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Après avoir perdu sa musique, Taylor Swift est numéro 1 avec un album réenregistré

Après avoir perdu sa musique, Taylor Swift est numéro 1 avec un album réenregistré

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Fearless (Taylor’s Version) / ©Youtube

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Par Joséphine de Rubercy

Publié le

Du jamais-vu dans l’industrie de la musique.

Le 9 avril dernier, Taylor Swift sortait un nouvel album, Fearless. Si ce titre a comme un air de déjà-vu pour certains, ce n’est pas pour rien : c’est en fait le nom du deuxième album de l’icône pop, initialement sorti en 2008. La chanteuse américaine a réenregistré le projet en intégralité, avant de ressortir la nouvelle version intitulée Fearless (Taylor’s Version). Et étonnamment (ou pas), l’album connaît à nouveau un énorme succès, douze ans après sa première sortie.

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Une nouvelle version qui bat des records historiques

Déjà numéro 1 en 2008, Fearless a encore une fois fait ses débuts à la première place du Billboard top 200. Il a également décroché la première place des charts au Royaume-Uni, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Irlande.
Les records d’écoutes de Fearless (Taylor’s Version) font d’elle la première femme à avoir trois nouveaux albums n° 1 en moins d’un an, après Folklore en juillet 2020 (sacré album de l’année lors des Grammy Awards) et son digne successeur Evermore en décembre 2020. Elle détrône ainsi les Beatles, qui avaient connu le même exploit entre 1965 et 1966 avec les sorties successives de Help!, Rubber Soul et Revolver.

C’est aussi le neuvième album de la chanteuse et le premier album réenregistré de l’histoire à atteindre la tête des palmarès en si peu de temps. Avec un total de 291 000 albums vendus (en streaming et en physique) aux États-Unis entre le 9 et le 15 avril, selon Billboard, Fearless (Taylor’s Version) offre à Swift la plus grosse première semaine pour un album en 2021 et la plus grosse semaine pour un album country depuis 2015.

Le premier réenregistrement

Le nouvel album de 26 pistes comporte les réenregistrements des 13 titres de Fearless, ainsi que six chansons ajoutées en bonus à la réédition de 2009 de Fearless (baptisée Platinum Edition) et et le single “Today was a Fairytale” paru en 2010.
Au-delà de ces 20 réenregistrements, Fearless (Taylor’s Version) compte également six nouveaux morceaux, écrits pour l’album original de 2008, mais qui n’ont jusque-là jamais été enregistrés ni sortis.

Fearless (Taylor’s Version) n’est en réalité pas le seul album que la star a prévu de réenregistrer. Elle s’attaquera ensuite au réenregistrement de ses 5 autres premiers projets, de Taylor Swift à Reputation, en passant par Speak Now, Red et 1989, tous sortis entre 2006 et 2017. Une mission que s’est lancée l’artiste de 31 ans pour reprendre le contrôle de ses œuvres et se réapproprier leurs droits.

… pour reprendre le contrôle de ses œuvres

C’est dans une longue bataille financière et juridique que s’est lancée Taylor Swift à l’été 2019. Au mois de juillet de cette année-là, Taylor Swift publie un long message sur sa page Tumblr déplorant le rachat, pour un montant estimé de 300 millions de dollars (252 millions d’euros), du label Big Machine Label Group par Scooter Braun, figure éminente de l’industrie musicale qui manage les carrières de Justin Bieber, Ariana Grande ou, plus récemment, Demi Lovato.
Jusque-là, la société appartenait à Scott Borchetta, l’homme qui avait signé Taylor à l’âge de 15 ans et qui avait lancé sa carrière. Cette vente de Big Machine Label Group a entraîné, par conséquent, celle des droits des six premiers albums de la chanteuse, tous sortis sur ce label avant qu’elle n’en change pour Republic Records en 2017. C’est là que les problèmes ont commencé pour la pop star.

-> À lire : Taylor Swift perd sa propre musique, vendue 300 millions de dollars sans son accord”

Juste après le rachat du groupe, Scooter Braun décide de vendre les droits des albums de Swift au fonds d’investissement Shamrock Holdings, tout en continuant à toucher des bénéfices sur les disques.
C’est la deuxième fois que ma musique est vendue sans que j’en sois prévenue“, avait expliqué la jeune femme dans une publication. Résultat, cette dernière s’est vu dépouiller de ses propres masters et a réclamé, sans succès, la possibilité de les racheter. Elle entre alors dans un conflit ouvert et public avec Scooter Braun.
L’album Fearless sorti en 2008 :

Cependant, il se peut que le manager mais aussi Shamrock Holdings soient allés un peu trop vite en besogne. S’ils imaginaient toucher le gros lot en récupérant les droits des masters de la chanteuse, ce n’est pas si évident. Effectivement, cela ne suffit pas pour qu’une chanson puisse être utilisée de manière commerciale, c’est-à-dire dans un film, une publicité, etc. L’interprète de “Shake It Off”, qui garde la mainmise sur ses compositions, peut refuser de tels usages de ses œuvres, quitte à se priver des revenus que cela impliquerait. Et c’est exactement ce qu’elle fait jusqu’à maintenant.
Pour récupérer l’entièreté des droits sur ses musiques, l’artiste a donc décidé de créer de nouveaux masters en réenregistrant ses six premiers albums. Elle fait ainsi baisser la valeur des premières versions de ces albums et vient annuler toutes transactions possibles autour des anciens masters. Taylor Swift aura bientôt le contrôle le plus total sur les œuvres de ses débuts et sur l’utilisation commerciale de son catalogue country pop, à commencer par Fearless. Une gentille vengeance qu’elle avait annoncée en novembre 2020 :

“J’ai récemment commencé à réenregistrer mes vieilles musiques. Cela s’est déjà avéré passionnant et épanouissant sur le plan créatif. J’ai beaucoup de surprises en réserve. Je tiens à vous remercier de m’avoir soutenue tout au long de cette saga en cours, et j’ai hâte que vous entendiez ce que j’ai rêvé.”

Après plus d’un an et demi de guerre, et une première étape réussie avec le nouvel enregistrement de Fearless (dont l’arrivée en tête des charts est un bon pied de nez à l’industrie musicale), il est clair que Taylor Swift n’est pas près de baisser les bras et compte bien continuer de se battre pour la réappropriation de sa musique. Et c’est très bien comme ça.