Warm Up : découvrez November Ultra, la douceur pop qu’il manquait à votre confinement

Warm Up : découvrez November Ultra, la douceur pop qu’il manquait à votre confinement

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(© Pauline Darley)

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Par Arthur Cios

Publié le

Dans Warm Up, on réalise un focus sur des artistes dont vous allez (sûrement) entendre parler dans les mois à venir.

Les plus mélomanes d’entre nous se souviendront avec une certaine mélancolie d’Agua Roja, superbe trio parisien qui nous avait offert en 2015 puis en 2018 deux EP imbibés de rock pop et assez doux. Depuis, plus rien. En réalité, le groupe s’est séparé après cette deuxième sortie.
Entre-temps, la chanteuse du groupe indé, November, avait usé de son talent auprès d’autres artistes pour aider à l’écriture (on nous glisse dans l’oreillette qu’elle a bossé avec Jaden Smith, Claire Laffut, Kungs ou encore Terrenoire), avant de mettre en œuvre tout son talent dans des “Secret Tapes” et des reprises sur Instagram. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne se lance pour de bon dans l’aventure en solo.
C’est désormais chose faite avec son morceau “Soft & Tender”, petite sucrerie folk parfaite en cette période, sorti sous le nom de November Ultra. C’est folk, c’est doux, comme une véritable berceuse parfaite pour un réveil sous la grisaille de ce triste automne 2020. L’occasion d’en savoir plus sur ce talent brut, dont vous allez sans nul doute entendre parler dans les prochains mois. Écoute et interview de présentation.

Konbini | Qui es-tu ?
November Ultra | November Ultra, petit clin d’œil à la première mixtape de Frank Ocean et à mon mois de naissance, mais mes ami·e·s m’appellent Nova.
T’as grandi où ?
J’ai grandi à Boulogne-Billancourt, aka Boulbi, pont de Sèvres, rendu célèbre par le Duc, Booba.
C’était qui tes modèles musicaux plus jeune ?
J’ai été très influencée par tout ce que mon papi Ramón aimait. C’est lui qui a beaucoup fait mon éducation musicale, donc les comédies musicales des années 1960, ça a été un gros truc pour moi – ça l’est toujours, d’ailleurs. La Mélodie du bonheur, West Side Story ou encore Les Demoiselles de Rochefort, ce sont des bijoux d’orfèvrerie musicale.
Ça, et Julian Casablancas des Strokes quand j’étais adolescente. Sa façon d’écrire et de composer a eu un gros impact sur moi. Il avait dit que ça ne servait à rien de complexifier des paroles juste pour complexifier des paroles, qu’on écrivait en 3D et qu’il fallait prendre en compte la mélodie, que tu pouvais chanter “baby” de mille façons et ça ne voudrait jamais dire la même chose. C’était assez révolutionnaire pour moi.
T’as commencé la musique comment ?
Je chante depuis très petite, c’est un truc familial du côté de ma mère. Mon papi Ramón m’a appris ma première chanson qui était une copla espagnole, donc j’ai toujours adoré chanter. Je chantais pour m’endormir. À 6 ans, du coup, sûrement pour que je leur foute un peu la paix, mes parents m’ont fait entrer en classe à horaires aménagés, et j’ai fait le conservatoire pendant dix ans.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire de la musique ?
Je ne sais même pas si c’est une envie, parce que c’est surtout une obsession, comme dirait le groupe Aventura. Tout ce que je sais, c’est que je ferais de la musique même si ce n’était pas mon métier.
Qu’est-ce que tu faisais comme études ou boulot avant de te lancer à fond dans la musique ?
Ma mère a fait un pacte avec moi et m’a dit que je pourrai faire de la musique pleinement le jour où j’aurai un diplôme. Donc j’ai un master 2 de traduction audiovisuelle spécialisée en sous-titrage, notamment en sous-titrage pour les sourds et malentendants. C’est un métier que j’ai adoré faire.
Comment tu as été découverte ?
Un peu out of the blue, on a sorti “Summer Ends” avec mon ancien groupe Agua Roja, et les gens ont tout de suite accroché. Certaines personnes me suivent depuis cette époque-là du coup, certains me disent “c’est drôle tu me fais penser à la chanteuse d’Agua Roja”, et d’autres me découvrent sur Instagram via mes “Secret Tapes”. C’est assez rigolo.

Comment est-ce que ton projet a évolué au fil des années ?
À un moment, je me suis rendu compte que quand je dépendais de quelqu’un pour fabriquer mon idée musicale sur l’ordi, “something was lost in translation” : je n’arrivais jamais au résultat exact de ce que je voulais. Du coup, je me suis mise à la MAO sur Ableton, qui est mon logiciel de prédilection, et j’ai commencé à tester, à m’amuser, à faire des erreurs aussi. Ça m’a aidée à aiguiser mon couteau et surtout à trouver le son et le ton de ma musique en solo. Je ne dépends plus de personne pour faire un morceau de A à Z, c’était une petite révolution pour moi.
Concrètement, c’est qui tes influences musicales ?
On est beaucoup de musiciens à le citer, mais c’est vrai que Frank Ocean a eu un impact énorme sur moi, que ce soit avec sa mixtape Nostalgia, Ultra ou avec ses albums d’après. C’est un parolier incroyable qui a sa plume, sa façon d’écrire, et qui en même temps crééeune atmosphère reconnaissable entre mille. C’est un peu le but ultime quand t’es artiste de trouver ta voix à toi, ton son et en même temps de faire quelque chose de terriblement excitant à l’écoute. Frank Ocean, il crée beaucoup ça, je trouve sa direction artistique extraordinaire.
Et puis en termes de songwriting, Joni Mitchell et Lorde, avec laquelle je partage mon anniversaire, ont eu pas mal d’influence sur moi. Leur talent narratif. Si tu lis les paroles de Lorde, ce sont des poèmes. Elle arrive à écrire des paroles que tu voudrais te tatouer, c’est quelque chose qui peut me foutre en transe.
Comment tu décrirais ton univers musical ?
La question à un million de dollars [rires]. Les quelques personnes qui ont entendu les démos de mon album m’ont beaucoup parlé de bedroom pop, c’est un terme que j’aime bien et qui correspond bien à la genèse de sa création, puisque j’ai fait une grosse partie de l’album et des chansons dans ma chambre ou dans la chambre des autres, donc on va dire ça : bedroom pop.
Comment est-ce que tu composes ?
Souvent au piano, ou à la guitare. J’ai du mal à avoir l’impression que je vais au bureau quand je compose, donc je crée des petits moments où je m’amuse avec des exercices type “écrire la moitié d’une chanson en 30 minutes”. Ça force à pas trop intellectualiser, c’est un peu comme de la boxe. À un moment, ça se joue au réflexe : plus tu fais, mieux tu fais. Ma théorie, c’est que ta meilleure mélodie se trouve sur ta première ou deuxième voice note, après, c’est du réchauffé.
Et après, si je vois que c’est une bonne idée, j’allume Ableton, je trouve le bon BPM et j’enregistre une loop de mon piano droit à l’iPhone par exemple. Après, une fois que je suis détachée de l’instrument, je commence à affûter la mélodie, à affuter les paroles, à structurer le morceau…
Quelles seraient les meilleures conditions pour écouter ta musique ?
Au casque, aux écouteurs, parce qu’il y a de la petite stéréo, que ça vient chatouiller un peu les tympans, surtout sur “Soft & Tender”. Et puis je dirais avant d’aller se coucher ou au réveil. 

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