Les lyrics de Prince, parfait manuel pour tous les petits coquins

Les lyrics de Prince, parfait manuel pour tous les petits coquins

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Par Théo Chapuis

Publié le

Ever since I met you, baby
I’ve been wantin’ to lay you down
Depuis que je t’ai rencontré, bébé
Je n’ai attendu que de coucher avec toi

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Et d’enchaîner sur l’équivoque “Soft and Wet”, qui deviendra un de ses classiques :

Hey, lover, I got a sugarcane
That I wanna lose in you,
Baby can you stand the pain
Hey, lover, sugar don’t you see ?
Eh, mon amour, j’ai une canne à sucre
Que je veux perdre en toi,
Bébé, peux-tu supporter la douleur
Eh, mon amour, chérie ne comprends-tu pas ?

Ton frère, ta mère et ta sœur aussi

C’est qu’il savait parler aux femmes, Prince. Histoire que tout le monde soit bien au courant qu’il y a un nouveau satyre dans les bacs, il rajoute une couche de scandale avec les paroles du titre “I Wanna Be Your Lover”, sur son album suivant – option inceste :

I wanna turn you on, turn you out, all night long, make you shout
Oh, lover ! Yeah
I wanna be the only one you come for
I wanna be your brother
I wanna be your mother and your sister, too
Je veux t’allumer, je veux te calmer, toute la nuit te faire crier
Oh, mon amour ! Ouais
Je veux être le seul pour lequel tu jouisses
Je veux être ton frère
Je veux être ta mère et ta sœur, aussi

Il récidive même trois ans plus tard avec le titre “Sister”, où il s’imagine en esclave sexuel d’une sœur torride qui n’hésite pas à user du fouet et à le foutre sur le trottoir. Une inversion des rôles tordue et dépravée, tout à l’image de celui qui a tant choqué l’Amérique puritaine.

“It’s you I really wanna drive”

Toujours dans son disque éponyme, l’électrique “Bambi” le met dans la peau d’un amant transi d’amour pour une lesbienne, l’enjoignant à se détourner des femmes, parce que tu vois, “c’est meilleur avec un homme”. Pas sûr que ces paroles auraient été aussi bien accueillies en 2016.
1980. Prince entre de plain-pied dans la décennie cash que sont les eighties avec Dirty Mind et son titre éponyme. Tempo enlevé et synthés vrombissants : quand Prince évoque le symbole de la voiture, comme dans la grivoise “Little Red Corvette”, ce n’est certainement pas pour discuter carbu et huile de vidange :

In my daddy’s car
It’s you I really wanna drive
Underneath the stars
I really get a dirty mind
Whenever you’re around
Dans la voiture de papa
C’est toi que je veux vraiment piloter
Sous les étoiles
J’ai vraiment un esprit tordu
Quand tu es par là

Place à la plus funky “Do It All Night”, titre sans équivoque – mais qui n’atteint pas les sommets de stupre de “Head”, synonyme de “fellation” en argot, et l’un de ses titres les plus célèbres. Groovy en diable, la chanson raconte l’histoire d’une séduisante jeune femme sur le point de se marier… avant de croiser la route de ce gros dégueulasse de Prince. Et quand le chanteur interprète les paroles de la jeune mariée, il s’agit d’éloigner les enfants :

“But you’re such a hunk
So full of spunk,
I’ll give you head
Til you’re burning up
[…]
Til you’re love is red,
Love you til you’re dead”
You know you’re good, girl
I think you like to go down
You wouldn’t have stopped
But I, I came on your wedding gown
“Mais tu es tellement un beau mec
Tellement plein de sperme,
Je vais te tailler une pipe
Jusqu’à ce que tu brûles
[…]
Jusqu’à ce que tu sois rouge de désir,
Je te ferai l’amour jusqu’à ce que tu meurs”
Tu sais que tu es douée, ma fille
Je pense que tu aimes sucer
Tu n’aurais pas arrêté
Mais je, j’ai éjaculé sur ta robe de mariée.

Dans l’album de 1981 Controversy, véritable appel à l’hédonisme, les titres au dos de la pochette ne trompent personne sur les intentions du serial lover : “Sexuality”, “Do Me Baby”, “Let’s Work” ou “Jack U Off” (en gros, “Te masturber” dans la langue du marquis de Sade).

Vous saurez tout, tout, tout…

Vous l’avez compris, avant sa conversion au mouvement des Témoins de Jéhovah en 2001, la discographie du grand rival de Michael Jackson est un véritable manuel du parfait baiseur. De “Irresistible Bitch” à “Orgasm”, de “Sexy Motherfucker” à “Pussy Control”, de “Dance Music Sex Romance” à “Superfunkycalifragisexy”, Prince a érigé, pendant plus de 25 ans, une œuvre riche en luxure, ou “beat” rime avec… euh, ben, bite.
Évidemment, il ne s’agirait pas de réduire Prince à un affreux pervers, loin s’en faut. Une preuve ? Dans la chanson-titre de Controversy, Prince s’interroge : “Suis-je blanc ou noir ? Suis-je hétéro ou gay ? Est-ce que je crois en Dieu ? Est-ce que je crois en moi ?”. En quatre strophes, Prince parle extase mystique, identité sexuelle et ethnique, et egotrip.
On laisse le dernier mot à Prince, qui s’exprimait sur le sujet dans une interview exhumée par Télérama, vendredi 22 avril 2016 et recueillie en 1998 :

Plus qu’un plaisir charnel, le sexe est surtout un lien spirituel… Enfin quand il est bien fait ! On peut dire tellement de choses dessus que le sujet paraît inépuisable et pourtant les mots ne parviennent jamais à le décrire parfaitement, à en exprimer la vraie nature. Prenez la chanson “Sexy M.F.” par exemple, si vous lisez entre les lignes, si vous mettez les paroles en perspective, vous vous apercevrez qu’au fond il y est question de monogamie. Idem pour “Pussy Control” qui traite en fait d’autodétermination… J’utilise la terminologie sexuelle parce ce sont des mots forts, qui frappent les auditeurs, mais très souvent la signification est toute autre.