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Warm Up : rappeur hors pair, Frenetik s’impose comme la relève de la scène belge

Warm Up : rappeur hors pair, Frenetik s’impose comme la relève de la scène belge

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©Aurore Fouchez

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Par Guillaume Narduzzi

Publié le

Dans Warm Up, on réalise un focus sur des artistes dont vous allez (sûrement) entendre parler dans les mois à venir.

À une époque où les sonorités ont quasiment pris le pas sur les textes dans le rap, Frenetik fait presque figure d’exception. Mieux, il parvient à totalement concilier les deux et s’affirme semaine après semaine comme l’un des rookies les mieux placés au sein d’une scène belge bouillonnante et en pleine expansion.
Kickeur redoutable, le jeune rappeur, qui s’apprête à souffler sa vingt-deuxième bougie, se révèle être un artiste complet. En témoignent ses clips époustouflants et résolument actuels – notamment sur les violences policières – qui viennent mettre en valeur sa prose unique. À l’occasion de la sortie de son dernier support visuel “Chaos”, entretien avec un rappeur qu’il ne faudra absolument pas lâcher des yeux dans les années à venir.

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Konbini | Qui es-tu ?
Frenetik | Je m’appelle David, aka Frenetik. Je suis un jeune artiste bruxellois.

D’où viens-tu ?

Je viens de Bruxelles, plus précisément de la commune d’Evere. Enfin j’ai grandi dans le centre-ville, mais c’est à Evere que je suis devenu Frenetik.

Où et quand es-tu né ?

Je suis né à Bruxelles, le 16 décembre 1998.

Quand et comment est-ce que tu as commencé la musique ?

J’ai commencé la musique quand j’avais à peu près 11 ans. Un jour, un cousin qui rappait m’a demandé pourquoi je n’essayais pas. C’est vers cet âge-là aussi que j’ai commencé à écrire. On faisait des battles à l’école, puis je continuais à écrire en rentrant chez moi et c’est devenu une habitude.

© Remi Besse

Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire de la musique ?

Avec mon entourage, j’ai toujours écouté beaucoup de musique, surtout du rap. Je pense que c’est le fait d’apprécier le rap et tout ce qui s’y passait qui m’a donné envie d’en faire.

Qu’est-ce que tu faisais avant ?

Plein de choses : j’ai été à l’école, mais j’ai arrêté donc j’ai dû me débrouiller.

Quelles sont tes influences musicales ?

À Bruxelles, j’ai beaucoup écouté Gandhi et Dalsim. En France, c’était plutôt Youssoupha, Lino, Sniper, un peu de tout. Chez les Ricains, la base : Tupac, Biggie, Nas, Dr. Dre… il y en a trop.

D’où te vient ton goût pour le kickage ?

J’ai toujours kiffé la performance. Les freestyles où ça kicke, c’est ce que je préfère par-dessus tout. Surtout quand on est en groupe et qu’on est plusieurs à rapper. C’est une forme de challenge.

Comment as-tu été découvert ?

J’ai fait mon chemin petit à petit. D’abord dans mon quartier, puis dans ma ville, ensuite on a ouvert les frontières de ma ville, ça s’est exporté et aujourd’hui on est là. J’ai rencontré mon équipe actuelle, Jeunes Boss, à une session freestyle radio. La première fois, ils nous avaient invités avec des gars de ma ville. La seconde fois, c’est moi qui ai envoyé un message pour dire que je voulais revenir pour un freestyle. Ça s’est super bien passé et on a commencé à discuter. Finalement, on est devenu une seule et même équipe.

Tu as été “validé” par pas mal de rappeurs déjà.

Oui, ça signifie que ce que je fais, je le fais bien. Que des artistes reconnus me disent que moi aussi ce que je fais c’est lourd, ça fait énormément plaisir.

© Remi Besse

Il y a quelque chose d’assez sombre dans ta musique, d’où ça te vient ?

C’est vrai qu’il y a un côté assez sombre dans mes sons, mais ma musique ne repose pas uniquement là-dessus. Ça prend peut-être une grande place parce que je n’exprime que ce qu’il se passe ou ce qu’il s’est passé dans ma vie, il y a des jours clairs comme des jours sombres. Mais on a tendance à plus voir le mal que le bien, c’est peut-être pour ça.

