The Hop nous apporte enfin de l’espoir en 2020

The Hop nous apporte enfin de l’espoir en 2020

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Par Guillaume Narduzzi

Publié le

Le collectif parisien, devenu un trio au fil des ans, a dévoilé son excellent album 220 la semaine dernière.

Collectif d’une douzaine d’artistes et proche de groupes comme 1995 et L’Entourage dès l’aube des années 2010, The Hop est enfin de retour avec un nouveau projet. Car après un premier EP paru en 2011, le groupe s’est recentré autour des trois orfèvres que sont The Pollywog, Dani Lascar et Tony, et a enchaîné les collaborations et performances live. Leur premier album, fruit de ces années enrichissantes, 220, a été dévoilé le 19 juin dernier.

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Un disque exquis sur lequel on retrouve notamment l’ancienne membre Sabrina Bellaouel, mais aussi des pointures telles que Jazzy Bazz, Oxmo Puccino, Jok’Air, Bonnie Banane, Krisy ou encore Gracy Hopkins, pour ne citer qu’eux. Le résultat oscille habilement entre hip-hop, jazz, néo-soul, pop et R’n’B durant une quarantaine de minutes. The Hop crée une symbiose entre les genres comme peu d’autres. L’occasion parfaite de se pencher sur l’histoire de ce groupe atypique.

Konbini | Qui êtes-vous ?

The Hop | Un groupe de trois producteurs/musiciens : Benamou aka The Pollywog, Dani Lascar et Tony.

Où et quand êtes-vous nés ?

Nous sommes nés tous les trois à Paris entre 1988 et 1990. On a toujours vécu à Paris ou sa banlieue, sauf Benamou, qui a vécu un petit moment à Amsterdam.

Quand et comment est-ce que vous avez commencé la musique ?

Benamou | Mon père m’a acheté un genre de darbouka un été quand j’avais 7 ou 8 ans. Il me faisait écouter beaucoup de musique orientale. Puis je me suis mis à la batterie vers 13 ans pour pouvoir jouer d’autres styles avec mes potes.  

Tony | J’avais 8 ans et je voulais prendre des cours de piano. Mes parents m’ont inscrit au conservatoire. Après quelques cours, mon prof m’a proposé de me mettre à la trompette car il n’y avait pas de trompettiste dans l’orchestre, et c’est devenu avec le temps mon instrument principal.

Dani | Je voulais faire de la batterie quand j’avais 6 ou 7 ans, mais mes parents ont refusé à cause du bruit, donc je me suis rabattu sur la guitare.

© Bettina Pittaluga

Qu’est-ce que vous faisiez avant la musique ?

Dani | Juste après le lycée, je me suis vraiment geeké et j’ai décidé de me consacrer entièrement à la musique. Je partageais mes journées avec mes différents groupes et mes études au conservatoire de Paris.

Benamou | J’ai fait des études de droit en parallèle de la musique. Je suis devenu avocat, j’ai bossé un peu en cabinet. Jazzy Bazz m’a proposé d’être son batteur pour la tournée de son premier album P-Town, et après ça, les plans se sont multipliés. Quand la musique a commencé à subvenir à mes besoins, j’ai quitté mon taf pour ne faire que ça.

Tony | Après le collège, j’ai quitté le cursus classique pour étudier dans une école de jazz à plein temps. Une fois mon diplôme en poche, j’ai alterné entre musique et vie de coursier.  

Quelles sont vos influences musicales ?

En vrac, la soul des 70’s, le rap et le R’n’B US des années 2000, J Dilla, Madlib, D’Angelo, beaucoup de jazz, Stereolab, Little Dragon, Hatfield and the North, Steve Reich, Arvo Pärt, Frank Ocean, Travis Scott, Tyler the Creator, Playboi Carti…

Comment avez-vous été découverts ?

On n’a pas vraiment été découverts, c’est plutôt des gens qui nous ont donné de la force à certains moments de notre carrière. Quand on a formé le groupe en 2009, on a fait un premier concert où on avait invité 1995, Cool Connexion (Jazzy Bazz & Esso Luxueux), Espiiem, Kema, Sabrina Bellaouel, L’Étrange. Personne n’était encore connu à ce moment-là.

© Emma Ledoyen

Vous avez sorti un projet, The Hop, en 2011. Qu’avez-vous fait entre-temps ?

Pas mal de choses ! On a accompagné beaucoup d’artistes en tant que live band (Mac Tyer, Nekfeu, Oxmo Puccino, S.Pri Noir, Nessbeal et plein d’autres). On avait aussi formé un nouveau groupe avec Loub, Sabrina, Tony et Ben qui s’appelait Aleph. On a composé plusieurs morceaux qui sortiront peut-être un jour. On a participé à la composition de Nuit de Jazzy Bazz, avec qui Benamou a tourné en tant que batteur. On a taffé sur les projets de Sabrina et d’Oko Ebombo.

Le groupe était initialement composé de douze artistes. Comment s’est passée l’évolution du collectif ?

