Tu veux de la B.O et son clip qui tabassent ? Plonge dans le “Chaos in Châtelet” de Yann Kornowicz

Tu veux de la B.O et son clip qui tabassent ? Plonge dans le “Chaos in Châtelet” de Yann Kornowicz

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Par Rachid Majdoub

Publié le

Dans WARM UP, on réalise un focus sur un artiste dont vous allez (sûrement) entendre parler dans les temps à venir. Aujourd’hui, place au jeune et talentueux beatmaker français Yann Kornowicz. Présentations, à travers un fat extrait de son album-concept Chaos in Châtelet, et son somptueux clip en animation à l’encre. 

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Alerte Objet Violent Non Identifié. Avec “The Chase in the Ghost Train” et son clip brillamment réalisé par Hugo Ramirez à l’encre de Chine, Yann Kornowicz narre une histoire à l’image de la musique avec laquelle il l’écrit : fantastique.

Graphiste d’origine, le jeune beatmaker français sème le Chaos in Châtelet, une B.O d’un film futuriste et imaginaire sous forme d’hommage au cinéma de genre des années 1980-90, disponible depuis mars 2016. Konbini vous dévoile en exclusivité son coup de cœur pour l’un de ses titres à base de synthés analogiques et nappes rétro-futuristes, fraîchement habillé d’un court métrage d’animation.

Ci-dessous la claque qui vous attend, avant quelques mots du réalisateur sur la conception de ce “projet hybride à la croisée entre l’animation et le film” et enfin la présentation de Yann Kornowicz à travers quelques questions un peu plus bas.

Paris, Châtelet – Les Halles, 2116

Le dédale des couloirs de la station est devenu une mégapole souterraine, avec ses quartiers, ses coupe-gorge, sa population. Lorsque l’agent inter-fédéral Max Malone y est envoyé pour enquêter sur une sombre affaire de trafic humain, il découvre vite que derrière les guerres de gangs et le marché noir se cache une menace bien plus grave. Une menace tapie dans les profondeurs abyssales où aucun être humain n’a jamais mis les pieds. Ou se pourrait-il que cette menace ne soit que le fantasme du cerveau malade de Malone ?

Hugo Ramirez, réalisateur du clip

La naissance du projet

“J’ai tout de suite pensé aux films de genre qui ont baigné mon adolescence. Et comme j’avais en tête depuis longtemps cette idée et cette envie d’expérimenter l’animation à l’encre de Chine sur papier, je me suis dit qu’associer le vocabulaire du film fantastique à l’animation à l’encre pourrait faire naître quelque chose.

Je trouve que le morceau évoque cette ambiance sombre, crasseuse et mélancolique des sou-terrains mais avec une certaine énergie quand même, c’est pourquoi j’ai écrit ce clip qui est à prendre comme une séquence d’un film, comme un extrait. Le personnage se trouve persécuté dans son quotidien par des créature de plus en plus menaçantes. Ce n’est qu’à la toute fin qu’on saisit l’analogie du tunnel et qu’on comprend que ces créatures sont des sortes de passeurs d’âmes comme les psychopompes de la mythologie grecque.”

La conception du film 

“La réalisation a dû se faire en plusieurs étapes. Premièrement, après écriture du synopsis, j’ai fait le storyboard du fil narratif. En parallèle, j’ai fait des premières planche de recherche pour tester différents outils et pouvoir décider de la technique d’animation. Avec l’équipe de production nous avons tourné tous les plans en décors réels, d’abord dans les tunnels sombres puis nous avons terminé par les plans du métro parisien.

Nous avons aussi tourné des plans de référence de course en costumes sous tous les axes pour aider les animateurs à faire bouger les monstres. Ensuite, nous avons commencé le montage des plans, puis le compositing a pu être lancé en parallèle de l’animation. Une fois que nous avions un montage brut satisfaisant, la dernière étape a pu commencer : celle de la rotoscopie grâce à notre excellente équipe de peintres. Cela consiste à redessiner chaque image du film, qui est alors composé d’un mélange brut de plans tournés, de parties animées en 2D, d’éléments 3D. Cette phase permet de fondre tous ces ingrédients et donner au film un traité uniforme.”

