Warm up : prenez un shot de délicatesse avec la musique du génial Lonely Band

Warm up : prenez un shot de délicatesse avec la musique du génial Lonely Band

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©Emma Le Doyen

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Par Guillaume Narduzzi

Publié le

Dans Warm up, on réalise un focus sur des artistes dont vous allez (sûrement) entendre parler dans les mois à venir.

Figure de l’ombre de la scène parisienne, Lonely Band signe un retour abouti en 2020, trois ans après la parution de True Lovers, un album aussi audacieux que subtil. Ce come-back s’est concrétisé au cours des dernières semaines avec l’arrivée des morceaux “Gloire” et “Différente”, ainsi que des apparitions en featuring réussies, en attendant la parution d’un prochain projet prévue avant la fin de l’année.

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Le temps pour Martial – de son vrai prénom – de peaufiner sa musique feutrée et sensible, de s’essayer à la poésie dans la langue de Molière, et de narrer l’amour et la mélancolie qui en résulte comme peu d’autres. Le chanteur et producteur français démontre ainsi toute la douceur et la délicatesse qui embrassent sa proposition artistique unique en son genre, temporellement inclassable. Suite à la publication de son dernier titre, on a posé quelques questions au talentueux musicien parisien.

Konbini | Qui es-tu ?

Lonely Band | Martial, enchanté.

D’où viens-tu ?

Paris.

Où et quand es-tu né ?

À Clamart, un jour de novembre 1989.

Quand est-ce que tu as commencé la musique ?

J’ai acheté une guitare quand j’avais 17 ans. J’ai appris seul puis en jouant avec des copains de l’époque.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire de la musique ?

J’écoutais déjà la musique de façon obsessionnelle, et des choses très différentes. Mon grand frère et mon cousin étaient des passionnés, ça m’a mis dedans de façon inconsciente. L’envie d’en faire a été une suite logique.

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Qu’est-ce que tu faisais avant ?

J’ai fait des études de cinéma à la Sorbonne.

Quelles sont tes influences musicales ?

David Bowie, Serge Gainsbourg, Lunatic, Chopin, Radiohead, Frank Ocean, Tyler, The Creator, Enrico Caruso, Maria Callas, Nina Simone, Brian Eno, Sébastien Tellier…

Comment as-tu été découvert ?

 J’ai sorti des chansons et j’ai collaboré avec des amis.

Comment décrirais-tu ton univers artistique ?

Comme celui d’un romantique déchu qui scrute ses imperfections et celles du monde. Un vagabond avide de passions mais qui a peur d’aimer totalement. Une musique faite de nappes, de rêveries, mais aussi de tensions. J’ai beaucoup d’influences et je pense que les artistes que j’écoute partagent la même essence qu’importe que ce soit du rap ou de la musique classique. Tout se passe principalement dans le processus, et à ce moment-là, j’essaie de rester sincère et pur dans mes intentions. C’est là que se crée le fil conducteur.

Ton dernier projet, True Lovers, remonte à 2017. Qu’as-tu fait entre-temps ?

J’ai réfléchi, pris le temps de composer plein de morceaux qui ne sortiront peut-être jamais (l’amour du processus), collaboré avec d’autres artistes. J’ai essayé de devenir un adulte, mais c’est compliqué quand on a des rêves d’enfant. Du hustle en tout genre aussi, parce qu’il n’y a pas de filet de secours et entre le désir d’indépendance et l’impossibilité à rentrer dans le moule, tout est incertain.

Comment est-ce que tu composes ?

En général, je commence chez moi en jouant de la guitare ou en ayant une mélodie en tête. Après, j’accède à un autre monde fluide où il y a des mots et des mélodies. Le premier jet est toujours une sorte de pulsion. Ensuite, j’enregistre au studio, je l’arrange ou sinon un autre musicien le fait. Il y a aussi ces cas de figure plus rares, où c’est une création collective dans un moment particulier et là il y a souvent quelque chose de spécial, même si je travaille principalement seul.

Sur “Gloire” et “Danser vite” avec Muddy Monk, tu chantes en français. Pourquoi ce changement ?

J’ai toujours aimé écrire. Mais en écoutant la musique de l’époque, je voyais mal comment articuler les mots et la mélodie. J’écoutais très peu de musique française moderne. J’ai juste essayé, j’ai aimé et j’ai trouvé que ça me ressemblait à ma nonchalance journalière. Après, je ne m’interdis pas de chanter en russe ou en swahili si l’envie me prend.

Comment as-tu pris part au projet de Stéphane Ashpool ?

