On vous présente Bakari, nouvelle crème du rap liégeois et au-delà

On vous présente Bakari, nouvelle crème du rap liégeois et au-delà

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Par Guillaume Narduzzi

Publié le

Le diamant brut qu'on vous recommande fortement sort son premier clip, "Mélodie", à découvrir d'urgence. On vous aura prévenus...

Si le rap belge est devenu l’un des courants les prolifiques et surprenants de la musique francophone, le phénomène est cependant resté très centré autour de Bruxelles. Pourtant outre-Quiévrain, les artistes talentueux et prometteurs fourmillent bien au-delà de la capitale. C’est le cas de Bakari, jeune rappeur en provenance de Liège qui nous a séduits avec son tout nouveau single “Mélodie” et son clip léché, tourné en direct de la street de son quartier, à découvrir ci-dessous avant une petite interview de présentation. 

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Si cela fait déjà plusieurs mois que l’artiste fait ses armes, il est enfin prêt à prendre son envol. “Il n’y a pas de fumée sans beuh”, a-t-il l’habitude de dire. Que ce soit en duo au sein de Nü Pi ou bien avec un premier EP solide intitulé Kaléidoscope, le jeune homme sait ce qu’il fait et ce qu’il vise. Désormais signé en label, Bakari expose ses progrès flagrants et une vitesse d’adaptation assez rare pour être soulignée. Rencontre avec un rappeur ancré dans son époque.

Konbini | Qui es-tu ?

Bakari | Hello, moi c’est Bakari, artiste rap liégeois de 23 ans.

D’où viens-tu ?

Je suis rwandais d’origine, et je vis à Liège depuis que je suis arrivé en Belgique en 2004.

Où et quand es-tu né ?

Je suis né en République Démocratique du Congo le 17 août 1996.

Quand et comment est-ce que tu as commencé la musique ?

J’ai commencé le rap à l’âge de 17 ans, mais le premier texte que j’ai écrit était en fait pour un de mes potes. Depuis, j’y ai pris goût.

Qu’est-ce que tu faisais avant ?

J’étais un jeune comme les autres, je faisais ma vie, mes conneries, je vivais que pour mes potes, etc. Je ne voyais pas tellement la musique comme une perspective d’avenir. C’était un passe-temps et une passion avant tout.

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Quelles sont tes influences musicales ?

J’ai tout écouté. Du rap, du blues, de la pop, du R’n’B, de la variété française et même du rock. Petit, j’ai été bercé par la rumba et autres musiques d’Afrique Centrale qui tournaient en boucle à la maison. J’ai découvert le rap un peu plus tard avec 50 Cent.

Comment as-tu été découvert ?

Tout a commencé quand j’ai rencontré Frank Luckaz. En dehors de mes potes, c’est le premier à avoir cru au truc. Une fois qu’on a bien fait connaissance, on a commencé à travailler ensemble. Peu de temps après, il m’a présenté à Mouss Parash et depuis, c’est avec eux que je roule.

Tu faisais partie d’un duo nommé Nü Pi auparavant. Qu’est-ce que tu retiens de cette expérience ?

À la base je suis un kickeur. Cette expérience m’a permis de m’ouvrir un peu plus et de me montrer que j’étais capable de faire autre chose. C’est pendant cette aventure que je me suis ouvert beaucoup plus au chant notamment. Mais je suis quelqu’un qui aime être libre pendant qu’il crée, et être en groupe demande de devoir faire trop de concessions à mon goût. Au bout d’un an, j’ai repris la route en solo.

Peux-tu nous présenter ton nouveau morceau ainsi que son clip ?

Le son s’appelle “Mélodie”. De la musique à l’image, tout a été intégralement réalisé par des Liégeois. C’est quelque chose qui me tenait à cœur parce que les artistes urbains qui ont récemment émergé sont pour la plupart de Bruxelles. Je tenais à montrer qu’à Liège aussi ça bouge et que désormais, il faudra compter avec nous quand on parle de la scène hip-hop belge. On a tourné le clip dans notre ville, notre quartier.

