Ces trilogies des années 2010 qui ont lancé des carrières dans le rap français

Ces trilogies des années 2010 qui ont lancé des carrières dans le rap français

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Par Samuel Delwasse

Publié le

Ninho, Kaaris, Alpha Wann : ils ont adopté le format de la trilogie pour se faire un nom dans le rap français.

Tantôt des classiques immuables qu’on rappelle à l’artiste à chaque nouvelle sortie, tantôt de bons projets mais qui n’ont fait que participer à l’éclosion progressive d’une carrière : les premiers albums sont souvent des pièces à part dans les discographies des artistes. Focus sur six rappeurs français des années 2010 qui ont choisi le format de la trilogie pour se faire connaître et fédérer une fan base autour d’eux.

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Kaaris – Or noir (2013-2019)

Qu’on le veuille ou non, cette trilogie fait partie de celles qui auront à jamais marqué l’histoire du rap français. Or noir, suivi d’Or noir 2 six mois plus tard, est presque unanimement cité parmi les albums les plus importants des derrières années. En duo avec Therapy à la prod, Kaaris est celui qui a popularisé la trap en France très tôt, avant son explosion à partir de 2015 avec d’autres têtes d’affiche comme Gradur, Niska, SCH, MHD… On peut déplorer le fait que le troisième volet de la trilogie, sorti en 2019, ait plus été un coup de com’ autour de l’étiquette “Or noir” qu’une réelle continuité musicale avec les deux premiers albums.

On retiendra cependant de Kaaris énormément de classiques qui n’ont aujourd’hui pas pris une ride, qui représentent une époque déterminante de sa carrière et qui ont influencé beaucoup d’albums de trap qui sont sortis par la suite. De “Zoo” à “Or noir” en passant par “S.E.V.R.A.N” et “Chargé”, jusqu’à “Exo planète” : ces morceaux ont marqué des esprits, lancé un mouvement et mis la lumière sur Sevran. Merci Kaaris pour les travaux.

Vald – NQNT (2014-2018)

Ça n’avait ni queue ni tête. Il est arrivé dans le rap français sans dire bonjour en 2014. Il a choqué tout le monde en criant haut et fort vouloir “baiser le monde comme un autiste”. Un an plus tard, c’est avec le lunaire “Bonjour” que Vald continue de créer tout un personnage autour de lui. Un troll qui hurle des insanités au micro ? Un génie qui a dix ans d’avance sur tout le monde ? L’Eminem français ?

Avec le temps, Vald a su s’imposer pour être aujourd’hui une des grosses têtes d’affiche du rap français. Entre provocation, grosse blague, sincérité sur son quotidien et talent incontestable au micro, ces deux EP sortis en 2014 et 2015 ont servi de vrai tremplin à Vald pour se faire une place par sa singularité musicale.

Sur NQNT33, sorti par surprise en 2018, on retrouve une version de Vald en totale harmonie, à la fois avec la liberté d’esprit de la trilogie NQNT qu’il distille sur chaque track, et avec l’évolution du personnage qui s’est construit au fil des années. Des projets qui regorgent de chefs-d’œuvre, de “Aulnay-sous-Bois” à “Urbanisme” jusqu’à “Rechute”. Une bonne raison de se (re)pencher sur ces titres parfois méconnus de certains auditeurs de Vald.

Alpha Wann – Alph Lauren (2014-2018)

Alpha Wann, c’est le rappeur préféré de ton rappeur préféré. Durant des années, il fut le plus mis en avant dans la moindre interview d’un membre de L’Entourage. Le temps aura fait son œuvre. Si aujourd’hui un consensus est plutôt établi sur le fait qu’il est l’un des meilleurs kickeurs de notre industrie, il aura fallu à Alpha Wann du temps pour étoffer cette étiquette-là. Avant de sortir son classique Une main lave l’autre en 2018, Alpha Wann a fait ses gammes.

Des rimes tranchantes, une voix en recherche d’identité, des prods entre le old school et l’actuel, des essais de refrains : trois EP de huit titres sortis chacun à deux ans d’intervalle pour étoffer son style. “L’Histoire d’un type bien”, “Barcelone”, “Paire de Prada” et tant d’autres morceaux fondateurs sans lesquels le “Don” n’aurait certainement pas pu atteindre le niveau et le statut qu’il a aujourd’hui.

Ninho – M.I.L.S (2016-2020)

Dès le premier volet de la série, Ninho a fait mouche. Une énergie folle au micro, des mélodies entraînantes, des tubes nationaux : il s’est d’office présenté comme l’un des prétendants aux premières places des charts. Et ça n’a pas manqué. Ninho a enchaîné les succès avec ses mixtapes, et explosé les compteurs de ventes dès son plus jeune âge. Publiées à deux ans d’intervalle, entre chaque album, ces mixtapes ont contribué à construire une grande partie de la notoriété de Ninho dans le rap français.

Si M.I.L.S 3 est certainement le projet le moins abouti de la trilogie, il a pourtant connu un succès commercial supérieur aux autres. Une science du hit qu’il a développée au fil des années et qu’il maîtrise à la perfection sur M.I.L.S 2, certainement son meilleur projet. Celui où il est au sommet de sa zone de confort, dans les mélodies, dans les placements rappés, et dans sa faim de dévorer l’intégralité du rap game. Chose faite.

Kekra – Vréel (2016-2017)

Au fil des années, le public du rap français a su se familiariser avec l’univers mystérieux de Kekra qui, derrière son masque et son utilisation pointilleuse de l’autotune, regorge de créativité et d’originalité dans sa proposition musicale. Au fil des projets, notamment avec la trilogie Vréel, il a su maîtriser sa formule. Dès le premier extrait de Vréel, “Pas joli”, l’un des titres phares de sa carrière, le succès prend.

Grâce à la productivité impressionnante qu’il a eue ces dernières années, Kekra a su se construire une vraie fan base et familiariser de plus en plus d’adeptes à son univers. La preuve en est avec son dernier hit, un des morceaux de l’été. Mais avant ça, cap sur ces mixtapes Vréel qui regorgent de pépites parfois trop peu connues (comme “Faut que je fasse”), d’instrus uniques et de mélodies renversantes.

Niro – Paraplégique (2012-2014)

Rappeur emblématique des années 2010, Niro est souvent un grand oublié des tops. Coincé entre deux générations, le rappeur marocain, très souvent reconnu et invité par de nombreux artistes, est certainement un des meilleurs kickeurs de la dernière décennie. De 2012 à 2014, il a sorti les trois volumes de sa trilogie avec Paraplégique, Rééducation et Miraculé.

De son classique “Père fourra”, à la reprise de l’iconique “Laisse pas traîner ton fils” avec Mac Tyer, Niro a, sur ses trois albums, montré à une grosse partie de l’industrie qu’il faudrait encore compter sur lui de longues années. La preuve, il vient de sortir le mois dernier la version finale de son album, Sale môme. Niro, ou l’art de traverser les époques avec énergie, justesse et adaptation.