On a rencontré Anna Leone, l’espoir folk venu tout droit de Suède

On a rencontré Anna Leone, l’espoir folk venu tout droit de Suède

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©Mica Elig

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Par Sophie Laroche

Publié le

Depuis la sortie de son premier single, “My Soul I”, Anna Leone, jeune Suédoise de 23 ans, est considérée comme une artiste folk à suivre de près. Alors qu’elle vient de sortir son premier EP, Wandered Away, on l’a rencontrée pour évoquer son parcours et ses inspirations, entre isolation créative et blockbusters motivants.

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Quand nous rencontrons Anna Leone, elle est de passage à Paris entre deux destinations et plusieurs live à assurer pour la radio. Malgré ses obligations nouvelles, la jeune femme ne semble pas stressée. Calme et assurée, elle évoque avec enthousiasme son futur, qui se dessine petit à petit devant elle, comme sa première date en tête d’affiche à Londres à la rentrée prochaine. “Cela représente une étape majeure pour moi”, explique-t-elle.

Il faut dire que les choses commencent à devenir concrètes pour la musicienne de 23 ans, qui signe avec Wandered Away son premier EP et ses débuts professionnels dans la musique. Originaire de Stockholm, d’où vient aussi la folk enchanteresse du duo féminin First Aid Kit, la jeune artiste, qui noircit ses carnets de morceaux mélancoliques depuis le lycée, n’a envisagé que récemment sa carrière en tant qu’artiste.

Désormais sûre d’elle et bien entourée, Anna Leone ne fait pas les choses à moitié et surtout pas dans la précipitation. Depuis la sortie de son projet, la jeune femme distille les interviews et performances pour prendre le temps de se trouver. Une patience et une discrétion rafraîchissantes dans une industrie qui va à cent à l’heure, que l’on a pu évoquer lors de notre entretien.

L’écriture en solitaire

C’est avec le single “My Soul I” qu’Anna Leone connaît son premier succès international. Encensé par les médias spécialisés comme The Fader ou Colors, le morceau pose les bases de l’univers de l’artiste. Une mélodie délicate et fragile composée à la guitare et inspirée de la folk qu’elle écoutait petite, accompagnée d’une voix maîtrisée qu’elle exerce depuis plusieurs années et de textes poétiques qui voilent volontairement les détails pour laisser la place aux émotions.

Quand on lui demande quelles sont les histoires qui se cachent derrière ses morceaux, Anna Leone ne souhaite pas vraiment s’épancher : “Je ne veux pas en dire trop à propos du morceau car je préfère que les gens l’écoutent pour ce qu’il est. Je mets des mots sur quelque chose d’intangible que je suis en train de traverser. C’est comme peindre un tableau de pensées.”

En sculptant les émotions plutôt que de donner dans l’explicite, sa démarche rappelle celle du groupe Beach House qu’elle affectionne tant. “Ce que j’aime à propos de Beach House, c’est leur capacité à créer une sorte d’univers autour duquel tu peux te perdre et je suppose que c’est l’objectif de mes morceaux”, confie-t-elle.

Pour mettre en relief les émotions qui la traversent et qui sont susceptibles d’égarer ses auditeurs, Anna Leone s’en tient toujours au même processus créatif. La jeune femme s’isole dans sa chambre avec sa guitare, faisant de la solitude sa source d’inspiration ultime. Elle explique :

“Je ne peux pas écrire à propos d’autres personnes pour le moment. Je puise mon inspiration dans mes propres pensées, et pour faire passer les émotions que je ressens, je dois être seule. Plus je suis isolée, et mieux j’écris.”

Mélancolie et blockbusters

Une isolation nécessaire que l’artiste met en avant dans ses visuels. Seule au milieu de l’immensité des paysages scandinaves ou des rues désertes de la banlieue de Stockholm, elle crée une œuvre contemplative et spleenétique. En observant la sensibilité qui s’en dégage, on ne s’attend alors pas forcément à ce que le cœur d’Anna vibre pour les blockbusters américains.

Et pourtant, la chanteuse trouve dans les films de super-héros ou de science-fiction une dose d’adrénaline suffisante à la motiver au quotidien :

“Je reçois tellement d’énergie de ces films – comme si tout était possible d’une certaine façon. Cela me donne beaucoup d’inspiration. Bien sûr, je pense que, pour pas mal de blockbusters, un soin supplémentaire devrait être apporté aux scripts, mais cela toujours reste juste super drôle. Récemment, j’ai vu Avengers: Infinity War et cela m’a étrangement donné foi en l’avenir. Ces films m’apportent du bonheur et de l’espoir.”

