Rencontre avec Hyacinthe, l’étoile sombre du rap français

Rencontre avec Hyacinthe, l’étoile sombre du rap français

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Hyacinthe ©Valentin Le Cron

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Par Sophie Laroche

Publié le

Après s’être imposé comme l’une des figures du rap underground français, à coups de mixtapes fracassantes, Hyacinthe nous présente Sarah, son premier album. C’est un projet résolument plus cohérent et approfondi, qui nous présente le rappeur sous un autre jour. À cette occasion, nous l’avons rencontré pour aborder avec lui son virage musical, ses influences et son amour pour SCH.

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Il y a quelque temps, évoquer le nom de Hyacinthe suscitait des réactions complètement opposées parmi les amateurs de rap. Certains exprimaient un grand enthousiasme pour le style sans pareil du jeune Parisien, d’autres un rejet total pour son non-conformisme. Il n’a cependant jamais cédé à la tentation de se livrer à un rap tiède et doucereux.

Depuis le début de sa jeune carrière, construite autour de ses projets solo mais aussi de son travail au sein du collectif DFHDGB (Des faux hipsters et des grosses bites), Hyacinthe a prouvé son goût pour l’expérimentation, quitte à bousculer les habitudes auditives des amateurs de rap. En effet, le Parisien n’a pas peur de mélanger une prod électro brutale avec une mélodie éthérée, ou encore des images sexuelles explicites avec la vue d’un ciel étoilé.

Pour son nouveau projet, intitulé “Sarah”, Hyacinthe n’a pas changé du tout au tout, mais a plutôt affiné son esthétique – détaillant une atmosphère sombre, qui oscille entre fête tardive et contemplation nocturne. La nouveauté du projet vient aussi de l’interprétation de morceaux désormais plus chantés, qui ne laisse cependant pas de côté le rap et l’audace des productions à l’accent gabber. Quant aux textes qui déconcertaient les auditeurs peu aguerris, il n’en a gardé que l’aspect poétique et spirituel, dont il avait déjà posé les bases dans ses précédents projets.

À l’occasion de cette sortie (et avant son concert à la Boule Noire du 12 octobre), nous avons rencontré le rappeur pour parler avec lui de ses virages musicaux, de retraite spirituelle et de ses influences.

Konbini | Salut Hyacinthe. Ça fait une semaine qu’est sorti ton album Sarah. Quels ont été les retours sur ce projet ?

Hyacinthe | Pour l’instant, c’est vraiment que du positif, car c’est la première fois que j’ai autant de retours. C’est super cool, vu qu’il y a un début de virage dans cet album par rapport à ce que je faisais avant. C’est un peu plus chanté et un poil plus lumineux, même si le cœur reste le même.

Il y avait donc un risque que les gens qui m’aimaient déjà avant n’accrochent pas. Pourtant, j’ai l’impression que tout le monde a compris la démarche de l’album et que les gens sont vraiment rentrés dedans. Je suis content.

Pour cet album, ta démarche musicale a quelque peu changé. Par exemple, tu as pris des cours de chant.

À la base c’est surtout pour la scène que j’ai pris un prof de chant (qui est d’ailleurs celui de Jok’Air). Ce qui est mortel, ce n’est pas tant que j’essaye de devenir chanteur, mais que cet apprentissage me permet d’être plus libre avec ma voix et de faire des trucs que je ne savais pas faire avant. Du coup, ça élargit mon spectre de plus en plus et je commence à maîtriser ce que je fais.

L’idée, ce n’est pas tant de tout changer, mais de varier les interprétations pour avoir des trucs vraiment rappés, un peu chantés, vraiment chantés… C’est ça qui est cool et qui me plaît là-dedans : ça m’offre plus de liberté artistique, plus d’espace pour m’exprimer.

L’Auto-Tune, c’est aussi une volonté de maîtriser ta voix ?

Concernant l’Auto-Tune, j’aime l’effet artistique : je trouve ça juste beau et magnétique. Je pense que mon album de musique préféré de tous les temps c’est 808s and Heartbreak, de Kanye West. Il y a aussi l’album Himalaya de Mala. À l’époque, je trouvais déjà que ça défonçait. Aujourd’hui, ça me permet de faire des trucs que je n’arrive pas à faire pour l’instant avec ma voix.

