Rappeur à suivre, Ratu$ nous raconte son deuxième EP ambitieux nommé TTMS, Vol.2

Rappeur à suivre, Ratu$ nous raconte son deuxième EP ambitieux nommé TTMS, Vol.2

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@Emile Herlemont

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Par Timothée Van Poecke

Publié le

Son parcours, sa technique, son entourage… Ratu$ a tout d’un rappeur à suivre. Entretien et présentations.

Le 10 décembre est sorti TTMS, Vol.2, une grosse série d’EP lancée par Ratu$, rappeur du 93 mêlé à l’univers parisien. Signé chez le label indépendant Saboteur, fondé en partie par Deen Burbigo et Eff Gee, Ratu$ a les cartes en main et les qualités pour devenir un artiste de premier plan. Flow incisif, grosses collaborations, univers exploité à fond… le rookie est dans la bonne direction.

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TTMS, Vol.2 est une série d’EP, seulement le deuxième projet de Ratu$, et pourtant ce neuf-titres ressemble à un album. Interludes qui posent le décor, volonté de raconter une histoire, cohérence dans la construction du projet… On est loin de la mixtape qui aurait pour but de simplement montrer de quoi est capable l’artiste.

“Je mets tellement d’énergie et d’âme dans ma musique que je ne néglige rien. Mixtape, EP ou album, peu importe le format, je les travaille tous avec la même passion”, raconte Ratu$, avant d’ajouter : “Quand je travaillais sur TTMS, Vol. 1, j’étais déjà sur le 2 en même temps. Le 2 vient de sortir, je suis déjà sur le 3. Ça me permet de suivre une histoire et de rester dans une forme de continuité dans ce que je fais.”

“Dans toute ma carrière, ça n’arrivera jamais”

Point commun que Ratu$ partage avec son acolyte de Pierrefitte-sur-Seine, Olazermi : il fait avant tout confiance à l’humain pour ses collaborations. S.Pri Noir, Alpha Wann, Deen Burbigo ou encore Zamdane sont des artistes qu’il a côtoyés à de nombreuses reprises avant de commencer à penser musique. “Avant qu’on fasse le morceau avec Zamdane, on s’était déjà rencontrés deux ou trois fois en studio. On a discuté, sympathisé… C’est comme ça que commencent les feats pour moi”, explique Ratu$, qui s’est déplacé jusqu’à Marseille pour enregistrer “PM 7513”, leur morceau commun sur TTMS, Vol.2.

Si Ratu$ prend la peine de faire près de 800 km pour réaliser un featuring, c’est parce qu’il déteste collaborer à distance : “Dans toute ma carrière, ça n’arrivera jamais. À part si c’est pour un featuring avec une star américaine, sinon je ne peux pas travailler de cette manière. Si on doit attendre six mois pour se voir, on va attendre six mois. Mais je t’assure qu’on fera notre morceau ensemble, au studio.”

L’école L’Entourage

Révélé au public en partie grâce à son morceau “Velux”, présent sur la Don Dada Mixtape Vol. 1 d’Alpha Wann, Ratu$ a fait ses gammes au côté du rappeur parisien et du collectif L’Entourage. Deen Burbigo, Eff Gee, Nekfeu, 2zer, Doums… “Ce sont mes frères avant tout. C’est L’Entourage qui m’a aidé à travailler mon art. Ils m’ont apporté ce côté plus incisif dans ma musique, mais ils m’ont surtout appris à me focaliser sur les rimes, à utiliser les bons mots, les bonnes formules… C’est quelque chose qui est propre à cette école”, dévoile Ratu$, avant d’ajouter : “Alpha Wann, Deen Burbigo… Ce sont des gars que j’ai analysés au quotidien, et je m’en suis énormément inspiré. Ça donne ce mélange 93-75, Paris-banlieue, qu’on retrouve dans ma musique.”

Ses premiers pas dans l’industrie, il les réalise à l’âge de 25 ans. Mais ce départ, qui peut paraître tardif aujourd’hui, ne signifie pas qu’il est tout nouveau dans le rap. Il confie :

“J’ai toujours fait des freestyles avec des potes à moi, dehors, dans le bâtiment… On avait même un groupe avec mes gars qui s’appelait Prototype. Si tu mets une instrumentale au quartier, tout le monde rappe en vérité. Mais quand j’avais 15-16 ans et que j’écrivais des couplets, je ne prenais pas le truc au sérieux.”

Ratu$ raconte ensuite ses vrais débuts, selon lui : “J’ai vraiment commencé quand je gravitais autour de L’Entourage. Ils m’ont poussé à faire un morceau, puis deux, et c’est comme ça que je me suis lancé.”

Un rat bousillé de rap

Ratu$, avant d’être un artiste, est avant tout un passionné de musique et un fan de rap français. Despo Rutti, Nessbeal, Salif, Rohff, Booba, Hifi, Manu Key, Karlito et LIM sont les artistes avec lesquels il a grandi. Encore aujourd’hui, le rappeur du 93, qui se qualifie d’“auditeur” et de “bousillé” de cette culture, reste à l’écoute du présent. Niska, Kaaris, Niro, Jul, 1pliké140, EDGE et La Fève lui viennent tout de suite à l’esprit. Et quand on lui demande son featuring de rêve, Ratu$ répond : “Le Rat Luciano, sans hésiter.”

On s’est demandé si son nom de scène était une référence à l’une de ces figures de l’époque, mais non. Ce pseudonyme lui a été donné par Deen Burbigo et Eff Gee, et il est inspiré de son quotidien : “On est toujours dehors, dans les petits recoins, en train de manger un grec sur un banc dans un coin sombre à minuit… Des trucs que seul un rat peut faire. Mes gars m’ont vu dans ça, dans ce style de vie.”

Le troisième épisode de la trilogie d’EP TTMS est prévu pour 2022, et on a hâte. Amateurs de technique et de flow incisif ? On vous conseille d’écouter Ratu$.