En février dernier déjà, dans son titre “Nour – Enfant du destin”, le rappeur Médine dénonçait les violations des droits de l’Homme subies par la communauté rohingya en Birmanie.
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Un morceau plus que jamais d’actualité. Si la communauté internationale commence enfin à s’emparer de la question des Rohingyas, Médine sonnait déjà l’alarme en février dernier : dans le poignant “Nour – Enfant du Destin”, le rappeur dénonçait les conditions de vie effroyables subies par cette minorité musulmane, persécutée par l’État birman. Et ce, bien avant que la plupart des médias occidentaux fassent écho à l’exode massif de cette population vers le Bangladesh.
Issu de son album Prose Élite (2017), le titre décrit, à travers les yeux d’une petite fille, le quotidien des enfants rohingyas. Un récit extrêmement bien documenté et profondément engagé :
“Peuple d’apatrides dont plus personne ne se soucie, pas même la Nobel de la paix Aung San Suu Kyi.”
[…]
“Le Myanmar a mis à mal toute mon ethnie, il faut naître bouddhiste ici si tu veux être libre.
Mieux lotis sont les chiens des anciens militaires, moi je vis dans un camp de déplacés, j’dors à même la terre.”
Le massacre des Rohingyas : un thème abordé dans le rap depuis plusieurs années
C’est d’ailleurs loin d’être la première fois que le rap a une longueur d’avance sur les médias. Comme Médine, d’autres rappeurs français ont tenté d’alerter l’opinion publique sur la situation des Rohingyas. Et ce, depuis plusieurs années. C’est notamment le cas de Kery James, qui scandait, dans son morceau “Dernier MC” (2012) : “Que se passe-t-il en Birmanie ? Pourquoi les médias font un déni ?”
Le rappeur Abdallah, lui aussi, s’est interrogé sur le paradoxe bouddhiste – religion pacifiste, dont les préceptes ne s’appliquent visiblement pas à la minorité musulmane de Birmanie – dans son titre “1435“, sorti en 2014 : “On m’a parlé du bouddhisme et de son harmonie. Qu’on m’explique le sort des Rohingyas en Birmanie.”
Plus récemment, Nekfeu avait profité de son sacre aux Victoires de la musique pour évoquer le conflit. Il avait exprimé sa solidarité envers Moussa Ibn Yacoub, un humanitaire français emprisonné au Bangladesh en 2015, alors qu’il venait en aide à des réfugiés rohingyas. Le rappeur évoquait d’ailleurs le sujet dans “Putain d’époque“, avec Dosseh : “Je trouve le Prix Nobel ironique quand j’pense au Rohingyas” (2016).
Quand les journalistes manquent à l’appel, les rappeurs s’érigent en lanceurs d’alertes. Preuve, s’il en fallait une, que le rap demeure un instrument de dénonciation des injustices en tous genres. Du côté des médias, par contre, il aura fallu attendre le mois d’août 2017 – et le regain de violences entre l’armée birmane et la communauté Rohingya – pour que le conflit bénéficie enfin d’un écho à la hauteur des atrocités commises dans la région.