Warm Up : Thincœur, le hip-pop au service de l’amour

Warm Up : Thincœur, le hip-pop au service de l’amour

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©Cyril Gourdin

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Par Guillaume Narduzzi

Publié le

Dans Warm Up, on réalise un focus sur des artistes dont vous allez (sûrement) entendre parler dans les mois à venir. À l’occasion de la sortie de son clip “Grenadine Lipstick” avec Fang The Great, on est allé discuter avec l’intrigant Thincœur.

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Entremêlant des influences pour le moins éclectiques, Thincœur a attiré notre attention grâce à l’aspect expérimental de sa musique. Parfait anglophone, il marie son goût pour le hip-hop et la pop sur des sons qu’il produit en personne. En résulte le morceau “Grenadine Lipstick”, paru ce vendredi 19 octobre, en compagnie de son pote de toujours – j’ai nommé le talentueux Fang The Great (dont on vous parlait la semaine dernière). Avec sa large palette instrumentale et son solide background de musicien, l’avenir lui appartient.

Konbini | Qui es-tu Thincœur ?

ThincœurEliade, 22 ans. Je fais quelque chose d’hybride entre le hip-hop et la pop romantique, mélancolique.

D’où viens-tu ?

Évry, dans le 91 !

Qu’est-ce que tu fais en parallèle de la musique ?

Je suis médiateur culturel au Centre Pompidou et vendeur de chaussures chez Camper. Il faut bien gagner sa vie !

Quand est-ce que tu as commencé la musique ?

Depuis que je suis né. J’ai commencé à me dire que j’allais faire ça toute ma vie vers 2015. Cela fait déjà quelques années que c’est mon objectif principal : j’aimerais en vivre plus tard. J’ai fait le conservatoire pendant sept ans. Mais après ça m’a saoulé, et j’ai commencé à faire des instrus, des beats, de mon côté.

Avec quel instrument ?

J’ai commencé avec le piano. Ensuite, le clavecin. Je ne sais toujours pas pourquoi j’ai commencé avec cet instrument ! Je me suis dit : “Oh c’est un piano, mais en plus chelou. Je veux faire ça !” Évidemment, ça m’a gonflé donc je suis passé à la guitare électrique, et en même temps j’ai commencé la prod sur FL Studio et, depuis 2015, je suis sur Ableton (parce que c’est quand même vachement mieux). Globalement, j’ai touché à plein de trucs différents. Je fais toujours un peu de piano : c’est quelque chose que j’aimerais intégrer à mon projet à long terme. Un petit clavier en live, ce serait top.

Est-ce que tu as eu différents projets avant ?

Le premier projet que j’ai eu, quand j’étais adolescent, c’était TaG, déjà avec Fang The Great. Ça voulait dire “Thinker and Great”. C’était assez expérimental quand même. Après on s’est allié à un groupe de rock qui s’appelait Eighty, avec lequel on a fait pas mal de concerts. On a fait notamment la finale d’Emergenza. C’était vraiment un mélange de rap et de hard rock. Ensuite, je suis parti à Strasbourg où j’ai rencontré le groupe The Grand Bay. On faisait plutôt de la mélancolie pop. On a fait des sons comme “Cosmos Pool” qui ont plutôt bien marché pour nous à l’époque. On a sorti un album et on est parti à New York pour faire quelques concerts. C’était vraiment mélancolie pop, et moi j’apportais une touche plus dark et hip-hop.

Tu as beaucoup voyagé, non ?

New York, avec The Grand Bay donc. Lisbonne aussi, puis en Lettonie pour m’inspirer musicalement. C’est également pour ça que je suis parti en Islande dernièrement, car là-bas la scène musicale est juste géniale. Ils sont très expérimentaux, ils n’ont pas peur de faire des trucs totalement chelous que personne ne va écouter. Et là je suis de retour à Paris pour donner plus d’âme à mon projet, notamment avec mon collectif Le Squad Neuf.

