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The Life of Pablo a 5 ans : 5 choses que vous ne saviez pas sur l’album de Kanye West

The Life of Pablo a 5 ans : 5 choses que vous ne saviez pas sur l’album de Kanye West

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Par Joséphine de Rubercy

Publié le

L’album du rappeur fête son cinquième anniversaire ce 14 février, l’heure de vous dévoiler (ou vous rappeler) quelques secrets.

Dimanche 14 février 2016, après moult ajouts, changements, rebondissements et drames, le septième album de Kanye West, The Life of Pablo, sort enfin. Trois jours se sont écoulés depuis sa présentation gargantuesque au Madison Square Garden de New York, et le projet composé de 18 titres est disponible exclusivement sur la plateforme Tidal. Comme prévu, un panel de collaborations incroyables : de Rihanna à Young Thug en passant par The Weeknd, Franck Ocean, Kid Cudi et Kendrick Lamar. La pochette de l’album est un mélange entre art contemporain et dessin d’un enfant de 4 ans sur Paint. Voilà donc, à l’occasion de son cinquième anniversaire, 5 choses que vous ne saviez (peut-être) pas sur The Life of Pablo, l’album mystique et moderniste de Kanye West.

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Pablo serait en fait un mélange chelou de Pablo Escobar, Pablo Picasso et (surtout) de Saint Paul

Pourquoi ce titre ? Qui est ce fameux Pablo ? Si parfois Kanye West laisse son public interpréter lui-même son art, cette fois-ci il a été très clair sur ses intentions avec ce titre. Après de nombreuses spéculations des fans sur Pablo Neruda, un célèbre homme politique et poète, le rappeur a révélé la réelle signification de ce nom, qui n’est autre que celui… de trois Pablo à la fois ! Il s’agit d’une triple référence au peintre Pablo Picasso, au baron de la drogue Pablo Escobar et, un peu plus étonnant, à Saint Paul, apôtre de Jésus dans la religion chrétienne et auteur de plusieurs textes du Nouveau Testament. Trois Pablo qui ont eu un impact significatif sur le monde, mais dont on peine à déceler les points communs.
Selon le rappeur, ils représenteraient chacun un des aspects de “La Vie de Pablo” (The Life of Pablo). Pablo Escobar car il fut le plus influent trafiquant de drogue, Pablo Picasso car il était le plus grand artiste et Saint Paul car il a été la plus puissante figure du christianisme. Et ce mélange entre le consommable, l’œuvre d’art et le message spirituel, “c’est la vie de Pablo”, assure Ye.

Un parti pris étonnant. D’autant plus que l’artiste va renforcer la connexion entre son album et Saint Paul (Pablo en espagnol) en nommant un de ses titres “Saint Pablo”. Il sera aussi une référence au nom de sa tournée : “The Life of Pablo: The Saint Pablo Tour”. Surtout, West raconte ressentir des parallèles entre sa vie et celle de l’homme biblique. “Il était un grand messager”, insiste-t-il, et cette fonction de messager “c’est mon propre droit de parole”. Une belle illustration de l’ego (un tout petit peu) démesuré de notre cher Kanye.

Après les débuts officiels, Kanye West a continué à modifier l’album, du coup il est sorti 1 567 fois (à peu près)

Si Yeezy a sorti son projet uniquement en streaming, c’est pour se donner la possibilité de le modifier dès qu’il le voulait, même après sa sortie officielle. Jusqu’ici, les albums étaient imprimés sous forme de CD, vinyle ou cassette, et devenaient un objet immuable et sacré. Une modification aurait demandé que chaque exemplaire soit rapatrié et qu’une nouvelle version soit mise en vente dans les bacs. En bref : un enfer financier et logistique.
Un enfer que voulait éviter Kanye. Et il a eu raison, vu le nombre de modifications auxquelles il a procédé sur TLOP. Il y a eu d’abord une première version composée de 11 titres et présentée le 11 février 2016, lors d’une listening party monumentale au Madison Square Garden. Ensuite, une deuxième version avec 18 titres est dévoilée en exclusivité sur la Tidal le 14 février : c’est la sortie officielle. S’en est suivi une ribambelle de changements, près d’une dizaine au total, entre de nouveaux featurings, des titres ajoutés au dernier moment, la tracklist et les textes modifiés maintes et maintes fois, des sons mixés et remixés. Tout ça nous amène au 15 juin 2016, date de l’actuelle et dernière version de l’album, totalisant 20 titres, après quatre mois de rectifications.

C’est le projet qui a permis à Kanye de confesser tous ses pêchés (avant son virage serré sur l’autoroute de la foi)

Cet album serait-il une façon pour Kanye West de se repentir ? Serait-il le point de départ de sa rencontre avec Dieu et de son tournant vers le chemin de la foi ? À première vue, c’est un album de rap, ou un album de gospel comme aime dire son interprète. Mais quand on y regarde de plus près, il s’agit d’une vraie confession de l’artiste, que l’on comprend au fur et à mesure des titres. Le ton est donné dès le premier morceau, “Ultralight Beam”, dans lequel une chorale gospel puissante et traditionnelle s’accorde avec des paroles qui ressemblent étrangement à une prière. “This is a God dream/This is everything” (“C’est un rêve de Dieu, c’est tout”), commence-t-il, avant le refrain chanté par The Dream. “I’m tryna keep my faith/But I’m looking for more/Somewhere I can feel safe/And end my holy war/I’m tryna keep my faith” (“J’essaie de garder la foi, mais je recherche encore plus, un endroit où je me sentirai en sécurité et terminerai ma guerre sainte, j’essaie de garder la foi”).