Yann Kornowicz, présentations

Qui es-tu ?

Je suis Yann Kornowicz, grand enfant de 33 ans biberonné à la VHS.

D’où viens-tu ?

J’ai vécu à Amiens jusqu’à mon Bac, après quoi je suis venu étudier à Paname, pour finalement y vivre. En ce qui concerne mon nom plein de consonnes, je le doit à mes parents polonais.

Que fais-tu dans la vie à côté de la musique ?

En fait, même si ça évolue, c’est plutôt le musique qui est “à côté”. Je suis graphiste presse et pub. J’ai entre autres la chance de mettre en page des photos de femmes coquines. Donc la musique c’est le soir quand je rentre et le week-end.

Quand est-ce que tu as commencé la musique, et de quelle manière ?

Je viens d’une famille de musiciens… je n’ai pas vraiment eu le choix haha. J’ai fait du violon en conservatoire quand j’étais môme, mais j’ai eu un rejet total de l’instrument. Par contre chez ma grand-mère il y avait un piano droit à côté de la télé. Quand on regardait nos cassettes de Batman, Piège de Cristal, Maman j’ai raté l’avion, je m’amusais à copier à ma modeste manière sur le piano les musiques des films, à l’oreille.

Quels projets as-tu derrière toi ?

Y a pas mal d’années je me suis mis à fond dans le rap. J’ai pendant de nombreuses années bossé exclusivement ce genre. Je suis assez mono-maniaque… J’ai sorti sous pseudo des projets discrets, tantôt rap français, tantôt rap anglophone. Même si je m’aventure ailleurs dorénavant, ça reste un genre musical qui fait partie de moi. Je viens d’ailleurs de terminer la production du prochain album du rappeur Lautrec. Grosse pression, sur son premier opus c’est Guts à la prod… !

Quelles sont tes inspirations et influences musicales ?

Ça dépend de l’état d’esprit dans lequel je me trouve. Ça peut être contemplatif, du compositeur John Adams au duo Boards of Canada. Ça peut être obsédant, de Wu-Tang à MF Doom. En vrai c’est dur de répondre. Pour ce projet mon influence majeure a bien sûr été Carpenter, mais aussi, même si c’est plus caché, le travail de Michael Kamen sur Highlander.

Comment est-ce que tu composes ? Décris-nous ton processus de création.

Pendant longtemps je me laissais porter par les expérimentations avec les machines. Tu samples un truc, tu le trafiques, tu mélanges les couches, etc… petit à petit en sort de la musique qui te fait dire “hey, c’est pas mal ça !”. Avec un pote musicien on avait surnommé ça “La Technique du Lucky Bastard”.

Mais c’est complètement différent sur ce projet. J’ai toujours fredonné mentalement des trucs, mélodies et suites d’accords…. Y a trois ans j’ai décidé que ce serait cette matière que j’utiliserai. Je rentrais chez moi le soir et j’enregistrais vite le brouillon de ce que j’avais en tête durant le trajet, pour ne pas l’oublier et le travailler ensuite avec mes vieux synthés et autres joujoux.

Comment définirais-tu ton projet ?

C’est une bande originale de film qui n’existe pas. J’ai imaginé l’histoire, préparé un storyboard à suivre pour composer les morceaux, et glissé beaucoup de Easter Eggs dans la musique. Il y a des clins d’œil à pas mal de musiques d’enfance des gens de ma génération – pour les acharnés, j’offre un vinyle au premier qui me dit où est glissée une petite mélodie fantôme inspirée d’un passage de “La fureur du Dragon”.

Au-delà du plaisir du pastiche, j’ai mis des émotions sincères dans ma musique, des émotions pas forcément très joyeuses d’ailleurs… Au final je dirais que j’ai caché des choses graves et sérieuses sous un maquillage divertissant.

Comment vois-tu ton futur ?

Maintenant que j’ai pris goût à utiliser les petites voix dans ma tête pour faire de la musique, je vais simplement continuer tant qu’elles auront des choses à dire.