Comment es-tu devenu Thincœur ?

Quand on était au lycée avec Fang et qu’on faisait de la musique, je m’appelais “The Thinker”. Pas avec la même orthographe qu’aujourd’hui. Je revenais d’un premier voyage à New York et pendant trois mois j’avais été en immersion avec des artistes. Ça m’a fait beaucoup réfléchir, et j’aime me dire que je suis devenu un peu philosophe : “The Thinker”. Mais c’était trop mental, il n’y avait pas assez d’émotions là-dedans, alors que je suis quelqu’un d’assez sensible. Donc je me suis dit que ce jeu de mots était pas mal… Et en plus quand j’ai créé ma page Facebook, “The Thinker” ça existait déjà et il fallait que je trouve autre chose (rires). C’est le premier jeu de mots qui m’est venu à l’esprit.

Donc Thincœur, tu es plus penseur ou loveur ?

C’est une question très Konbini ça (rires). Je dirais que je pense avec le cœur. Mettre les émotions au cœur de la réflexion. Propager de l’amour. Il n’y a rien de plus important que l’amour finalement.

Quelles sont tes inspirations et influences musicales ?

Je suis un immense fan de Kanye West. Tyler, The Creator m’a beaucoup influencé à mes débuts dans le hip-hop. Le romantisme de Mac Miller et la désinvolture de Serge Gainsbourg, ce sont des choses qui m’inspirent beaucoup. J’écoute vraiment de tout, même si c’est cliché de dire ça. J’adore la house, comme Yaeji ou Zhu. J’aime pas mal tout ce qui est rock british, genre The Cure, etc. Et j’essaie de mélanger un peu tout ça dans ma musique. Vu que j’écoute plein de trucs, ça se fait super naturellement en fait. Mais pour le pur flow, c’est A$AP Rocky. Il a un débit génial, j’ai beaucoup aimé le dernier album.

Tu produis toi-même ta musique ?

Oui. Par exemple, “Grenadine Lipstick”, je l’ai commencé en 2016. Ça fait un bout de temps que le morceau est en cours d’évolution, parce qu’entre ce qu’il était en 2016 et ce qu’il est aujourd’hui, il y a pas mal de différences. Je prends du temps pour faire mes chansons. Je vais commencer par l’instru, et après ça va m’inspirer un flow, et je vais essayer de trouver des paroles en écoutant l’instru. Sur ce son-là, il fallait Fang parce que ça passait super bien. On est assez complémentaires.

Comment est-ce que tu composes ? Décris-nous le processus.

Mon inspiration est assez étrange. Elle vient par vagues. Je la sens à l’intérieur de moi, même si ce n’est pas un truc très descriptible, et je vais la faire mûrir si je n’ai pas le temps de composer tout de suite. Dès que je me mets devant mon ordi, je me dis : “C’est bon, c’est parti.”

Quelles seraient les meilleures conditions pour écouter ta musique ?

C’est une musique d’après-midi, je dirais. Ou début de soirée maximum. Il y a encore un peu de soleil tu vois, tu peux être posé ou assez énergique, et ça te donne envie de faire quelque chose, ça te motive.

Comment tu définirais ton projet ?

Sur le long terme, j’aimerais pouvoir influencer la manière de penser des gens, mais de façon positive. On ne le voit pas forcément dans “Grenadine Lipstick” puisque c’est un morceau assez léger, mais j’ai envie de faire réfléchir les gens, de leur faire ressentir des émotions fortes avec la musique. Il y a également d’autres domaines qui m’intéressent beaucoup, comme la mode ou le cinéma. Je voudrais marier plusieurs univers ensemble.

Des projets à venir ?

J’ai un EP en préparation qui n’est pas loin d’être prêt. Je le sortirai soit à la fin de cette année, soit au début de l’année prochaine. Mais il est dans le four !

Le mot de la fin ?

La réalité est subjective.