Écrire des textes de fiction n’est pour autant pas encore à l’ordre du jour pour l’artiste :

“Pendant une longue période, j’ai voulu être auteure de jeux vidéo juste pour pouvoir créer un autre monde. J’aime être créative avec les mots, arriver avec des histoires et des dialogues, mais je pense que concernant ma propre composition, c’est une approche très différente. Il s’agit plus d’une réflexion de ce que je ressens. Je ne me limite cependant pas à cela pour toujours, et je veux être capable d’aller au-delà de ça.”

Savoir prendre le temps

À 23 ans, la Suédoise sort son premier EP de cinq titres nommé Wandered Away, la consécration d’un parcours musical qui ne date pas d’hier. Il faut dire que, pour Anna, la musique est une affaire de famille. Depuis qu’elle est petite, c’est la musique anglo-saxonne qui résonne entre les murs du foyer familial.

“Nous écoutions beaucoup de vieux classiques comme Simon and Garfunkel, Earth, Wind and Fire, Bob Dylan… C’était génial d’avoir cette éducation musicale à un si jeune âge. On avait l’habitude de chanter tout le temps. Tout le monde chante à la maison et écoute beaucoup de musique.”

La grande sœur d’Anna a d’ailleurs évolué professionnellement au sein de l’industrie musicale, tandis que sa petite sœur essaye aujourd’hui d’apprendre ses morceaux. Pour autant, la jeune femme qui joue de la guitare et qui écrit depuis l’adolescence envisage de se professionnaliser sur le tard.

Désireuse d’avoir une certaine stabilité financière pour se consacrer à la musique, elle oscille entre jobs dans les grands magasins et écriture d’articles pour des sites spécialisés de jeux vidéo. C’est la signature avec son label qui lui permet de se consacrer presque exclusivement à l’écriture et à la composition de ses morceaux, qu’elle pensait devoir garder pour elle.

Ce temps d’affinage permet à Anna Leone de forger son univers, à la fois puissant et fragile, qu’elle continue de renforcer sans brûler les étapes et sans courir après les collaborations, préférant dans un premier temps se trouver elle-même avant de faire appel aux autres.

J’ai toujours senti que je fuyais les collaborations car j’ai, pour l’instant, l’impression que je m’exprime mieux toute seule”, nous explique-t-elle. Pour autant, la jeune femme n’est pas fermée. Elle continue :

“Peut-être que c’est quelque chose que je vais commencer à faire dans le futur, mais pour l’instant j’ai envie de faire les choses toute seule. J’ai l’impression que pour le moment, je dois me prouver que je peux faire les choses par moi-même. Il y a aussi le fait que je veux être la plus vraie possible dans ma musique.

Je ne veux pas être influencée par l’opinion des autres, même si j’aimerais travailler avec d’autres personnes créatives. Dans ce projet, j’ai le sentiment que j’ai besoin de dire ce que je veux dire et cela doit venir de moi. Avant de collaborer avec quelqu’un, je pense que c’est important de savoir ce que tu veux dire et d’avoir une idée de qui tu es, de quelles sont tes pensées et de comment tu veux les exprimer.”

La suite

Et la suite ? Anna Leone en est à la préparation de son premier album, dont elle commence à écrire les textes. En attendant, quelques concerts sont à prévoir en Europe, dont son premier show en solo à Londres. L’occasion de combattre la peur de la scène qu’elle avouait ressentir au tout début.

“Ce premier concert en tête d’affiche à Londres en septembre représente une étape majeure pour moi. Je n’ai pas tourné ou donné tant de concerts que cela pour le moment. J’ai toujours un peu peur de la scène, mais ça va de mieux en mieux.

Je pense que je ne suis pas aussi stressée que je pensais l’être car je suis plus excitée à l’idée d’être capable de réaliser ça. C’est une merveilleuse opportunité que de pouvoir jouer pour des personnes qui apprécient ma musique.”

Anna Leone se produira le vendredi 6 juillet prochain au Fnac Live Paris. Son premier EP Wandered Away est disponible depuis le 20 avril 2018.