Mona Haydar célèbre la femme musulmane avec un clip féministe contre les préjugés islamophobes

Mona Haydar célèbre la femme musulmane avec un clip féministe contre les préjugés islamophobes

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Par Chayma Mehenna

Publié le

Mona Haydar, poète et activiste, en avait marre des regards malveillants, des questions et des critiques à l’égard de son hijab. À l’occasion de la première journée de la femme musulmane, elle a décidé de marquer le coup avec un clip vidéo illustrant sa chanson “Hijabi”. Un bon coup de pied aux idées reçues et aux préjugés. 

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Mona Haydar a 28 ans. Elle vit aux États-Unis, mais est née de parents syriens. Être le fruit de l’immigration, c’est souvent avoir l’impression de n’appartenir à aucune communauté, d’être critiqué par tous mais aussi ne pas trouver sa place. Vivre dans un pays occidental implique parfois de faire face à un moment donné à une culture qui menace les traditions qui ont été inculquées par des parents essayant de les préserver et les transmettre à tout prix. Voici l’histoire de nombreuses personnes et voici l’histoire de Mona Haydar.

Ses parents sont arrivés dans le Michigan en 1960. Depuis elle s’est installée à New York. Son mari, Sebastian Robins, s’est converti avant de l’épouser et, ensemble, ils ont créé une initiative, “Ask a Muslim”, à Cambridge dans le Massachusetts. L’idée ? Contrer l’islamophobie et ouvrir le dialogue à la suite des attaques terroristes de Paris et San Bernardino. Pour cela, ils offrent le café et des donuts disposés sur leur stand installé devant une bibliothèque. Une jolie idée qui ne pèse malheureusement pas bien lourd.

Rapper en étant musulmane, voilée et enceinte, c’est possible

Cette fois, Mona a choisi un autre moyen, plus visible, de se battre contre les stéréotypes entourant l’Islam. Le 27 mars dernier, peu le savent, était la première journée internationale des femmes musulmanes, une initiative lancée par le site muslimgirl.com, en partenariat avec plusieurs médias américains. Cette date, Mona Haydar a voulu lui donner un impact, la faire résonner. Pour libérer les femmes, pour tordre le coup à l’islamophobie… Quoi de mieux alors que de mettre son talent de poète au service de cette cause ? Elle a ainsi mélangé le flow de M.I.A. et le style de la madonne Beyoncé dans son premier titre, illustré d’un clip à son service.

Ce sont les discriminations vécues au quotidien, et la sensation qui peut-être ressentie, que Mona expose dans sa chanson. Dans la société actuelle, il est bien complexe d’être musulmane et voilée mais c’est quelque chose dont on ne se rend que trop peu compte. Parfois, dans la rue, les gens s’arrêtent, la dévisagent, explique ainsi son mari dans une interview. “What that hair look like? I bet that hair look nice. Don’t that make you sweat? Don’t that feel too tight?” Voilà le lot de questions curieuses, naïves ou mal intentionnées que peut subir une femme voilée à longueur de journée. Fatiguée de devoir répondre à ce genre de demandes, la jeune femme, enceinte de 8 mois, allie dans son rap un anglais teinté d’électro à un rythme et une instrumentale arabisants, tout en entonnant fièrement “Wrap my hijab/Keep swaggin my hijabis”. Avec une vidéo au casting 100 % féminin, elle veut prouver qu’il est possible d’être moderne et de porter le voile tout en s’épilant les sourcils et en mettant du rouge à lèvres.

Cette initiative brillante n’est pour autant pas au goût de tous. Elle est malvenue pour certains qui la disent interdite et “haram”, c’est-à-dire considérée comme un “péché”. Car, selon eux, la musique serait interdite par la religion du prophète Mahomet. À ceux qui la critiquent, Mona leur répond simplement de ne pas écouter sa musique et regarder son clip,  et elle ajoute : “This song is a party.”