Mais, il n’y a pas que l’Auto-Tune. Parfois on utilise un autre logiciel. Ce que j’aime, ce sont tous ces instruments électroniques, car ils permettent de créer ce qui n’existe pas dans la vraie vie. On passe beaucoup de temps à travailler sur chaque morceau, à rajouter des effets pour enrichir les morceaux et ça donne une texture de son qui est un peu unique.

Ton travail avec les différents producteurs a l’air particulièrement élaboré…

En fait, dans ma musique j’ai à la fois le rôle d’acteur principal — je suis le rappeur et interprète – et celui de chef d’orchestre. Je fais une chanson avec un premier gars (ça peut être Nodey, Doudou ou Krampf). On pose d’abord le texte sur une prod’, puis je donne la chanson à un autre beatmaker qui ajoute des éléments ou en enlève. S’il me manque encore un truc, ça repasse par une troisième personne.

C’est ce que j’ai fait avec “Sur ma vie”. J’ai d’abord fait le morceau avec Math Mayer. C’était un morceau de rap assez classique, auquel il a rajouté des sonorités gabber, avant de l’apporter à Von Bikräv, qui est un gars qui fait partie du collectif Casual Gabberz. C’est lui qui a davantage taillé le kick gabber, pour qu’il soit vraiment dur.

Toute cette matière-là, qui est un peu bordélique, je la prends et je vais voir Nodey avec. Je lui apporte en lui demandant de la cohérence. Pour le morceau, on a passé deux semaines ensemble, tous les jours, à le retailler jusqu’à ce qu’il soit nickel.

Tu arrives à travailler de manière très cohérente avec des personnes différentes. C’est notamment le cas pour tes clips. À quel point interviens-tu dans la réalisation ?

Je suis de plus en plus impliqué. Comme je commence à avoir un univers visuel assez identifié, les réalisateurs savent pourquoi on va taffer ensemble et ce que je peux attendre d’eux. Quand on collabore, je parle souvent en termes d’atmosphère avec eux. Je leur parle de ma musique, de ce que j’ai ressenti en écrivant un morceau, pour qu’on le ressente aussi cela dans le clip.

À partir de la matière qu’ils donnent, il y a un jeu de ping-pong entre eux et moi, et à un moment donné on se met d’accord sur ce qu’on doit faire. Le clip de “Sur ma vie”, avec Anna Cazenave, a été vraiment cool à faire. Elle m’avait contacté pour faire un de mes clips, et il y a eu un vrai jeu entre nous, comme si on avait fait chacun un pas vers l’autre. Je suis content du résultat : j’ai l’impression que cette méthode donne des clips assez riches sur le plan visuel.

Tu parles d’exprimer ce que tu ressens. En écoutant l’album, on se retrouve dans une atmosphère très sombre…

À vrai dire, je ne sais pas car j’ai peu de recul là-dessus. En faisant l’album, j’avais l’impression que je faisais des trucs plus joyeux et lumineux qu’avant. Mais en fait les gens me disent que ça sonne plus dépressif qu’avant. Pour l’instant, je dirais que je suis meilleur pour faire de la musique mélancolique que des hymnes à la joie.

Après, je n’ai pas l’impression de faire une musique ultra-noire, mais plutôt que je suis dans des teintes de gris. C’est ça qui m’intéresse dans la vie : jouer sur les différents niveaux de gris. Un morceau comme “Sarah”, pour moi, c’est un morceau qui est relativement lumineux. Certes ce n’est pas le grand soleil et il y a des trucs qui vont être sombres, mais ce n’est pas non plus complètement les ténèbres. J’aime ces nuances.

Tu approfondis beaucoup ce qui tient du personnel dans cet album, notamment ta relation avec ton père. Tes parents écoutent ta musique ?

Toute ma famille a été pécho l’album. Ma mère connaît ma musique. Elle n’écoute certainement pas pour le plaisir, même s’il y a des morceaux qu’elle aime bien. Par exemple, j’ai sorti deux freestyles hors album, intitulés “Ventoline”. Sur le second, que j’ai mis sur Internet une heure après l’enregistrement, on entend tous les bruits de respiration. Tout à l’heure, elle me disait donc qu’on entendait que je respirais pas bien et que j’avais de l’asthme et tout, c’était mignon.