Benamou | À la base, il y avait Tony, Loubenski et moi. Puis Sabrina Bellaouel, Kema et Espiiem ont rejoint l’aventure. On s’est retrouvés à être douze sur scène entre les voix, notre trio de départ et les musiciens additionnels. On a ensuite rencontré Dani quelques mois après la sortie de notre premier EP et ça a été un vrai coup de foudre [rires]. C’était une super époque, mais le nombre faisait que toute l’organisation était très difficile. Nos trois voix lead ont voulu faire leur carrière solo et on a rétréci notre formation pour être plus flexibles dans les lives et la composition. Le groupe s’est resserré autour de Tony, Dani et moi.

Vous êtes restés proches des artistes que vous côtoyiez à cette époque ?

Bien sûr ! On a continué à bosser avec Espiiem sur ses morceaux et pour les artistes de son label Orfèvre. Sabrina Bellaouel est omniprésente sur notre album et on participe à ses projets solos. Kema est moins actif en musique aujourd’hui, mais nous envoie énormément de force sur les réseaux. Loub a coproduit notre single “Berline noire”. Pareil pour certains membres de L’Entourage (Jazzy Bazz, Eff, Deen) qu’on a connus à nos débuts et avec qui on travaille encore aujourd’hui.

Quels sont les avantages et les inconvénients d’être un groupe aujourd’hui ?

Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise situation… [Rires.]

Comment vous décrivez votre univers artistique ?

Sensuel et onirique, on essaie de faire de la baby making music”.

© Dijor Smith

Comment est-ce que vous composez ?

Ça part d’une idée de base de l’un de nous trois qu’on retravaille ensuite ensemble. Parfois on la bousille, parfois on l’améliore, et parfois ça donne un morceau. Ça nous arrive aussi de composer directement aux côtés d’un featuring en jouant.

Vous venez de sortir le projet 220. Quelles ont été les lignes directrices de sa conception ?

220, c’est un projet qui nous tenait à cœur et qui vient synthétiser plusieurs années de collaborations. L’idée était de faire une musique qui nous ressemble avec des artistes qu’on apprécie. On a fait beaucoup de morceaux depuis 2017 et on a gardé pour l’album un ensemble de douze titres cohérents entre eux. On en a encore un stock qu’on sortira très probablement dans le futur.

Pourquoi ce projet a-t-il mis “autant” de temps à arriver dans nos oreilles ?

On a longtemps préféré le live au studio. Après un concert à la Cigale avec Oxmo et une dizaine d’autres rappeurs en 2016, on s’est dit qu’il était grand temps de se mettre à fond sur le projet de The Hop. Puis il a fallu composer, trouver un deal, faire des visuels, concilier le calendrier de tous les feats… L’album est fini depuis longtemps, le plus long a été de trouver les bons partenaires.

Il y a beaucoup de featurings sur ce projet. Comment les avez-vous choisis ?

Tous les feats du projet sont des artistes qu’on apprécie beaucoup et avec lesquels nous avons déjà collaboré par le passé. Sauf Krisy, que l’on ne connaissait pas, mais qu’on avait vraiment envie d’inviter.

Lors d’une interview récente, Issam Krimi disait qu’enregistrer et performer sur scène avec des musiciens, c’est quelque chose qui manque beaucoup au rap français. Quel est votre constat à ce propos ?

Aujourd’hui, la majorité des live des rappeurs sont accompagnés par des DJ sur scène. Il est vrai que reproduire des prods avec un live band ne fonctionne pas tout le temps. Mais de plus en plus d’artistes s’entourent de musiciens sur scène, cela permet d’amener plus de vie à la performance ou de revisiter complètement le morceau. Le live band est plus répandu dans la scène hip-hop US, peut être parce que l’apprentissage des instruments est plus ancré dans leur culture. Il faut reconnaître qu’ils maîtrisent vraiment bien l’équilibre entre le live band et les séquences programmées. Le dernier live de Kendrick à Bercy en était un parfait exemple.

Comment abordez-vous la scène avec autant de guests sur le projet ?

On a hâte de retrouver la scène ! Ça va être compliqué de faire une tournée avec tout ce plateau, mais on va essayer de faire quelques belles dates avec les invités pour jouer l’album. À côté de ça, on bosse aussi sur une formule live à trois avec Tony et Dani, et pourquoi pas avec un ou deux invités.

Vous êtes signés sur quel label ?

Le nôtre, The Hop Records ! On a créé la structure avec notre avocat home made Benamou. Puis, on a signé un label deal avec le distributeur Idol. On espère produire d’autres artistes sur ce label.

Quelles seraient les meilleures conditions pour écouter votre musique ?

Aurore ou crépuscule, petit spliff, posé avec sa moitié ou en ride en voiture.

Si vous deviez convaincre les gens d’écouter votre musique, vous leur diriez quoi ?

Viens là si tu cherches un peu de douceur.  

Vos futurs projets ?

On est déjà de retour en studio. On a plusieurs idées pour notre prochain projet. On sait d’emblée qu’il faut qu’il soit plus facile à faire tourner en live [rires]. On veut continuer à inviter des feats et faire des morceaux instrumentaux, à voir comment on organisera tout ça. On aimerait aussi sortir quelques morceaux de l’époque de 220 qui ne sont pas sur l’album.

Le mot de la fin ?

Lavez-vous bien les mains et prenez soin des anciens.