On composait pour certains de ses défilés avec Jimmy Whoo et Loubenski. Dans la continuité, Stéphane a eu l’idée de faire un projet musical, auquel j’ai participé en tant que chanteur et compositeur. Il y a eu une résidence à Ibiza, puis une belle comédie musicale ainsi que la présentation d’une collection à la salle Pleyel.

On a pu t’entendre sur le dernier album de The Hop, 220. Comment cette collaboration s’est-elle passée ?

On se connaît depuis une dizaine d’années, alors assez naturellement. On était chez l’un des membres, Bobby Campbell, et il y avait cette composition. Un couplet, une idée mélodique d’un ami, Nicolas Bamdad, et hop, il ne manquait plus que les voix de Sabrina Bellaouel.

Tu as également collaboré avec Jazzy Bazz sur son dernier projet. Comment cette connexion s’est-elle faite ?

On s’est connu vers 18 ans, on vient du même quartier dans le 19e arrondissement. On faisait tous les deux de la musique, on avait un ami en commun qui nous a connectés à l’époque – via MySpace pour les dinosaures. Pour le titre “Sentiments”, Monomite nous a fait écouter sa prod qui était et est toujours incroyable. On voulait tous les deux poser dessus, et on s’est lancé un challenge en décidant de l’écrire le soir même. On est allé chez Jazzy, on l’a écrit et presque fini en une nuit. Au début on n’était pas sûr du son, mais à force de voir les réactions positives des copains, on a compris pourquoi c’était une belle chanson. Ça marche bien parce “qu’on était la crème des rues alentour”. C’est souvent plus naturel que des featurings arrangés. On n’avait jamais fait une chanson ensemble alors qu’on était toujours au studio, ça a bien rattrapé le coup de sortir celle-ci.

Comment abordes-tu la scène ?

La scène est l’endroit où tout prend plus de sens. J’ai eu la chance de faire la première partie d’Odezenne et de Muddy Monk cet automne. C’est si beau de vivre chaque soir un moment singulier, de communier, en particulier quand les gens connaissent tes paroles. Là, tu peux recevoir et distribuer de l’énergie en direct. Il n’y a plus de filtre, tout est là. La musique de groupe est particulièrement puissante. Chaque soir, les membres d’Odezenne étaient en parfaite alchimie, ils communiquaient à un autre niveau. La scène est le meilleur moyen pour atteindre cet état d’extase.

L’amour semble être une inspiration récurrente dans tes chansons…

J’ai le fantasme d’aimer, mais j’y arrive mal. On chante toujours son idéal et j’aspire à l’amour dans son idée large. Chaque jour, j’essaie de m’en approcher, alors le chanter est un rituel qui me permet d’y arriver, sans que cela existe réellement pour autant. L’amour comme symbole, plus qu’envers un individu. Ce qui m’inspire, ce sont les paradoxes, les extrêmes. C’est là que réside la poésie de la vie, dans la cohabitation de toutes ces sensations et contradictions. Ma curiosité, mon désir d’être totalement moi-même. De manière plus concise, la liberté.

Peux-tu nous dire quelques mots sur ton nouveau titre, “Différente” ?

Les faux-semblants font perdre du temps même si, au fond, on aurait aimé que les choses soient différentes. Il faut assumer la vie et ces changements, savoir s’oublier.

Te considères-tu comme un crooner

Plus comme un alchimiste en devenir, je n’ai pas de rôle prédéfini. Mon identité est fondée sur la multiplicité. Je suis un curieux, avide de nouvelles sensations. Ça passe par les aigus et par les graves, mais avant tout par le cœur et la tête.

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Tu es signé sur quel label ?

Je suis signé chez Free Hand, un label tenu par le Londonien Hani Asfari. On travaille ensemble depuis True Lovers et aussi sur le projet Sound of Paris. Il y a peu de structures en France qui prennent des risques et qui développent des artistes aux sonorités particulières, et c’est ce que Free Hand fait.

Selon toi, quels sont tes axes de progression ?

Cela dépend de ce que je vivrai, je ne me pose pas de limites. J’aimerais composer pour le cinéma, composer des albums pour d’autres artistes, imposer un son qui restera, faire des films, écrire… qu’importe. Atteindre la liberté par l’action, en concrétisant mes visons.

Quelles seraient les meilleures conditions pour écouter ta musique ?

Après avoir fait l’amour, en haut d’une montagne, sous un ciel étoilé.

Si tu devais convaincre les gens d’écouter ta musique, que leur dirais-tu ?

Si tu es curieux, ouvert d’esprit et que tu as un besoin cathartique, bienvenue.

Tes futurs projets ?

Des collaborations avec des amis, dont le développement de Parilia, une plateforme créative en association avec d’autres artistes.