On a rencontré Muddy Monk pour la sortie de son désespérément romantique “Circuit 71”

On a rencontré Muddy Monk pour la sortie de son désespérément romantique “Circuit 71”

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©Valentin Le Cron

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Par Sophie Laroche

Publié le

Propulsé sur le devant de la scène après la sortie de son EP Première Ride, Muddy Monk séduit par des sonorités synthwave lointaines et une poésie des textes, qui appellent à la nostalgie et l’aventure. Pour la sortie de son nouveau morceau “Circuit 71”, on a rencontré Muddy pour parler amour, cinéma et futurs projets.

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Quand on rencontre Muddy Monk, ce n’est pas au volant d’une moto ou d’une vieille voiture de sport qu’il débarque. Valise à la main, le musicien est en réalité plus sobre que ses morceaux le laissent imaginer, quand il fait le déplacement depuis sa Suisse natale pour enchaîner une après-midi de promotion parisienne.

S’il délaisse Fribourg, la ville qui l’a vu grandir, le temps d’une journée, c’est pour aborder la sortie de “Circuit 71”, le deuxième extrait de son futur projet Longue Ride, un morceau désespéré et romantique qui s’inscrit dans la lignée du précédent “En Lea”.

Si Muddy Monk comptabilise déjà plusieurs projets à son actif, il faut bien dire que la sortie du morceau de Myth Syzer, “Le Code”, sur lequel il partage la vedette avec Ichon et Bonnie Banane, lui a valu d’attirer grandement l’attention. Criant son désespoir dans un clip kitsch à souhait, dans lequel il se mettait en scène des larmes perlant sur ses joues en train de préparer des sandwichs triangles, Muddy nous offrait déjà quelques clés de compréhension de son univers.

Passé maître dans l’art de composer des complaintes planantes, Muddy Monk n’hésite pas à mêler la poésie de la chanson française à la nostalgie lancinante des synthés. En résulte un appel à l’évasion, que ce soit dans ses souvenirs ou ses rêves. Ses textes, d’un romantisme délicat, abordent quasi exclusivement le thème de l’amour. À l’écouter, ce sentiment, surdéveloppé dans sa musique, sonne quelque peu torturé, bien qu’il s’en défende :

“Il y a de la tristesse dans mes textes, mais il s’agit surtout d’une question d’intensité, qui fait qu’il y a parfois des liens avec la mort, des tristesses extrêmes, mais aussi des joies. Est-ce que tout est lié à la tristesse ? Je ne crois pas. Mais il y a un fond au tout cas.”

Ses derniers morceaux, “En Léa” et “Circuit 71”, parlent d’eux-mêmes. Quand le premier raconte l’histoire d’un homme qui, souffrant d’une peine de cœur, se console avec une autre femme, “Circuit 71”, développe, en miroir, le chagrin d’une femme réconfortée par le musicien :

“Il s’agit d’une fille blessée qui vient vers moi. Elle a ses peurs ainsi que son traumatisme d’une histoire passée et cherche à savoir comment dealer avec ça sur le refrain. La chanson dit, au fond : ‘Échappe-toi parce que tu as peur de moi, échappe-toi mais reste quand même dans les parages.'”

Si les morceaux de Muddy Monk ont pour fil conducteur l’émotion concentrée des instrumentales et le romantisme des paroles, l’un des principaux changements opéré par le musicien sur ses dernières productions réside dans le travail des textes qui prennent, au fur et à mesure des projets, de plus en plus d’importance. “Je pense que j’ai eu un déblocage avec ‘L’Aventura’, pour lequel j’ai écrit un texte plus long, que j’ai trouvé relativement bon. Ça m’a enlevé une peur des grands textes.

“Dans la simplicité, je peux offrir quelque chose”

Pour Muddy, qui a commencé la musique par la composition de prod’ hip-hop et de morceaux presque complètement instrumentaux, les textes faisaient partie intégrante de l’ambiance générale qu’il souhaitait véhiculer, sans prétention. Il faut dire que sa musique tire sa force dans l’émotion qu’elle est capable de transmettre, et qu’il revendique comme plus nécessaire que la technique ou la justesse :

“Ma musique, c’est une recherche, c’est essayer de ne pas être dans du compliqué ou du techniquement complexe, mais d’être dans l’émotion et de la simplicité, voire de la naïveté, car c’est ce que je sais faire. Je ne suis pas virtuose, je ne peux pas proposer autre chose. Dans la simplicité, je peux offrir quelque chose.”

Que ce soit par ses sonorités nocturnes, rêveuses ou ses paroles imagées, le jeune homme laisse dans sa musique une place importante à l’imagination. Pas étonnant donc de le voir utiliser des images du film Vivre pour vivre de Claude Lelouch, pour illustrer son clip “Ruines”, ni de l’entendre évoquer son admiration pour le compositeur de musique de films Francis Lai, lui qui aimerait d’ailleurs s’essayer à l’exercice de la création de bande originale.

“C’est un album qui parle d’amour et d’espoir “

Qu’il s’agisse d'”En Léa” ou de “Circuit 71”, les deux morceaux figureront sur le prochain long format de Muddy. Intitulé Longue Ride, ce projet, qui n’est pas encore terminé, se présentera comme la suite logique de Première Ride, son EP paru en 2016, dont sont extraits les morceaux “L’Aventura” ou “Si l’on ride”.

Au programme, rien de nouveau en ce qui concerne le processus de création, qui reste le même : “Le gros changement, sur une ou deux chansons, c’est l’utilisation de voix plus basses.” Outre une variation de tonalité, les voix seront, de manière générale, plus mises en valeur :

“Sans doute que j’ai essayé de pousser la voix un peu plus en avant, car j’ai eu des retours de gens qui voulaient comprendre les paroles [rires]. Même si j’adore les voix en retrait avec beaucoup de réverbs, quand il s’agit d’une chanson avec un vrai texte, c’est important que les voix soient plus en avant. Mon rêve, ce serait vraiment d’écrire quelques chansons à texte.”

Et quand on lui demande à quoi ressemblera cet album, Muddy conclut :

“C’est un album qui parle d’amour et d’espoir, de levé de roue, de fuite en avant. Il y a un fond de tristesse, mais aussi une vraie croyance en des lendemains meilleurs et des choses comme ça. Musicalement, c’est un mélange de morceaux comme ‘Si l’on ride’, un peu wave, et de titres comme ‘En Léa’ plus doux et plus chanson.”