Jusqu’à la piste 13, le rappeur semble se libérer du poids de chacun de ses pêchés. Dans “Father Stretch My Hands Pt.1”, il évoque l’adultère et exprime son désir de se soumettre à la volonté de Dieu malgré sa fierté (le titre, “Père étends mes mains” en français, est une image courante de prière). Dans “Freestyle 4”, West parle crûment de sexe et de toutes ses autres pensées obscènes, puis dans “Pt.2”, il reprend le titre “Panda” de Desiigner qui détaille un mode de vie malsain. “I got broads in Atlanta, twisting dope, lean and the Fanta” (“J’ai des putes à Atlanta, qui préparent ma drogue, mon lean et mon Fanta”). La liste de ses torts et de ses tourments est longue, mais le rappeur n’a pas peur de l’adresser à son public et à Dieu, en espérant qu’ils lui pardonneront ses péchés. Comme s’il voulait tout mettre à plat avant de prendre un nouveau départ. Ce qu’il confirme dans le titre “FML” : “God I willing to make this my mission/Give up the women before I lose half of what I own” (“Seigneur, je suis prêt à faire de cela ma mission/Laisser tomber les femmes avant de perdre la moitié de ce que j’ai”).

C’est là que le parallèle entre Ye et Saint Paul saute aux yeux. L’apôtre Paul, avant de se repentir et d’être un disciple de Jésus, avait participé à la persécution de chrétiens. Serait-on sur le point d’avoir un Saint Kanye ? En tout cas, ces dernières années nous ont prouvé que son obsession pour la foi n’était pas qu’une passade. Quand il ne clame pas être l’égal de Dieu, il sort l’album Jesus Is King, en 2019.

L’album a eu deux pochettes et quatre titres au total (et un fan a réussi à deviner le titre avant la sortie)

Créée par l’artiste américain Peter de Potter, la pochette de l’album est composée de collages de textes et de photos. “Une nouvelle histoire visuelle”, selon lui. Les mots “The Life of Pablo” et “Which One” sont tagués sur un fond orange et deux photos s’y sont superposées, celle d’un mariage et, en dessous, celle d’un fessier plutôt imposant. Sauf qu’avant cette version, il y en a eu une autre. Bien que ressemblante avec celle que l’on connaît, cette première pochette n’affichait ni la photo de fessier XXL, ni le texte “Which One”. L’image du mariage, elle, était beaucoup plus petite et située en bas à gauche.
Même chose pour les titres du projet, Kanye a eu un peu de mal à se décider. Après avoir penché pour So Help Me God, il avait opté pour le titre Swish. Fin janvier 2016, quelques semaines avant la sortie, il publiait un bout de papier raturé où l’on pouvait lire le mot Swish barré et remplacé par sa nouvelle idée : Waves. Face à l’incertitude de son mari, c’est Kim Kardashian qui prendra finalement les choses en main. Sur Twitter, elle a demandé à ses abonnés de voter pour le meilleur de ces titres. Finalement, le 10 février, la veille de sa représentation au Madison Square Garden, West dévoile un mystérieux titre : The Life of Pablo, ce quatrième choix sera le bon.
Mais il n’a pas été le seul à penser à ce titre pour son septième album. Le rappeur avait lancé un défi sur Twitter le 9 février, promettant une place pour le concert au Madison Square et une paire de baskets Yeezy à celui qui trouvera le titre exact. C’est finalement un certain Dante Holley, 20 ans et fan de l’artiste, qui avait visé juste.

The Life of Pablo est le premier disque de platine n’étant jamais sorti sous forme de disque

Un peu plus d’an après la sortie de l’album, Yeezy reçoit officiellement un disque de platine de la Recording Industry Association of America (RIAA) pour The Life of Pablo. Jusqu’ici, rien d’anormal pour un rappeur d’une telle ampleur. Seulement, West reçoit cette récompense sans avoir vendu aucun CD, vinyle ou même MP3. C’est effectivement le premier artiste à recevoir un disque de platine uniquement grâce au streaming. Rappelons que le 14 février 2016, The Life of Pablo sort exclusivement sur Tidal, avant d’être disponible sur les plateformes classiques quelques semaines plus tard. Le platine récompense ceux ayant atteint 1 million d’albums vendus, dans le cas de Kanye West ce chiffre n’a été atteint qu’avec ses streams.

En 2016, le streaming commence à exploser dans le monde. Les plateformes comme Tidal ou Apple Music sont en pleine ascension et des artistes commencent à sortir leurs albums uniquement en streaming. Face à cette mutation du monde musical, la RIAA ajoute les streams au décompte des albums vendus. La société considère alors que 1 500 streams valent un album vendu. Pour atteindre le million d’albums vendus, il faut donc compter 1,5 milliard de streams (ce calcul ne vaut que pour les albums disponibles uniquement en streaming). Quand il reçoit son disque de platine, Kanye West a largement dépassé ce seuil. En avril 2017, il avait déjà vendu plus de 3 milliards de streams via les différentes plateformes. Chapeau.
Cinq ans après, on peut parler de The Life of Pablo comme d’un album mystérieux et spirituel dans le fond, mais une totale anomalie dans la forme. Preuve que Kanye West redouble d’inventivité aussi bien pour créer, que pour faire exister ses albums.