On sent que tu accordes de l’importance à l’écriture. Comment la travailles-tu ?

Oui pour moi, c’est hyper important. Je n’ai pas vraiment de processus, ça vient comme ça vient. Parfois je peux écrire un truc directement en une seule fois, sans vraiment trop devoir me prendre la tête ; parfois c’est vraiment plus technique et je prends le temps de me relire et de poser plein de fois.

Tu as sorti un premier EP l’année dernière, Brouillon. Avec le recul, quel regard portes-tu dessus aujourd’hui ?

Franchement, je suis satisfait car c’est vraiment avec cet EP-là que les choses se sont mises en marche et qu’on a été pris au sérieux. Tous les clips du projet ont bien fonctionné, les internautes ont kiffé. J’ai aussi des retours positifs des gens vis-à-vis du projet, et certains l’écoutent encore aujourd’hui. C’est hyper lourd, je suis trop content.

On dit de toi que tu es la relève du rap belge. Qu’en penses-tu ?

Quelque part, oui. Après je ne suis pas tout seul, il y a vraiment de nombreux héritiers à Bruxelles. Mais c’est un rôle que j’affectionne tout particulièrement.

Qu’est-ce qui explique le succès du rap belge ces dernières années selon toi ?

Il y a de plus en plus de moyens mis en œuvre pour que ce qu’il se passe en Belgique soit vu ailleurs. En fait, avant, peu de gens savaient que ça rappait à Bruxelles. Qu’il y avait des gens qui kickaient, qui avaient des choses à dire, qui travaillaient. Qu’il y avait du talent et du potentiel finalement. Là c’est juste la reconnaissance. Le public découvre, commence à s’intéresser et à comprendre.

On t’a déjà vu à deux reprises chez Colors. Qu’est-ce que ça t’a apporté ?

Mon passage chez Colors a été une grosse expérience, j’ai kiffé. Déjà parce que je suivais ce qu’il s’y passait. Il y a plein d’artistes que moi-même j’apprécie qui y sont passés, et le fait que moi aussi je puisse y aller, c’était incroyable. En plus, c’était dans la continuité de ce qu’on était en train de faire. Ça a rajouté du poids à chacun de nos coups et chacune de nos idées. On a pu frapper encore plus fort.

Tu as des clips très travaillés. C’est quelque chose d’important pour toi ?

C’est très important, tout autant que le son. Si le morceau est fort, le clip doit être fort. C’est notre logique avec l’équipe. Pour la conception, c’est toujours des échanges d’idées. Parfois j’ai une idée, parfois on m’en propose une et après je donne mes préférences. 

Comment abordes-tu la scène ? As-tu déjà pu faire des concerts avant la pandémie ?

J’ai eu l’occasion de faire quand même plusieurs scènes, à Bruxelles et ailleurs. Jusque-là, ça s’est toujours bien passé. J’aime bien le fait de pouvoir partager la musique avec le public. C’est un moment de communion où l’on vit tous la même musique ensemble. Maintenant… on attend pour la suite.

© Alexandre Carel

Comment imagines-tu “l’après” de toute cette période ?

J’imagine encore rien, je t’avoue. Je vis dans le présent, je suis focalisé sur l’instant. Il faut que je travaille maintenant, car ce qu’il va se passer après en dépend. J’ai les yeux rivés sur ce que je fais et sur rien d’autre.

Sur quel label es-tu signé ?

Je suis signé chez Jeunes Boss, et on est en coproduction avec Blue Sky et Epic. 

Quelles seraient les meilleures conditions pour écouter ta musique ?

Toute condition est bonne pour écouter ma musique. Je veux que tout le monde, peu importe sa·ses condition·s, puisse écouter du bon son.

Si tu devais convaincre les gens d’écouter ta musique, tu leur dirais quoi ?

On ne discute pas les goûts et les couleurs, donc faîtes un choix.

Tes futurs projets ?

On va bientôt sortir une nouvelle mixtape, qui s’appelle Jeu de couleurs, en début d’année prochaine. On verra ensuite pour un premier album. C’est l’avenir qui nous le dira…

Le mot de la fin ?

Mouvement historique, tout est bleu.

© Aurore Fouchez