Warm Up : non, la folk n’est pas chiante, la fougue d’Aliocha le prouve très bien

Warm Up : non, la folk n’est pas chiante, la fougue d’Aliocha le prouve très bien

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Par Juliette Geenens

Publié le

Dans WARM UP, on réalise un focus sur un artiste dont vous allez (sûrement) entendre parler dans les mois à venir. Doté d’un charme magnétique, le chanteur franco-canadien Aliocha vous fera changer d’avis sur la folk, tout sauf ennuyeuse.

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Aliocha n’était pas vraiment destiné à la chanson. Il fait ses débuts au théâtre, avant de se lancer en tant qu’acteur au cinéma. En 2015, on a pu le voir dans Ville -Marie aux côtés de Monica Bellucci, et plus récemment dans Closet Monster de Stephen Dunn. Tous deux sont des films reconnus au Canada, mais ils n’ont pas réellement trouvé leur public chez nous.

Non content de se satisfaire d’une carrière précoce au grand écran, Aliocha Schneider a choisi de toucher aussi à la musique. Sa voix tranchante (qui n’en est pas moins irrésistible) fait de son premier EP, Sorry Eyes, attendu le vendredi 7 octobre, un étrange mélange de charme folk et de fougue rock, tout droit venu des contrées froides du Canada. Rencontre.

Aliocha, qui es-tu ?

J’ai 23 ans et suis le quatrième enfant d’une famille de cinq garçons. Je vis entre Montréal et Paris. Je suis né dans la capitale française, puis ma famille a immigré à Montréal, en 1996. Je suis un Français au Québec, un Québécois en France. Je mesure 1 mètre 80, je n’ai pas d’allergies et ma mère dit que je suis spécial.

Vimeo.

Qu’est-ce que tu fais dans la vie, à part de la musique ? 

Je suis aussi comédien. J’ai eu mon premier rôle au théâtre à 12 ans dans une adaptation de La Promesse de l’aube de Romain Gary. J’ai ensuite joué au cinéma et à télévision, en essayant tant bien que mal de concilier tout ça avec mes études (que j’ai finalement dû abandonner à 17 ans). Plus récemment, j’ai eu la chance de jouer aux côtés de Monica Bellucci dans Ville-Marie, de Guy Édoin. Je suis très fier aussi du film Closet Monster de Stephen Dunn, qui a remporté le prix du meilleur film canadien au Festival international du film de Toronto, l’année dernière. Mais j’avoue qu’en ce moment, j’ai plutôt la tête à la musique.

Du coup, pourquoi t’es-tu tourné vers la musique ?

J’ai commencé à faire de la musique sérieusement, il y a cinq ans, lorsque j’ai rencontré Jean Leloup, un singer-songwriter iconique au Québec et qui est l’une de mes idoles. Je lui ai joué quelques unes de mes compositions et je crois bien que ça lui a plu, puisqu’il m’a alors pris sous son aile avec une rare générosité. On a enregistré ensemble une maquette qui m’a permis de signer un contrat de disque chez Audiogram.

Par la suite, j’ai beaucoup expérimenté au niveau des arrangements. Je sentais le besoin de mûrir et de vraiment me trouver avant de sortir quoi que ce soit.

À quand remonte tes premières fois musicales ?

À 10 ans, complètement fan de Robbie Williams, j’ai commencé à prendre des cours de chant. Mes parents m’ont offert ma première guitare le jour de mes 14 ans et puis, comme il y a toujours eu un piano à la maison, je me suis souvent amusé à pianoter. J’ai appris comme ça, avec le temps.

Quelles sont tes inspirations/influences musicales ?

J’ai beaucoup écouté Neil Young, Simon et Garfunkel, Cat Stevens, Joni Mitchell, Nick Drake. Quand j’ai découvert Bob Dylan, je n’ai écouté que lui pendant au moins un an. J’ai appris à jouer de la guitare avec ses chansons. J’ai lu tout ce que je pouvais trouver sur lui et ça m’a amené à être fasciné par ses idoles : Robert Johnson, Blind Willie McTell, Leadbelly, Woody Guthrie etc.  J’ai eu le même genre de fascination pour Elliott Smith, John Lennon et Nina Simone. Et puis la littérature et le cinéma sont aussi une grande source d’inspiration.

Comment la magie opère quand tu composes ?

Je n’ai pas vraiment de méthode travail. Parfois je tombe sur une progression d’accords que je ne me lasse pas de jouer. Ça peut même n’être que deux accords : do, fa, do, fa, do, fa, do… toute la journée ! Et puis sur ces accords, je chante en écoutant moins le sens que le son des mots.

Il y a des heures de charabia enregistrées dans mon portable et je suis toujours surpris en les réécoutant, de découvrir que certaines phrases ont un sens et traduisent un sentiment qui m’habite, alors que je n’aurais pas été capable de l’exprimer consciemment. Je me retrouve alors avec une ébauche qui est déjà cohérente au niveau du son, du sens et de la mélodie et je travaille ensuite à partir de là.

Que représente ce premier EP pour toi ?

Dans Sorry Eyes, j’ai essayé d’être sincère, sans chercher à analyser ou expliquer mes émotions. J’ai préféré la vérité d’un sentiment vécu, fût-il laid ou immature, à la tentation d’exprimer une vision plus réfléchie et plus intellectuelle.

Quelles sont les meilleures conditions pour écouter ton EP ?

Avec des écouteurs ! Sur une montagne à Katmandou ou dans le RER C, mais avec des écouteurs !