Ma famille est au courant de ce que je fais. Je pense qu’ils ne comprennent pas forcément tout, mais en tout cas ils respectent vachement. Ce que je fais, c’est vraiment moi, donc ils ne sont pas étonnés. Il y a des trucs dont je parle qu’ils connaissent, notamment mon rapport avec mon daron. Ça va plus surprendre les gens qui ne me connaissent pas que mon père ou ma mère.

Pourquoi avoir posté deux freestyles sur Internet, juste avant la sortie de l’album ?

Je trouvais ça cool de faire des trucs sans pression. Ça me donne un espace pour tester des trucs. Je suis très minutieux quand je fais de la musique, j’y passe beaucoup de temps, je suis très exigeant avec les gens avec lesquels je travaille. Ils le savent, je demande du temps et de l’énergie, je ne suis pas du tout dans la demi-mesure.

Ce qui était cool avec les freestyles, c’était d’avoir simplement un truc sur lequel poser un texte. Je trouve une prod que je kiffe, je la rippe sur le SoundCloud d’un gars, et hop c’est parti on envoie le truc. Après, je suis super content car pour le premier freestyle j’ai posé sur une prod de Fatima Al Qadiri, qui est une super beatmakeuse, et j’ai appris qu’elle avait kiffé.

Pour revenir aux paroles, tu exprimes ton spleen avec une écriture très spirituelle. Tu parles énormément de religion, d’étoiles, de mythologie. Ce sont des choses qui comptent pour toi ?

Il y a une phase dans le morceau “Melancholia”, dans laquelle je dis “spirituel avec une vie de pécheur“. Je pense que ça me résume en partie. Concernant mon rapport à la religion et au spirituel, la vérité c’est que je sais pas s’il y a un dieu ou non, mais je pense que ça me rassure dans la vie de croire qu’il y a des étoiles qui nous regardent et “qui se maquillent pour nous”.

Par exemple le vrai thème du morceau “La Nuit les étoiles” avec Jok’Air, c’est lui qui est triste et qui raconte qu’il vient d’une ville où il n’y a pas d’étoiles, et moi que le réconforte en lui montrant le contraire. Après, j’essaye de ne pas rejeter la religion, ni de l’accepter. Je suis pas sûr de croire que tout est rationnel, ni qu’il y a un dieu non plus. En vérité, je n’en sais rien, mais je tente de combler une absence de sens en essayant de raconter des trucs jolis sur les étoiles.

T’as fait une retraite spirituelle à la fin de l’album. Raconte-nous.

Au moment où j’ai terminé l’album, je pétais un peu un plomb : j’étais complètement épuisé, à la fois émotionnellement et physiquement. Après avoir signé avec la maison de disques, je me suis cassé une semaine, sans Internet ni téléphone, à l’abbaye de Sénanque.

C’était cool, car c’est une abbaye cistercienne, c’est-à-dire qu’on n’y parle pas. J’ai donc passé une semaine silencieuse avec des moines qui prient sept fois par jour. Ils ont une vie monacale de ouf, hyperrépétitive. C’était lourd, mais ça m’a fait du bien d’être coupé des réseaux sociaux et de ne pas savoir combien de vues je faisais pendant une semaine. Je savais que ça allait être une année super chargée, et du coup j’avais besoin de ce sas.

Tu dis souvent que le public a tendance à se concentrer plus sur les aspects provocants de ta musique (références au sexe ou à la drogue) que sur la profondeur de certains textes. Comment tu l’expliques ?

D’un point de vue purement pratique, c’est plus facile de retenir une punchline sur ma bite que des trucs plus perso. C’est chiant, parce qu’à un moment donné j’avais l’impression que les gens retenaient que les trucs vulgaires, ce que je kiffais aussi faire, mais pour moi ce n’était qu’une partie de ce que je faisais et jamais le centre de mon art.

