur dans le morceau “Mon Dieu”.

Qu’en est-il du fond ? Beauseigne cristallise les états d’âme bouillonnants de Zed Yun Pavarotti. Ce dernier se fait la voix d’une jeunesse aux repères incertains qui s’évade dans des rêves fantasques. Comme le représente le clip du morceau “Beauseigne”, “les pauvres” du titre de l’album désignent probablement certains vingtenaires de province. Une génération profondément plongée dans un sentiment d’abandon, qui se laisse aller à ses fantasmes pour chasser ses doutes.

Ce sentiment est très bien retranscrit dans le morceau “Lalaland” : “Pas de Lalaland, on est seul au monde perdu dans un idéal.” Zed Yun Pavarotti représente bien une jeunesse dont l’arrogance assumée n’est que la preuve d’une profonde désillusion. Avec Beauseigne, le rappeur-chanteur livre donc une œuvre d’une pudeur rare.