La petite histoire de la canopée bleue exposée à We Love Green

La petite histoire de la canopée bleue exposée à We Love Green

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Par Ariane Nicolas

Publié le

Dans la réflexion écolo du festival, cet imposant puzzle produit en FabLab a aussi fait son spectacle. Présentations.

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Festival We Love Green, 4 et 5 juin 2016. Vous vous promenez du côté du”La La Land”, dans le bois de Vincennes, quand soudain, un objet vous interpelle. Une étrange structure à l’allure de soucoupe volante est enfoncée dans le sol. Les petits hommes verts seraient-ils venus partager leur musique ? Pas vraiment…

Les concepteurs de cette structure de 12m de long et 3,60m de haut sont deux terriens des écoles d’architecture de Paris et Strasbourg. Leur création, projet phare du Workshop du festival, est la première version de leur Canopée, gagnante d’un appel à résidence en avril dernier.

Architecture naturelle et recyclable

Depuis sa création, We Love Green offre la possibilité à de jeunes concepteurs/innovateurs/artistes de venir habiller son décor. Le Workshop, un atelier du festival, finance et soutien des productions inédites. Toutes les idées sont les bienvenues, tant qu’elles se concrétisent dans des matériaux recyclés.

En 2016, 45 résidents répartis sur 16 projets ambitieux sont de la partie. Parmi eux, le projet Canopée a su se faire remarquer. Sorti tout droit de l’imagination de deux jeunes architectes, après un an et demi de boulot, ce couvert végétal se fond parfaitement dans le bois de Vincennes.

La Canopée contient deux parties : une structure de base et un couvert se fixant à sa surface. L’ensemble forme un puzzle aux allures de casse-tête. Le squelette principal est constitué de bois vernis récupéré d’un ancien pavillon de l’arsenal. La surface se compose de modules également recyclés.

Chaque face offre une expérience différente de la canopée. Cette idée originale est proposée par Oz Studio, collectif né du partenariat entre les deux créateurs Jim Rohné et Tristan Israel. Derrière ces noms, une thématique : le biomimétisme. Tristan Israel nous explique :

“C’est une architecture qui s’inspire de la nature. Ici, on pose la question : comment s’organise la croissance des végétaux ?”

La nature est bien faite, et la technologie aussi. Les architectes miment ainsi des propriétés naturelles à l’aide d’algorithmes mathématiques. Mais comment retranscrire l’atmosphère qu’offre un couvert végétal tout en satisfaisant des contraintes physiques ?

Précision millimétrique

Dans Canopée, chaque pièce est unique. L’ossature subit deux contraintes : un besoin de stabilité et une structure fidèle à l’organisation de la nature. Oz Studio s’appuie sur une base ondulante en forme de double S pour une meilleure stabilité.

Pour la partie “nature”, Tristan Israel détaille :

“Un élément structurel bas est généralement plus grand, et au fur et à mesure que l’on s’élève, la structure s’affine. Il en est de même avec notre Canopée.

Je pense par ailleurs qu’on a réussi à recréer la bonne sensation en dessous de la canopée où la différence de lumière est un peu chaotique.”

Cette magie de la lumière est permise à un principe simple : les modules de surface sont découpés de trois sortes et leur forme fragmente la lumière.

Pour le passage du format numérique aux pièces matérielles, les concepteurs se sont tournés vers WoMa, FabLab parisienne. Il y a quelques mois, ils arrivent avec leur matériau sous le bras : “Il nous fallait un degré de précision millimétrique”, insiste Tristan Israel. La fraiseuse laser de WoMa tombe à pic.

Un projet à finaliser

En 2016, seule la partie émergée de l’iceberg est présentée au festival, faute de temps et de moyens. “Après sélection, l’équipe du Workshop réévalue la faisabilité des projets. Canopée était beaucoup trop ambitieux pour les deux mois de préparation à notre disposition”, justifie Laura Mechenane, cheffe de projet du Workshop.

Tristan Israel développe :

“Les organisateurs nous ont demandé de proposer quelque chose de plus simple en gardant notre histoire. On a décidé d’enfoncer la canopée dans le sol, un peu comme une soucoupe volante, pour transmettre un message : aidez-nous à faire sortir la canopée de terre.”

En attendant, Oz Studio en profite pour tester ses assemblages, sa technique et son matériau.

“Cette année sert de teaser au projet que l’on espère montrer dans sa totalité au festival l’an prochain”, précise la responsable de projet du Workshop. Et les architectes d’ajouter : “On veut créer une interaction avec l’espace qui ne laisse pas indifférent.” Avec un argument aussi poétique, qui n’a pas envie de voir la canopée dans son intégralité ? Rendez-vous en 2017.