Voilà pourquoi la toute première écoute d’un titre est (très) importante

Voilà pourquoi la toute première écoute d’un titre est (très) importante

photo de profil

Par Joséphine de Rubercy

Publié le

Une première écoute décisive.

Qui n’aimerait pas oublier un titre, un album, un artiste, pour pouvoir l’écouter à nouveau pour la première fois ? Vous savez, pour retrouver ce sentiment que l’on ressent lors de la découverte d’un son qui nous est encore inconnu, cette émotion heureuse, dure, triste ou même surprenante qui s’empare de nos oreilles et de notre cerveau quand les premières notes résonnent et que les paroles se dévoilent.
Cet instant où la musique se grave irréversiblement dans notre mémoire. Ce frisson de la première fois que l’on ne ressentira plus jamais. Mais pourquoi la première écoute d’une musique est-elle si spéciale ?

À voir aussi sur Konbini

La réponse (ou non) aux attentes de notre cerveau

Pour répondre à cette question, le média américain Complex a interrogé deux scientifiques : Indre Viskontas, professeure à l’université de San Francisco et neuroscientifique, et Elizabeth Margulis, directrice du Music Cognition Lab de l’université de Princeton. Déjà, une première écoute est une phase de découverte qui permet la rencontre sensible avec l’œuvre et l’émergence des réactions spontanées. La première écoute, à leurs yeux, est souvent plus excitante au vu des attentes que nous en avons. En deux mots, quand SCH sort (enfin) un nouvel album en 2021 après plus d’un an à ne faire que des collabs, notre cerveau n’attend que d’écouter ça.
Indre Viskontas indique à Complex que l’euphorie que nous ressentons alors vient du système de récompense de notre cerveau, “qui est une interaction complexe de génétique, d’environnement et d’expérience”. Lorsque notre cerveau se sent récompensé, nous ressentons des niveaux de dopamine élevés, faisant de cette première écoute un moment spécial et mémorable.
Généralement, plus on aime et plus on a l’habitude d’écouter un genre musical, plus un nouveau morceau de ce genre risque de répondre aux attentes de notre cerveau et rendre l’instant particulier, affirment les deux scientifiques. Et inversement. L’intensité de la réponse à un son diffère selon si gens sont familiers ou non avec le style”, explique Elizabeth Margulis, avant d’ajouter :

“Par exemple, quelqu’un qui n’écoute pas beaucoup de métal peut trouver certains passages trop forts et agressifs, mais quelqu’un qui connaît très bien le genre peut percevoir ce même moment comme une référence.”

Ces experts précisent néanmoins que deux personnes n’auront jamais la même expérience d’écoute du même son. Cela varie selon le caractère de chacun, mais aussi selon nos émotions au moment de l’écoute.

Le contexte de la première écoute (pour toujours et à jamais) 

Selon Hervé Platel, neuropsychologue et chercheur à l’université de Caen, invité à France Culture en mars 2018, c’est le contexte de la première écoute qui est véritablement décisif et qui permettra au cerveau d’associer quasi définitivement le morceau en question à une expérience positive ou négative.
Plus tard, à chaque réécoute, l’intensité de l’émotion que vous ressentirez dépendra donc du contexte de cette première fois. Par exemple, si vous écoutez une nouvelle chanson pendant un moment douloureux, comme une rupture amoureuse, réécouter ce titre plus tard vous fera revenir en mémoire ce que vous ressentiez au moment de la première écoute.
Car l’écoute d’un son, selon Hervé Platel, déclenche dans le cerveau des réactions chimiques dans lesquelles la mémoire, véritable catalyseur d’émotion, joue un rôle essentiel. C’est grâce à votre mémoire que votre cerveau est capable de savoir si le morceau que vous réécoutez fait écho à une première expérience heureuse ou non. Le neuropsychologue s’explique sur l’importance du vécu émotionnel :

“En, fait notre cerveau est en permanence en train de comparer ce que nous vivons à ce que nous avons déjà vécu. C’est un travail à la fois associatif et de comparaison. Cela apparaît très clairement dans l’expérience du frisson musical : quand on les questionne sur ce qui provoque ce frisson, les trois quarts des auditeurs mentionnent un souvenir personnel que leur évoque la musique écoutée.”

Euphorie, tristesse, bonheur, colère : le sentiment ressenti à la première écoute d’une chanson, même si certains arriveront à passer outre, restera donc le même à chaque fois que vous l’entendrez de nouveau. Voilà pourquoi beaucoup d’entre nous n’arrivent pas à réécouter certains morceaux qu’ils jugent “douloureux” (du genre “All by My Self” de Céline Dion) ou, au contraire, s’emparent de la sono en soirée pour passer en boucle un seul et même titre qu’ils adorent (mais pas forcément les autres). On comprend mieux.