Pourquoi l’existence des festivals français est menacée par le ministère de l’Intérieur ?

Pourquoi l’existence des festivals français est menacée par le ministère de l’Intérieur ?

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(Garorock © Jordan Beline / Konbini)

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Par Henri Margueritte

Publié le

Une mesure prise en mai 2018, quelques semaines avant le début de la saison des festivals, met en danger les festivals français.

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Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, vient de signer une circulaire qui prévoit de faire payer aux organisateurs de festivals le déploiement des forces de l’ordre sur leurs sites et aux abords. Une mesure qui oblige les responsables à prendre en charge de nouveaux coûts dans leurs budgets sécurité, menaçant ainsi l’équilibre de certains festivals.

Dans les grandes lignes, le ministère de l’Intérieur vise surtout à discerner les missions qu’il pourra facturer aux responsables, de celles que l’État devra continuer à prendre en charge. Mais dans une infographie élaborée à cet effet, on se rend compte que le ministère est prêt à prendre en charge une seule des huit missions qui seront potentiellement mises en place.

Outre le fait que les organisateurs de festivals seront presque seuls à payer ces nouvelles mesures, la mise en place de cette circulaire n’est pas la première fois que le budget sécurité augmente dans les festivals. Entre 2015 et 2016, en raison de la série d’attentats perpétrés sur le sol Français, il avait augmenté de 7 %. Une hausse justifiée qui avait déjà valu quelques remaniements budgétaires importants.

Le HuffPost indique que, depuis les premiers attentats, le festival des Vieilles Charrues a consacré 300 000 euros supplémentaires au budget qu’il allouait à la sécurité, amenant son budget sécurité à 1,3 millions d’euros. Ajoutant un système de vidéosurveillance, de nouvelles barrières ou encore des blocs de béton. Et les gros festivals ne sont pas les seuls à être concernés, les plus modestes devront aussi faire avec ces nouvelles mesures.

Mais derrière ces contraintes, la sécurité des festivaliers reste évidemment l’objectif premier des organisateurs. François Floret, le directeur de La Route du Rock, assure au HuffPost ne pas pouvoir “faire autrement”, pointant du doigt l’importance indiscutable de “garantir la sécurité du public”.

Une situation d’impasse

Par ailleurs, un fonds d’urgence d’une quinzaine de millions d’euros avait été mis en place en 2016, permettant aux festivals d’obtenir des subventions non négligeables. Les Vielles Charrues recevaient une enveloppe de 80 000 euros grâce à cela. Aujourd’hui passé à 4 millions d’euros, le fonds d’urgence sera toujours de mise cet été (avec de fortes baisses) mais ne sera pas reconduit en 2019.

Ce fonds d’urgence disparaît donc au profit de la mesure prise par Gérard Collomb. Une double peine pour Jérôme Tréhorel, le directeur des Vieilles Charrues qui voit en cette circulaire une véritable situation d’impasse. “On ne peut pas d’un côté ne plus avoir de fonds d’urgence sous prétexte qu’on n’est plus en état d’urgence, et de l’autre voir sa facture qui augmente”, s’inquiète-t-il dans un article du HuffPost.

Pour pallier cette hausse visiblement inévitable des budgets alloués à la sécurité dans les festivals, certaines billetteries ont décidé d’augmenter d’une dizaine d’euros leurs prix. Les Vieilles Charrues ont choisi de ne pas changer le prix de ses billets. Mais les principaux menacés par cette circulaire de Gérard Collomb restent les festivals les plus modestes. Dans son interview au HuffPost, le directeur de La Route du Rock ne se fait pas d’illusion : “la différence entre les gros festivals et nous, c’est qu’eux pourront rogner sur leurs marges alors que nous, ça nous mettra dans le rouge.”