Cette partie finissait par prendre le dessus sur le reste, dans la façon dont les gens percevaient mon rap. J’ai fini par me dire que je n’étais pas un bon communicant. J’ai donc préféré laisser de côté la vulgarité, pour que les gens se concentrent sur l’essentiel. J’ai l’impression que tout cet album c’était ça : un projet sur lequel je pouvais être plus clair, à tous les niveaux, pour les gens qui m’écoutent. Je voulais que ce soit plus brut et plus frontal. Ça m’intéresse peu de faire une musique de niche pour 200 personnes. J’aime assez qu’on puisse accéder à ma musique via différentes portes d’entrée.

Cet aspect a aussi disparu de tes visuels. Sur ta dernière pochette, tu poses à côté d’un parterre de fleurs et plus avec une fille dans chaque bras. T’as conscience d’avoir changé ton image ?

Je pense que je l’ai précisée. Avec Sur la route de l’Ammour 2, je m’essayais musicalement et en termes de visuel. J’ai exploré pleins de directions différentes, j’ai testé plusieurs Hyacinthe. À un moment donné, j’ai creusé dans les directions qui me plaisaient et je me suis concentré dessus, comme si j’avais eu besoin d’un sas pour me découvrir.

Je pense que désormais plus ça va, plus je fais des trucs qui me ressemblent, et j’apprends à être moi-même. Je commence à assumer de plus en plus ce côté garçon sensible et romantique. Je pense que ça se ressent de plus en plus dans mes visuels et ma musique.

Pour le clip de “Le Regard qui brille”, en featuring avec Ammour, tu dis que tu as essayé de changer les codes du duo rappeur/chanteuse. Est-ce que tu te sens féministe ?

Pour moi le féminisme c’est l’égalité entre les hommes et les femmes, donc oui ça me paraît évident.

Ouais, mais c’est un mot qui fait peur à beaucoup de gens.

Oui, mais parce que les gens sont débiles. Il y a beaucoup de taf à faire : les discours qui affirment que les gens ont les mêmes droits, ce sont des discours navrants, car dans la pratique ce n’est pas le cas : les meufs gagnent moins que les mecs, et on est dans une société ultrasexiste et patriarcale sur pleins d’aspects.

En même temps, je n’ai pas envie d’être le héros du féminisme masculin dans le rap. Ce n’est pas ma place et je n’ai pas envie en plus d’être encore un mec qui parle à la place des meufs des combats que les meufs doivent mener – mais j’essaye de pas être nuisible au moins.

C’est quelque chose que les médias ne mettent pas en valeur dans le rap. Médine aussi prône des valeurs similaires, mais personne n’en parle.

On accuse aussi un peu facilement les rappeurs d’être misogynes. Certes, je pense que souvent les paroles sont misogynes, mais t’as envie de dire aux gens “Balayez devant chez vous”. Je trouve que le discours qui est majoritaire est celui qui considère les classes populaires comme misogynes et, à l’inverse, que les classes plus aisées connaissent l’égalité homme-femme. Mais plus tu montes dans la société, plus il y a de misogynie et de patriarcat. Si tu traînes avec des gens riches, tu te rends compte que la place de la femme c’est pas encore ça dans certains milieux.

C’est important ce que tu dis, car il y a quelques semaines on a encore eu le droit à une émission sur M6 qui expliquait que le rap menait les plus jeunes à reproduire des comportements sexistes.

C’est pour se dédouaner. Comme si on avait attendu le rap pour qu’il y ait du sexisme. Le patriarcat existait avant le rap. Le rap est juste un reflet exagéré de la société. Bien sûr, il y a des propos sexistes dans le rap, ce serait débile de dire l’inverse. C’est la vérité. C’est le cas partout, faut lutter comme on peut à notre manière : dire que c’est la faute du rap, c’est d’une hypocrisie totale pour ne pas parler du reste.

Récemment, tu as concocté un mix de rap pour Konbini, qui se rapproche plus du hardcore que du conscient : qu’est-ce que tu apprécies dans ce type de rap ?

Si je suis tombé dans cette musique si jeune, si j’ai vraiment aimé ça, c’est pour la rage qui s’en dégage, ce truc de lutte. Pas tant la lutte sociale et politique, mais la lutte qu’on mène dans la vie. C’est l’idée de revanche sociale qui m’a d’abord parlé dans le rap. C’est vraiment la rage.