Comment tu décrirais ton univers artistique ?

Je me sers de toplines assez mélodieuses pour habiller des textes crus. J’ai vite compris qu’un “nique ta mère” passait mieux en chantant avec un peu de vocodeur. Mes écrits sont avant tout authentiques. Je décris ma vie, celle de mes potes, mes joies, mes peines, etc. Dans la vie de tous les jours, je suis quelqu’un qui ne parle pas beaucoup donc la musique est vraiment comme un exutoire. Certaines personnes de mon entourage me disent qu’elles m’ont mieux compris après avoir écouté mes sons.

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L’année dernière, tu as sorti un projet intitulé Kaléidoscope. Avec le recul, comment juges-tu ce premier projet solo ?

J’en suis fier car c’est ce projet qui m’a amené là où je suis aujourd’hui. Maintenant, je vois beaucoup de points qu’on aurait pu améliorer dans la réalisation du projet mais ce qui est fait est fait, ça devait se passer comme ça. Je n’ai aucun regret. C’est en
travaillant sur ce projet que j’ai fait la connaissance de Junio Beats. C’est un jeune beatmaker liégeois qui est signé sur le même label que moi. Il a très vite compris mon univers et où je voulais emmener ma musique.

Depuis trois ans, le rap belge a le vent en poupe. Comment t’expliques ce succès ?

Ce qui devait arriver arriva, tout simplement. La Belgique a toujours eu des artistes très talentueux au niveau de la scène rap mais personne ne nous calculait. À force de charbon, on y est arrivé. Les projecteurs sont encore très rivés sur Bruxelles mais on va essayer de donner à Liège ses lettres de noblesse.

Il y a beaucoup d’artistes qui sont arrivés en Belgique suite à la guerre (Damso, Kobo, Lous and The Yakuza, Isha…). Tu penses que tout ce potentiel commence seulement à voir le jour ?

Le potentiel a toujours été présent, il n’y avait juste pas encore de plateforme qui nous permettait de nous faire entendre. Je pense que ce passé fait que certains artistes développent une sensibilité plus accentuée qui se ressent dans leur musique. C’est de la musique qui touche réellement les gens.

À lire -> Interview : avec un excellent premier projet, le rappeur belge Kobo a tout d’un grand

Que peux-tu nous dire à propos de la scène rap à Liège ?

C’est une scène très variée. Il y a plusieurs styles de rap, il y en a vraiment pour tout le monde. C’est une petite ville donc la scène artistique est également petite. On se connaît tous même si chacun a ses affinités. Dehors, c’est pareil. Un mec d’un quartier peut traîner avec un mec d’un autre quartier sans problème. La ville est petite, donc même si on est d’un quartier différent on sera amené à se croiser et à traîner ensemble à un moment donné.

Artistiquement parlant, la suite ressemblera à quoi ?

C’est du Bakari, je ne sais pas comment te décrire ça. Une fois, on m’a dit que je faisais du “rap’n’blues”, j’ai trouvé que c’était une belle façon de décrire ce que je fais.

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T’es signé sur quel label ?

Je suis signé sur O To Ten Music, le label géré par Frank Luckaz. En parallèle, on travaille avec Hall Access, label urbain de Sony géré par Mouss Parash.

Si tu devais convaincre les gens d’écouter ta musique, tu leur dirais quoi ?

C’est à la musique de convaincre, je pense. J’aime pas l’idée de devoir convaincre, on dirait je suis en train d’essayer de te refiler une mauvaise beuh. J’ai confiance en ma musique, t’écoutes et si t’aimes bien tant mieux, si t’aimes pas tu finiras par aimer, c’est juste une question de temps. Un peu d’humour zahma.

Tes futurs projets ?

Dans un premier temps, on se concentre sur la sortie et la promo du single “Mélodie”. On voit comment le public réagit, et on enchaînera encore avec quelques singles.

Le mot de la fin ?

Merci à Konbini pour l’invitation. Restez branchés parce que ça va chier. 4000 Zoo encore nous !