Sufjan Stevens et St. Vincent accusent les Grammys de racisme envers Beyoncé

Sufjan Stevens et St. Vincent accusent les Grammys de racisme envers Beyoncé

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EAST RUTHERFORD, NJ – OCTOBER 07: Entertainer Beyonce and Jay Z perform on stage during closing night of “The Formation World Tour” at MetLife Stadium on October 7, 2016 in East Rutherford, New Jersey. (Photo by Larry Busacca/PW/WireImage)

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Par Sophie Laroche

Publié le

Beyoncé snobée au profit d’Adele dans la catégorie “meilleur album de l’année”. St. Vincent et Sufjan Stevens montent au créneau et accusent les Grammys de racisme.

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Après les boycotts de plusieurs artistes comme Kanye West, Justin Bieber ou Franck Ocean suite à ce qu’ils considèrent être des nominations et récompenses non pertinentes, une autre controverse éclabousse la cérémonie. Dans un poste intitulé “friendly reminder, don’t be racist”, l’artiste folk rock, Sufjan Stevens, dénonce le choix de l’académie au sujet de l’album Lemonade de Beyoncé. L’album a été sacré “meilleur album urbain” mais s’est vu refuser le titre du “meilleur album de l’année” au profit de 25 d’Adele. Pour le chanteur, le renvoi à cette catégorie floue n’est qu’une façon camouflée de mettre les artistes noirs de côté.

Le post de Sufjan Stevens :

“Q: WTF is ‘Urban Contemporary’?
A: It’s where the white man puts the incomparable pregnant black woman because he is so threatened by her talent, power, persuasion and potential.”

“Q : Que signifie la catégorie ‘urbain contemporain’?
R : C’est la catégorie où un homme blanc met l’incomparable femme enceinte et noire car il se sent menacé par son talent, son pouvoir, sa persuasion et son potentiel.”

Une critique qui trouve écho chez d’autres artistes qui dénoncent eux aussi cette décision comme St. Vincent via son tweet :

 Au sujet de Beyoncé et des Grammys. Ce qu’a dit Sufjan.

Un palmarès et une catégorisation qui laisse perplexe même les principaux intéressés puisque Adele n’a pas hésité à réaffirmer le mérite de l’album Lemonade en recevant son prix.

“I can’t possibly accept this award… The ‘Lemonade’ album was just so monumental, Beyoncé. It was so monumental and well thought-out and beautiful and soul-bearing… we appreciate that. All of us artists here adore you. You are our light.”

“Je ne peux accepter ce prix… L’album Lemonade était si monumental, Beyoncé. C’était si monumental, réfléchi, et transcendant. Nous apprécions cela. Tous les artistes ici présents t’adorent. Tu es notre lumière.”

Retour sur l’histoire très blanche des Grammys

En 2014, le magazine américain The Fader revenait sur le passif très blanc des Grammys expliquant que depuis l’origine de la cérémonie, en 1959, moins de 20 % des albums de l’année étaient attribués à des artistes noirs soit 10 artistes sur un total de 56. Depuis 2014, les choses n’ont pas évolué puisqu’en trois ans, aucun artiste noir n’a gagné la fameuse récompense. Les votants préférant récompenser des artistes comme Beck, Taylor Swift ou dernièrement Adele. Une discrimination qui n’épargne pas les autres catégories puisqu’en 2014, les catégories meilleur artiste, disque de l’année et chanson de l’année étaient toutes trustées par des artistes blancs. 

Ce n’est pourtant pas une question de succès commercial, affirme le magazine puisque si les ventes influencent le choix des nominés et des gagnants, les artistes noirs squattent tout autant le top des ventes. Beyoncé ayant vendu presque 3 millions d’exemplaires de l’album Lemonade le plaçant à la tête du top 200 des album de Billboard.

Une catégorie urbaine qui fait débat

En 2013, l’académie des Grammys ajoute une nouvelle catégorie hybride entre pop et R’n’B. Depuis son existence, tous les nominés et récompensés ont été des artistes noirs. Hormis la couleur de leur peau, les critères d’assignation des artistes à cette catégorie restent vagues. Les derniers artistes sacrés dans la catégorie “meilleur album urbain” : Frank Ocean et Rihanna bénéficiaient pourtant de productions potentiellement légitimes dans bien d’autres catégories comme album pop, R’n’B ou rap.

Le luxe de la diversité des représentations est donc souvent réservé à des artistes blancs qui s’inspirent pourtant directement de la culture noire. Ces derniers qui puisent leurs influences dans la musique “urbaine” sont souvent épargnés par ce cloisonnement. Ainsi des artistes comme Iggy Azalea copiant les “codes” de la musique noire voit en 2014 son album représenté dans la catégorie pop mais non urbaine. Il faudra donc du temps avant de voir une juste répartition des artistes indépendamment de leur couleur de peau.