Quand j’ai commencé à écouter du rap, vers 2004, c’était du rap assez dur, moins varié. Et aujourd’hui encore, l’énergie d’un Salif, d’un Nessbeal ou d’un Booba, me donne plus de frissons que des trucs doucereux ou bien comme il faut.

Je crois que t’aimes bien SCH aussi.

Je le trouve trop fort. En ce moment, c’est mon rappeur préféré – en tout cas c’est un mec que je kiffe beaucoup. Je le trouve hypersurprenant dans sa façon de rapper, mais aussi dans sa manière d’écrire. J’ai l’impression qu’il y a eu des malentendus à propos de lui, qu’il est souvent considéré comme un rappeur un peu rigolo, kitsch, alors que pour moi c’est vraiment un rappeur à texte.

Ce que je trouve intéressant, c’est que SCH a de nombreuses influences très différentes : ça se sent qu’il a écouté des trucs genre Furax Barbarossa. Sa façon d’écrire est trop surprenante, trop audacieuse. Dans son morceau “La Nuit”, qu’il a écrit pour son père, il parle des “lauriers du voisin” : je trouve ça magnifique. Je suis assez admiratif de son travail.

Ce qui est intéressant chez toi, c’est que tu écoutes aussi des trucs très pop, comme Justin Bieber.

Purpose c’est un putain d’album, je l’ai toujours sur mon téléphone et ça fait un an et demi que je l’écoute. J’aime vraiment cet album. Je le trouve assez fou. Je pense que ça va devenir un classique.

Dans le morceau “Meurs à la fin” de ton précédent projet, tu dis que tu veux faire un featuring avec Booba et Justin Bieber. Du coup, t’es plus Booba ou Justin ?

Je choisis Booba quand même. Toute ma vie j’aurais écouté Booba. Ça fait plus de dix ans qu’il me suit. C’est un des artistes qui m’a suivi le plus longtemps dans ma vie. Je l’écoute toujours aujourd’hui et je pense que dans dix ans je l’écouterai encore.

En parlant de pop et rap, t’as invité The Pirouettes sur cet album. Tu peux nous raconter comment ça s’est joué ?

The Pirouettes, c’est Kevin Elamrani-Lince qui nous a présentés. C’est un réalisateur qui a fait beaucoup de mes clips (“Sarah” et “La Nuit les étoiles”), mais aussi ceux des Pirouettes. J’étais content de faire “Avec nous” avec eux, car j’adore leur musique. Les trucs qu’on raconte, c’est parce qu’on traîne ensemble et c’est ce qu’on a vécu. Ça fait une chanson cool, c’est pas forcé.

Souvent, je trouve que les featurings rap et pop sonnent un peu forcés, mais là on a essayé de faire un truc qui ne soit pas une tentative de tube un peu mièvre. J’ai l’impression qu’on a fait un morceau ambitieux. Même en termes de structure, t’as toute la fin sur laquelle je fais une sorte de solo de voix avec de l’Auto-Tune. C’est des trucs un peu inattendus, et ça ne ressemble pas à ce que les gens attendent de nous.

Ce serait quoi ta collab’ de rêve ?

J’aimerais trop faire une collab avec Nessbeal – c’est un rappeur super important pour moi, que je l’ai beaucoup écouté à l’époque. Hors rap, j’adorerais faire une chanson avec Benjamin Biolay, je le trouve trop fort et je suis assez admiratif de son travail. Il y a aussi Étienne Daho. Je pense qu’on pourrait faire un méga truc ensemble. Sinon une chanson avec Christophe ou Gérard Manset, je kifferais.

J’aime beaucoup faire des chansons avec d’autres gens et je pense que ça s’entend sur l’album. J’aime attirer les artistes dans mon univers. Je les sors de ce qu’ils font d’habitude et je pense que ça enrichit les chansons. Ce qui était trop cool avec les Pirouettes, c’est que les gens qui nous connaissaient séparément ont dû penser qu’on ferait une chanson un peu kawaï, un peu mignonne et finalement c’est le morceau le plus rap de l’album. Il y a un truc super cul dans ce son auquel les gens ne s’attendaient pas. Je pense que j’ai une identité de plus en plus marquée artistiquement et les gens qui acceptent de taffer avec moi acceptent de rentrer dans mon truc, comme si j’avais une sorte de matrice dans laquelle ils tombent.

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